L’agitation ne s’arrête pas. Il pensait bêtement que son intervention dans le quartier, auprès des cette foule réunie auprès d’une affiche, viendrait régler les rumeurs et murmures. L’ambiance, agité la veille par les prospectus, devient plus sombre, plus méfiante. Comme cela se fait-il ? La raison vient vite à ses oreilles, pendant qu’il essaie de profiter pour la deuxième fois de l’ambiance des quartiers de rue. D’autres individus ont agi, dans la journée même ou alors le lendemain. L’un aurait détaillé l’affiche, mais fait par de son inquiétude, préférant retirer celle-ci du mur. Un second aurait aidé gentiment le peuple à comprendre par un discours poignant. Enfin, un crieur fou a dévoilé plus que ce que le message placardé. Il semble que certains ne souhaitent pas que le calme, ou du moins, que le peuple reste ignorant de cette nouvelle. Fumiaki n’avait pas lu le contenu, plus énervé par le fait de ne pas profiter de ce pourquoi il est venu. Il lui faut donc des réponses, comprendre ce qu’indique réellement l’affiche. Hors de question d’aller en voir, cela ne ferait que contredire ce qu’il avait pu dire la veille. Non, il sait qu’on peut lui expliquer avec de vive voix, qu’un gentil monsieur peut bien faire ça pour lui.

En essayant d’interpeller des locaux, il peut sentir les regards noirs, voulant le voir fuir. S’il est vite désintéressé dans la vie, sa mémoire elle n’oublie pas, surtout pas des visages. Il reconnaît ces gens, qui étaient du groupe d’ignorant. La coopération n’est pas de vigueur, souhaitant plutôt le voir partir. Ne voulant pas créer davantage de tumulte, il repart sans rien dire, mais agacé. Il lui sort les gros yeux ? Quelque chose qui ne lui plaît pas, surtout par des simplets comme eux. Il se dirige donc vers un duo de garçon, plus jeune, mais tout aussi insolent quand il le voit approcher. Pourtant, la férocité de Fumiaki sur son visage fait fléchir ces esprits faibles. Il peut alors gentiment, avec un sourire malicieux, demander qui est l’un des parleurs. Avec peur et pleure, un nom sort. Un marchant des environs il paraît. Intéressant, il y a des gens cultivés dans les environs. Peut-être sera-t-il plus enclin à discuter avec le dessinateur ? De toute façon, il n’aura pas trop le choix vu l’humeur massacrante…

Il ouvre la porte brusquement, analysant l’endroit où il se trouve. Du poisson, encore du poisson et surprise, du poisson. Il y a le choix, c’est vrai, pas besoin de râler à ce sujet. Mais ce n’est pas l’étalage qui l’a fait venir ici. Il voit sa cible, qui ne manquera sûrement pas pour saluer son visiteur, enfin, si celui-ci n’était pas choqué par le physique impie ou méfiant à la suite de son acte de la veille. Ne voulant pas tourner autour du pot, il n’y va pas par quatre-chemins.

« Bien le bonjour cher marchand. J’avoue que je m’intéresse peu à vos marchandises, mais il y a des bruits qui courent dans le quartier, que je n’arrive pas à saisir. Moi, le pauvre artiste de rue, aimerait comprendre ce qui se passe. Je suis un peu énervé de la situation voyez-vous, alors excusez mon comportement aussi direct, mais mon moment de détente est en ce moment interrompu par toute cette agitation. Alors, peux-tu m’aider ? M’expliquer à quoi correspond les affiches et ce qui cause cette perturbation ? »

Il attend une réponse claire, il ne veut pas entendre son baratin qu’il vendrait à un banal citadin. Non, il faut que les points soient éclaircis. Mais qu’allait-il découvrir ? Dans quoi va-t-il mettre son nez ? Seul le marchand nous le dira… Shiro, le poissonnier, à ta plume.

L’ambiance est changée. Le propriétaire s’exclame gaiement, comme si rien n’était arrivé. Une double personnalité ? Peut-être bien, rien ne pouvait le dire réellement. La malice et le mal se sentait précédemment, mais là on a l’impression de parler à un vulgaire marchant, content de voir son client du jour. Soit, tant mieux, pas plus de complication à ce niveau. Ils vont donc pouvoir échanger normalement pour le peu qu’ils ont à se dire. Après tout, l’artiste ne cherche que des réponses, rien de plus, pour ne pas déranger plus que ça la clientèle, s’il y en a une. En ce qui concerne son explication sur ses relations, il faut avouer que Fumiaki s’en moque un peu. Pour ne pas vexer, il fait mine d’écouter un minimum, mais ses histoires l’intéressent peu. Il souhaite avoir ses réponses et point barre. Il quittera ce lieu à l’odeur marine aussi vite qu’il en saura plus. Malgré tout, il se voit encore poser une question. Loin de lui de replomber l’atmosphère enfin bonne, il s’efforce de jouer le mec sympathique.

« Ouai bien entendu. Faire tourner les gens en bourrique ou m’amuser d’eux j’adore. Après tu parles d’ami, mais tu te doutes bien que je n’en aie pas trop dans les environs. Les seules relations que j’ai, c’est du peintre à son public et à son client. Les gens ne m’aiment pas forcément et je n’aime pas les gens forcément aussi. Alors c’est cool non ? Ne te méprend pas, je n’ai rien contre les humains. On va juste dire que je n’ai pas forcément d’intérêt envers eux. Tout n’est que plaisir pour moi, alors je vis que de ce qui me plaît. »

Il espère ne pas davantage s’expliquer, sachant qu’il a déjà bien parlé pour une petite question de ce genre. Il espère éviter d’autres interrogations ultérieures, entravant sa quête d’information. Pourtant elle continue, voire même, la conversation est bouclée. Le corps est immobile, plus que surpris par la tournure des choses dans cette boutique. Depuis son arrivée, la situation avait pris des tournants, lui faisant perdre ses moyens maintenant. Que faire ? Quoi dire ? Forcer pour avoir les réponses ? Répondre et accepter la situation ? Lui foutre son poisson dans le c** ? Dans la gueule ? Les idées se multiplient et aucun mouvement n’est fait. L’air idiot, il répond avec le peu de cerveaux qu’il a.

« Euh oui c’était moi. Ba euh… Ok. Merci bien. A la revoyure alors. »

Poisson en main, il sort, quittant les lieux d’un visage figé. Les personnes le voyant ne peuvent comprendre ce qui s’est passé, tout comme lui ne saisissant pas ce qui vient de dérouler. Il rentre alors chez lui, espérant qu’un jour, il ait l’occasion de revoir ce marchant, pour avoir cette fois-ci les réponses. Enfin, il aura oublié d’ici-là…