Les plébéiens ne sont pas les bienvenues dans ce contrefort de la philosophie dominante.
L’opulence, en tout point, s’est donnée rendez-vous au sein même de la Loge de perfection. Seule l’élite est présente.

La luxure, une facette cachée de cette dynastie, s’est mêlée aux invités. Tous masqués, les nobliaux investissent la cour sous forme de cohortes éparses. Hautes comme basses sphères de la royauté se réunissent ici, pour le bal masqué mensuel.
Tous le savent, voilà l’occasion qui s’offre aux plus ambitieux pour se faire un carnet d’adresse conséquent. Économiste, politologue, marchands anoblis, guerriers des épreuves, le gratin d’Asatsuyu se retrouve pour vociférer sur cette hausse de la migration et la croissance démographique exponentielle. La Ceinture Noire massacre ce cadre de vie idyllique par sa simple présence...

La porte s’ouvre.

C’est un Yuugen tout de noir vêtu qui s’insère dans la foule. Bien que masqué, son individualité le rend reconnaissable aux yeux de tous. Le sous-noble, s’immisce pour la première fois dans ce genre de mondanité. Il n’avait jamais trouvé goût à se mélanger avec ses pairs plus purs que lui.
Hasard du destin oblige, l’arrivée du Chakra chamboula tous ses plans.

À la manière d’un dramaturge, il s’imagine les nombreux propos que les groupes peuvent se murmurer. Un sourire barre son faciès. L’attention doit être portée sur lui, les regards doivent le suivre. Susciter l’intérêt peur se faire de bien des manières et son égo infini ne lui permet pas de ployer le genoux ou de quémander une audience.
La foule ira vers lui.

Ses pas le mènent bien vite au centre de la réception. Son regard ambré se pose sur les bardes. D’un signe de sa sénestre, il les exhorte à lancer une mélodie légèrement plus dynamique, plus dansante.
L’heure des jérémiades a cessé. Son corps se tourne vers l’une des premières prétendantes de cette longue soirée. L’invitation est saisie. Les hostilités commencent tout juste.

Le philosophe lança un regard éploré vers sa mère, rayonnante dans sa longue robe rouge qui effleurait même le sol. Celle-ci, au milieu d'une conversation dont l'insipidité l'exaspérait, ne lui rendit qu'une expression triste, accompagnée d'un geste de la main dédaigneux pour lui faire signe d'oublier ses états d'âme pour la soirée. Elle savait ô combien son fils tenait ce genre de réceptions en horreur et, pourtant, ils étaient bien obligés d'y assister. L'absence de la sœur d'Izaya et de sa descendance dans la Loge de Perfection aurait immédiatement été remarquée, elle le savait et ne pouvait en aucun cas envoyer de tels signes à tous ces vautours qui n'attendaient que de lui arracher sa place. Par devoir, donc, elle jonglerait de conversations en conversations jusqu'à ce qu'elle ne découvre parmi les invités un esprit rare et digne de l'occuper le temps d'une soirée.

Sensai, lui, avait des difficultés à mettre son ennui de côté. S'il appréciait habituellement la compagnie des membres éclairés de sa famille, ce genre de manifestations mondaines leur faisait perdre toutes leurs saveurs. C'était comme si, cachés derrières leurs élégants masques noirs et leurs costumes taillés, les élites intellectuelles de ce monde recouvraient également leur esprit d'un voile opaque et impénétrable, pour ne se cacher dès lors que derrière des conversations banales et intéressées.
Lui-même était paré d'un ensemble brun qui lui allait à la perfection, taillé sur-mesure par les plus grands artisans du clan. Rien ne le distinguait plus alors des autres nobles de sang pur, lui qui ordinairement préférait la simplicité à l'opulence et le silence à la musique orchestrale. Il se contentait alors de sourire poliment à celles et ceux qui venaient le courtiser, la plupart sans même essayer de le cacher. En effet, de par son statut, l'érudit jouissait pendant ces soirées d'une hausse spectaculaire de sa popularité, lui donnant parfois l'impression d'être le célibataire le plus en vue de la cité. Toutefois, les flatteries avaient l'habitude de le gêner plus que de ne l'émerveiller et, par conséquent, ces interactions se terminaient souvent par une fuite maladroite. Heureusement pour lui, par un phénomène chimique étrange et pourtant inexorable, tous semblaient à nouveau oublier l'existence du neveu du Seigneur dès le lendemain.

Un verre de liqueur dans la main gauche, la tige de son masque dans la droite, le brun serpentait entre les invités pour rejoindre le centre de la salle principale, dont certaines des sculptures avaient été déplacées pour l'occasion. Rien n'avait été laissé au hasard dans la préparation de cette charmante réunion de la noblesse, à tel point qu'aucun des grands murs n'avaient été laissés vides mais, au contraire, étaient ornés des œuvres des artistes les plus reconnus – mais pas toujours talentueux, malheureusement -  de tout le quartier des arts. Sur les tables étaient disposés des vases parmi les plus chers de ce qui se trouvait sur le marché et, à l'intérieur, des réserves des alcools les plus raffinés.

Il rejoignit bientôt le cœur de la fête où les corps les plus échauffés dansaient langoureusement, dans une fusion si parfaite que la masse ne semblait être devenue qu'une sous les impulsions du rythme des bardes. Sensai, envoûté par la mélodie presque mythique qui s'y jouait, fut pris d'une envie brûlante de rejoindre cette chimère créée des corps entrelacés de ses pairs. Ses pas semblèrent l'emporter malgré lui vers cette scène prodigieuse dont il avait pour la première fois envie de faire partie, avant que son puissant esprit ne soit vivement rappelé à la réalité.
Les bardes, pour une raison qu'il ignorait, avaient désormais abandonné leur mélodie magique pour entamer un morceau qui convenait plus à la foule, échauffant les quelques timides qui, jusque-là, s'étaient retenus de danser. Une nouvelle atmosphère prit le dessus sur la précédente et, le philosophe, désappointé, revint sur ses pas tristement.

Un nouveau couple semblait désormais occuper le centre de l'attention. L'un d'eux était, d'après deux charmantes jeunes femmes qui se tenaient à droite du descendant Kenchikuka, celui qui avait lancé cette effervescence en exigeant ce changement de musique. Masqué, tout de noir vêtu et de dos, il ne parvint pas à le reconnaître. Il s'approcha alors de nouveau, intrigué. Il y avait quelque chose de frustrant à ne pas savoir, de presque dérangeant.
La musique s'arrêta quand il arriva à son niveau. Il fit poliment signe à la demoiselle de s'écarter et d'aller remplir sa coupe de l'un des breuvages alcoolisés qui avaient été mis à disposition par sa famille. Tournant désormais son regard vers l'homme, il retirait lentement son masque avant de lui tendre sa main de manière amicale. Il reconnut immédiatement la marque qui était dessinée sur son visage.

- Tsukuri Sensai. Je ne pensais pas vous voir ici, dit-il à celui qu'il connaissait de vue. Il n'avait pas le souvenir d'avoir déjà aperçu ce grand esprit participer à un spectacle si extravagant.

— Père, mère. Le bal à lieu ce soir. Je connais votre aversion pour cette soirée où l’homme laisse son côté animal prendre le dessus sur sa réflexion. Toutefois, il est en mon devoir de rendre les lettres de noblesses à ceux qui m’ont engendré.
— ...
— Yuugen, n’apporte pas plus de honte à notre famille qu’elle n’en possède actuellement.
— Mère. Je ne vous laisserai pas vous apitoyer sur votre sort. Ni même prendre en considération les propos de ceux que je détrônerai.
— Yuugen... Comptes tu y arriver, réellement ?
— Père. Votre sang coule en mes veines, Shinryo ou non. Branche vassale ou non des Kenchikuka, personne n’est en mesure de me rabaisser tant que votre sang si pur circule en moi. Quant à vous mère... Vous avez, certes, perdu votre rang de noblesse depuis votre union avec père... Mais ce n’est pas une raison pour laisser Damoclès et Destin décider de notre sort.
— ...
— ...
— Le clan sera unifié. Le village aussi. Bientôt les pays tomberont sous la coupe d’Asatsuyu.


Le cygne noir virevolte parmi cette assemblée de cygnes immaculés. Son corps se synchronise sur la mélodie, ses pas sont contrôlés à la perfection. Un rictus ne quittera pas son visage durant toute la danse.
Les iris ambrés du sous-noble s’enfonce dans ceux de la courtisane. Un regard noir, sombre, où aucune joie ne se diffuse. Ses paumes se posent sur ses hanches. Il mène le rythme, dominant totalement sa partenaire. Son souffle chaud épouse le début de sa nuque naissante.
Le serpent se joue de son Ève du jour. Toutefois, avant que le péché originel ne soit commis, son Adam arrive.

Libérant son étreinte sur sa proie, Yuugen relève sa tête vers le nouvel arrivant. Son masque choit. Le neveu du Seigneur s’est donné la peine de se présenter. Dans d’autres circonstances, sa main n’aurait récupéré qu’un simple refus. Le contexte ne le permit pas. La poignée de main eut bien lieu. Toutefois son masque ne quitta pas son emplacement. Aucune raison pour lui de l’ôter, sa marque jouait le rôle de phare en pleine pénombre.

— Shinryo Yuugen. Vous venez de m’ôter d’une bien belle ouaille, Dauphin.

Le Tsukuri est connu des hautes comme des basses sphères du clan. En effet, ce Sensai n’est ni plus ni moins qu’un futur politicien – selon les dires. Le genre de concurrent que notre Ambitieux prend plaisir à briser de par sa réflexion soit-disant implacable.

— Que fait le Sérénissime dans un lien si abjecte où l’intelligence n’est reléguée qu’au dernier plan ? Je suis déçu. J’en attendais plus de la part d’un futur prince.

D’un simple geste de sa dextre, notre protagoniste invite l’augure à le rejoindre, un peu plus loin à l’écart des hommes.

Le garçon à l'étrange marque lui saisit la main, mais ne se dévoila pas. Ce léger manque de considération, en apparence anodin, fit froncer les sourcils du Tsukuri. Lui qui n'aimait pourtant pas jouer de son rang n'appréciait guère qu'on ne lui ait pas rendu la faveur de découvrir son visage. Il n'aimait pas entretenir de conversations déséquilibrées, mais ne souhaitait pas non plus subir l'outrage de se couvrir à nouveau. Il ne voulait surtout pas légitimer ce comportement puéril.

Le noble ne réagit pas à la lamentation de celui qui lui faisait face. Le jeu de séduction qui s'opérait entre ces murs ne pourraient pas moins l'intéresser. La femme qu'il épouserait, quand il la rencontrerait, serait le cerveau le plus brillant qu'il puisse trouver au sein de sa famille. Or, qu'irait faire un si parfait esprit en cette occasion outrageante ? Le célibat n'était en rien une raison pour s'abaisser au plus bas niveau, même au sein de la noblesse.

Il tiqua toutefois à la remarque suivante. De quelle insolence faisait donc preuve cet homme, qu'il était venu si gentiment saluer ? Son arrogance était parmi les plus détestables qu'il eut l'occasion de rencontrer – et c'était beau dire au milieu de cette assemblée d'hypocrites. La noblesse avait toujours été comme ça, lui aussi avait ses mauvais côtés, mais ses pairs avaient généralement tendance à masquer ce défaut quand ils lui parlaient. Sensai était un supérieur parmi les supérieurs, aussi s'attendait-il à ce qu'on le traite avec toute la déférence qui lui était due.

- Ne m'appelez pas ainsi, je vous prie, dit-il simplement avant de le suivre un peu en marge des festivités. Il le suivit plus par politesse que par réelle volonté. Combien de temps encore devrait-il endurer la pénible compagnie de ces nobles avant que les lumières ne s'éteignent ?

De ce qu'on lui avait raconté, ce Yuugen était un esprit particulièrement brillant. Il s'était fait remarqué plusieurs fois pour ses traits d'esprit et ses connaissances fondamentales. Ce n'était pourtant pas l'image qu'il lui renvoyait ici. L'érudit aurait aimé s'adresser à un pair, mais il semblait bien qu'aucun dans cette salle ne pouvait prétendre à ce titre.

- Je viens pour me vider l'esprit, comme tout le monde ici. Pourtant, si vous voulez mon avis, certains devraient essayer de le remplir avant de s'efforcer à le vider. Il soupira. Enfin bon, si vous êtes là, vous aussi, c'est que vous ne deviez rien avoir de mieux à faire, je me trompe ?

Il s'exprimait de manière calme, presque amicale, bien qu'il était évident pour tous que ce n'était pas de l'affection qui transparaissait dans ses paroles. Heureusement, là où ils étaient, la musique était moins dérangeante. Les invités, eux aussi, paraissaient plus calmes et disciplinés. Juste à côté d'eux se trouvait un grand buffet couleur ébène, sur lequel étaient exposés de délicieux amuse-bouches préparés par les traiteurs du quartier des épices. Sensai attrapa ce qui ressemblait le plus à un soufflé au poulet, puis le porta à sa bouche délicatement.

Un soupire brisa le retour du silence. Celui de Yuugen. Une conversation futile et vide de sens fut sur le point de se dérouler sous ses yeux.
Simple spectateur de cette mise en scène, l’apprenti dramaturge, reclus sur ce buffet n’eut plus le besoin de jouer ce rôle. De sa sénestre, il se saisit du masque noirâtre.

Le regard ambré, toujours arrogant, se posa sur le béni.

— Cette partie des Tsukuri ne vaut guère mieux que la plèbe. Le bal n’est finalement qu’un catharsis sans saveur. Il est évident que nombreux d’entre nous cache leur déception. Hmmm... Nous faisons honte à nos ancêtres qui n’ont presque pas eu la chance de survivre hors de la Vieille-Ville.

Une amère réalité que très peu partagent. Si Rodin était encore vivant de nos jours, il n’aurait jamais permit ce genre de frivolité.
Tout en pointant la masse informe de nobliaux à quelque mètres d’eux, l’Ambitieux repris.

— Voilà pourquoi nous nous limitons à cette simple acropole. Le clan mérite et vaut mieux que cela. Se forger un carnet d’adresse et d’autres contacts en suivant la voie de la débauche... Seul un ignare pourrait y plonger tête baissée... Et pourtant voilà maintenant plusieurs décennies que cette mondanité viciée occupe une place plus qu’importante.

Inutile de jouer à la jeune brebis. Tous deux sont des loups se jouant de ces pondeuses. Les deux hommes, bien que diamétralement opposés, partagent la même vision des choses de ce monde décrépit et en perdition.
Une nouvelle page de l’histoire doit être écrite et au plus vite.

— Nous sommes les plus à même pour diriger les communautés au sein d’Asatsuyu... Toutefois nombreux devront être congédiés. Choisir un héros depuis nos entrailles, le plus à même de représenter notre culture... Et de s’adapter au bas-peuple. Lui-même est en proie à la criminalité.

Son sourcil s’arque.
Yuugen attend une réaction bien précise de la part de son interlocuteur. Pourquoi changer de comportement si rapidement ? Une question qui est laissée en suspens de manière volontaire. Sensai devait lire entre les lignes.

— Au diable ce genre de réunion culture inutile. Elle n’apporte rien si c c’est la fuite de nos cerveaux.

L'érudit manqua de s'étouffer avec son soufflé au poulet. "Nous sommes les plus à même pour diriger les communautés au sein d'Asatsuyu". Quel toupet ! L'arrogance de cet homme n'avait-elle donc aucune limité ? Il connaissait le caractère hautain de la plupart de ses pairs, mais il ne pensait pas pouvoir trouver quelqu'un d'aussi méprisant en dehors de la lignée principale. Que ce soit à l'encontre de la masse ou même des autres Tsukuri, le garçon semblait empli d'un tel mépris qu'il fit frissonner le philosophe. Il était également habité d'une telle ambition ! Aucun doute, il pourrait être un danger à l'avenir.

- J'avoue n'avoir jamais trouvé mon compte à ce genre de bals. Toutefois, certaines traditions ont la vie dure… Il ne releva pas la réflexion qui avait été faite sur la plèbe, malgré son envie de s'offusquer. Les hommes aussi sûrs d'eux étaient bien souvent les plus fermés, tenter de changer leur vision serait aussi vain que d'enseigner l'art de la dissertation à un enfant.

L'homme avait toutefois raison sur certains points. La majorité des nobles présents ce soir étaient venus pour se montrer, se faire connaître et rencontrer les figures majeures du clan. Or, Sensai avait le malheur d'en faire partie. Mais, n'était-ce pas exactement ce que ce Yuugen était en train de faire ? Cette idée fit sourire le brun, qui se retint toutefois de faire la moindre remarque désobligeante. Il était bien trop poli pour cela.

- Je ne peux qu'être d'accord avec vous sur une chose : l'homme qui dirige les Tsukuri se doit de véhiculer leur culture sans oublier les masses. Il doit être familier avec notre histoire et nos racines pour les faire perdurer. Il marqua une pause. Ne voulant pas offrir une trop grande satisfaction à l'homme à la joue marquée, il ajouta finalement une dernière remarque. Je trouve qu'en cela, notre Seigneur Izaya et son fils sont les mieux placés. Ce sont des hommes d'une grande culture et de grande bonté.

Lui, par exemple, n'était que bien trop peu intéressé pour développer en lui une quelconque envie de diriger, et il le montrait. Il se sentait bien sûr concerné par les décisions prises à l'hémicycle, mais sa priorité n'était pas aux discours des démagogues. Or, il lui semblait que celui qui lui faisait face en détenait toutes les caractéristiques. Il aurait besoin d'un peu plus de temps pour apprendre à le connaître et, peut-être, même s'il en doutait, pour l'apprécier. En attendant, il choisit d'être ouvertement condescendant.

- Malheureusement, je me vois forcé de rester ici un peu plus longtemps, les apparences obligent. Toutefois, si cette fête vous est tant insupportable, vous ne devriez pas vous infliger cette peine plus longtemps.

Un râle d’agonie.
Son homologue manquait de profondeur. Tout dans ce que son caractère transpire semble étiqueté par la morale bien-pensante du clan. Il lui manquait une touche de perfidie, de malice vicieuse et insidieuse.
En tant que joueur d’échec et serpent avide de péché, Yuugen laisse son esprit s’imaginer mille et une façon de corrompre l’immaculée conception.
Amer constat, Sensai manque de saveur.

Sa première réaction quant à ses prises de positions extrêmes ainsi que son absence de répondant réussirent à lui arracher un rictus.

— Cesse de t’en faire petit homme. Je ne convoite pas le trône de mes aïeux. Izaya et son fils mènent la barque avec brio. simple haussement d’épaule Ce sont nos mondanités qui nous rongent de l’intérieur. Ne finissons pas comme les Kaïto...

Shinryo est ce genre d’homme dansant entre plusieurs positions sans jamais révéler ses véritables intentions. Il joue et s’amuse de chaque situation, tirant profit de tout ce qui peut tomber sous sa senestre. Un vendeur de chaos, qui cherche toutefois à l’unifier. Un paradoxe vivant.

— ... Mais il est évident que les Tsukuri ne seront régner sur cette masse de plébéiens informe. Les habitants de la Ceinture Noire représente la sous-culture de notre nation. Ainsi, je n’aime pas les ignares, mais j’estime qu’ils seront, un jour, en mesure d’accroître leur intellect. Ainsi, ils se rendront compte d’eux même que nous sommes les plus à même de guider ces ouailles... En attendant; nous n’avons qu’à les prendre sous notre giron le temps que la magie opère.

Son sourire ne désemplit pas. Il jubile de cette tirade montrant toute la noirceur et l’entendue de son âme. Son ambition dévorante ne souhaite pas le clan, ou le village. Il souhaite tout conquérir et à la fois ne rien avoir. Éduquer le peuple et à la fois le rabaisser plus bas que le terre. Ce que les gens qualifient de Bien ou de Mal luttent en lui pour former une nouvelle vision des choses. Un Gris irascible qui se moque de tout. Un électron libre, chaotique qui s’amuse de tout.
Il n’a nul besoin de se cacher ou de cacher ses desseins et il le montre bien.

— La bonté, en ce bas monde, revient à donner de la confiture aux porcs. Ils ne la méritent pas encore. Parfois, le philosophe doit se confronter à la vérité des choses et ne pas la fuir derrière de nombreux prétextes façonnés de toutes pièces.

Il est temps de rentrer dans le vif du sujet.
Inutile de fuir la confrontation ou la condescendante de son homologue. Deux faces d’une même pièce, l’une propre, l’autre salie par le temps et les aléas de la vie. Une rencontre parfaite caractérisant les deux côtés du clan.

— Au contraire. Bien que je ne l’apprécie guère, il m’est obligatoire de rester. Comment saurai-je qui sera en mesure de sortir du lot si je ne participe pas à ce genre de calembours ? Il est de mon devoir d’en profiter. Finir dans les petits papiers des puissants, comme l’homme capable d’une pléthore de prouesse et n’ayant pas peur de se salir les mains... Si tu vois ce que je veux dire, le Sérénissime.