Gérer un business n'est jamais de tout repos. Être aux commandes d'une équipe de bras cassés peut s'avérer parfois plus fastidieux que de faire la sale besogne soi-même. Et comme d'habitude, j'allais devoir m'y coller. Installé en terrasse, devant un bar répugnant, je participais à une partie de Saikoromeijin avec les quelques lascars à ma table. L'ambiance était de mise.
« SAIKOROMEI-, s'empressait de crier l'un de mes adversaires en jetant son dernier dé, lorsque soudain, une petite détonation se fit entendre, et un choc secoua la table juste assez afin de déstabiliser le lancer de dé. Ce dernier changea finalement de résultat au dernier moment. -jin... Eeeeeh ! Kurai ! Enfoiré ! Il me dévisageait, furax. T'essaies encore de me la faire à l'envers ?!
- Quoi, dis-je en tapant du poing sur la table. T'as quelque chose à redire, Renji ? »
Un silence ponctua ma réponse, tandis que nos regards s'obscurcissaient et que la tension montait. Cet enfoiré, toujours quelque chose à redire. S'il veut que je lui en colle une, je vais pas le manquer. Soudain, l'un de mes gars surgit de nulle part en hurlant.
« Kuraaaaai ! Kuraaaaai ! Je me retournai. C'est monsieur Takeda... Il a refusé de coopérer... On a essayé de négocier, tu nous connais... Mais il avait plus d'arguments qu'on ne l'aurait cru ! »
Je soupirai.
« Il a déjà envoyé deux de nos gars à l'hosto... On fait quoi maintenant ?
- Bon... Puisque vous êtes pas foutus de faire ce qu'on vous demande, j'imagine que j'ai pas bien le choix. »
Je me relevais lentement avant de m'étirer de tout mon long. En fin de compte, ça me fera pas de mal de me tirer de ce taudis et de me dégourdir un peu. Je me tournai vers Renji. « J'te laisse régler la note. », dis-je sur un ton provocateur. Je pris ensuite la route en direction de la boutique de ce fameux monsieur Tanaka. Takada. Ou bref, j'sais plus.
Me voilà désormais dans les ruelles de la Ceinture noire. Crades, sombres, nauséabondes comme à leur habitude. Et allez savoir pourquoi, j'adorais ça... Déambulant sans vraiment faire attention à ma route, je fixais les nuages et les laissais m'emporter avec eux dans des songes lointains. À tel point que j'en oubliais presque ma destination. À maintes reprises, j'avais manqué de me manger un poteau ou autre obstacle pouvant obstruer ma trajectoire. Je les avais toutes évitées de justesse, jusqu'à ce que...
Boom ! « Aoutch ! »
Ma tête se heurta à quelque chose, tandis que je scrutais quelque part au loin dans le ciel, sur ma droite. La surprise ainsi que la douleur me firent reprendre mes esprits. « Oooooh ! Tu peux pas faire attention où tu marches, abruti ? » Une réaction sanguine, que je devais à ces idiots qui me servaient d'hommes de main. À force de me mettre sur les nerfs, j'en viens à hurler sur tout le monde. Oh, et puis, il allait me servir d'échauffement, avant de tataner le cul de ce foutu monsieur Takado ! Je me retrouvais désormais face à un énergumène d'à peu près mon âge, peut-être un peu plus, et à la tête qu'il faisait, je sentais bien qu'un d'entre nous deux allait finir la tête éclatée contre le pavé.