L'avancée sournoise de la maladie infantile du Quartier des épices inquiétait le balafré. Au lieu de revenir tous les mois auprès des siens afin de prendre des nouvelles – ces derniers n'ayant pas été instruits aux lettres – Sadaharu avait raccourci le délai entre deux visites jusqu’à une grosse semaine maximum – et encore, c'était si ses travaux l'obligeaient à veiller tard le soir, et à sacrifier ses nuits, pour les achever. Ce jour-là, après avoir faire la découverte d'une affiche de propagande plombant son moral quant à la vie que menait les siens, l'alchimiste n'était pas d'une humeur radieuse. Vu le gaillard, ce n'était pas une surprise, mais tout de même, les retrouvailles avec sa famille avaient eu un jour tendance à le ravir. Qu'est-ce qui avait changé depuis tout ce temps ? Le monde s'était-il découvert de nouvelles teintes de noir, ou le cœur du gamin des rues avait-il oublié d'ôter ses couches pour l'hiver ?
Déambulant dans les rues familières de son enfance, toujours un peu plus sales que la veille, même si cela relevait toujours du miracle, Sadaharu sacrifiait sa vigilance pour naviguer dans ses pensées. Il avait parcouru ce chemin des milliers de fois, et le connaissait par cœur. Malgré la succession de commerces, fermant tantôt ses portes pour un sombre drame personnel, ou accueillant tantôt le foyer d'un incendie ravageant le pâté de maison, le labyrinthe peinait à se travestir. Toujours les mêmes têtes ; toujours les mêmes points d'intérêt ; toujours la même ambiance grisâtre empêchant toute fleur de s'épanouir, mioche compris. L'une des raisons pour lesquelles l'alchimiste avait fui ce trou à rats dès qu'il en eut l'occasion, emportant avec lui sa tendre amie Tomoe Mirai. Parfois, il regardait en arrière, et se rappelait les bons souvenirs partagés avec sa bande de potes – des gamins du quartier, tout comme lui. Mais étaient-ils encore en vie, depuis ce temps ? ... La Ceinture Noire avait sans doute fini par les assimiler.
Déambulant dans les rues familières de son enfance, toujours un peu plus sales que la veille, même si cela relevait toujours du miracle, Sadaharu sacrifiait sa vigilance pour naviguer dans ses pensées. Il avait parcouru ce chemin des milliers de fois, et le connaissait par cœur. Malgré la succession de commerces, fermant tantôt ses portes pour un sombre drame personnel, ou accueillant tantôt le foyer d'un incendie ravageant le pâté de maison, le labyrinthe peinait à se travestir. Toujours les mêmes têtes ; toujours les mêmes points d'intérêt ; toujours la même ambiance grisâtre empêchant toute fleur de s'épanouir, mioche compris. L'une des raisons pour lesquelles l'alchimiste avait fui ce trou à rats dès qu'il en eut l'occasion, emportant avec lui sa tendre amie Tomoe Mirai. Parfois, il regardait en arrière, et se rappelait les bons souvenirs partagés avec sa bande de potes – des gamins du quartier, tout comme lui. Mais étaient-ils encore en vie, depuis ce temps ? ... La Ceinture Noire avait sans doute fini par les assimiler.