Auri sacra fames Contrat personnalisé de rang BOuvrir

Tout commence par le craquement d’une allumette, une chaude lueur qui rayonnes et illumine le visage du Shinnin. Cette lumière qui s’estompe peu à peu, à mesure que celui-ci allume une cigarette, reflètes bien l’ambiance du quartier. Les ruelles sont sombres, froides et silencieuses, chacun vaque à ses occupations, sans se soucier de ce qu’il se passe autour.  Accoudé au petit comptoir d’une échoppe, Seijaku s’évade le temps d’un instant, sirotant goulûment son breuvage alcoolisé. Quelques notes de cannelle viennent égayer ses papilles, des goûts que l’on ne retrouvais qu’ici, dans le quartier des Epices.

Son regard se perd. À droite, des vendeurs ambulants, à gauche, des jeunes jouant au cartes, misant le peu de wen qu’ils possèdent… et lui, dans tout ça, il était là. Son apparence ne reflétait que très peu son environnement, on pouvait même dire qu’il contrastait avec l’ambiance générale, cependant, s’il y avait bien quelque chose qui le rattachait à tout cela, c’était le symbole du clan, preuve qu’il était bien à sa place, parmis les démunis.

Ses yeux azurés naviguèrent, jusqu’à ce qu’il finisse par les arrêter sur un chariot, remontant la rue principale et escorté de quelques gros bras. Au premier coup d’oeil, il n’avait rien d’étrange, si ce n’est que ce n’était pas le premier, ni le deuxième à remonter la rue de cette façon. Ce qui attira également l’attention du propriétaire des lieux. « Oh, si vous voulez mon avis, quelque chose d’étrange est en train de se produire ! »

Vaquant à ses occupations, le tenancier avait lâché cette phrase en soupirant, comme si cette dernière sonnait comme un ultime coup dur pour les habitants d’ici. Intrigué, Seijaku termina d’une traite son nectar, avant de redemander un autre verre. « Ce n’est pas le premier qui remonte la rue, je me demandes ce qu’il transportent. »
▬ « Du fer, et en grande quantité ! » Rétorqua le tenancier, en versant un liquide clair dans une petite coupe. « Ça dures depuis des jours et pas mal de rumeurs circulent à ce sujet... »
▬ « Des rumeurs ? » Reprit Seijaku, tirant une latte sur son bâton de cancer. « Quel genre de rumeurs ? »
▬ « Oh, mon bon monsieur, ces rumeurs ne sont que le fruit d’une oreille qui n’avait rien à faire ici. » Un sourire s’était incrusté sur le visage du tenancier.
▬ « Oden… tu es bien trop gourmand. » Répliquait le Shinnin, décrochant un sourire à son tour.
▬ « Il faut bien faire tourner la boutique, n’est-ce pas ? » il déposa quelques tranches de poisson fumé à côté du Mercenaire et se retourna pour vaquer à ses occupations.

Seijaku dégaina une pièce qu’il lança a Oden, qui la rattrapa sans même regarder. Et immédiatement après, le Tenancier déclarait : « J’ai entendu dire que des grosses sommes étaient en jeu dans ce trafic de fer… Je ne sais pas d’où il proviens, mais je sais qu’il voyage actuellement au quatre coins du village. » L’assiette et le breuvage déglutit, le Shinnin se leva, lançant une ultime pièce au tavernier, qui ajouta « Tu devrais tenter de suivre ces chariots, peut être qu’ils te permettront de trouver ce que tu cherches... »
▬ « Oh, mais je ne cherches rien... » Répondit Seijaku, qui s’en allait au loin.
▬ « Bien sur, bien sur… Fais attention, Seijaku, cette histoire ne me dit rien qui vailles. »

Sa clope au bec, il remontait la rue en suivant de près les convois, afin de connaître la provenance de tout ces chariots. D’où pouvaient ils bien aller et venir de la sorte ? Pas de la ceinture noire en tout cas, c’était bien trop soudain comme apparition, même pour un coin aussi malfamé. De plus, le fait qu’ils s’étendent au quatre coins de la ville n’aidait pas à se faire une idée quant à la provenance, Tsukuri ? Non, autrement impossible que le clan n’en aie pas eu vent et bien qu’il n’était pas aussi en place qu’il l’affirmait, impossible qu’une telle information ne lui ait échappée.

Talonnant discrètement le convoi, il espérait tomber sur l’endroit où tout ce fer serait entreposé, de là, il pourrait remonter directement à la piste des acheteurs… et si comme Oden l’avait dit, et que de grosses sommes étaient en jeu, il pourrait marquer d’une pierre blanche son entrée dans les têtes de tout ceux du clan.

Toujours en filochant, il n’hésitait pas à s’arrêter lorsque cela était nécessaire, ne serait-ce que pour marquer un peu de distance avec le chariot. Il faut dire que l’escorte était assez à l’affut, se retournant de temps à autre pour s’assurer de ne pas être suivis. Fort heureusement pour lui, ils ne semblaient pas être dotés du même don que ce dernier, autrement, la partie aurait pu être relativement plus compliquée.

Ce n’est qu’après une heure de traque qu’ils finirent par s’engouffrer dans une ruelle, l’heure de vérité pour Seijaku qui accéléra la cadence afin de ne pas les perdre. Il se plaçait au croisement, dos au mur, son visage dépassant légèrement afin de pouvoir jeter un œil sur ce qui se passait.

« Ils vont faire quoi avec tout ce fer ? » Demanda l’un des gardes
▬ « Fermes là, et avance. » Rétorquait le second, jetant un coup d’oeil à droite à gauche. « On sait jamais qui peut écouter dans ce taudis. »
▬ « Ironique de cacher tout ça ici, imagine si ces rats de bas-fonds mettent la main sur tout ça, qui sait, peut être qu’ils deviendraient aussi riche tout les autres ! »
▬ « Pfeuh, encore faudrait-ils qu’ils ne soient pas en train de comploter entre eux… ces rapaces. »

Arrivé face à une petite porte, sans poignée, ou seul un œillet de taille démesurée se situait, tous deux restèrent silencieux… puis soudain, devant eux, le mur s’écarta, sans faire trembler quoi que ce soit dans la rue, comme si un mécanisme obscur le permettait.

Avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, le mur se referma, laissant Seijaku seul, face à celui-ci, avec un nouvel obstacle à surmonter.

« Décidément, ils n’ont pas l’air de vouloir m’aider sur ce coup là. » Déclarait le Shinnin, craquant une énième allumette, afin d’allumer une cigarette.

Il sentait bien qu’il ne faisait qu’effleurer la surface du problème, mais, son flair lui laissait présager qu’il était sur la bonne voie… maintenant, il ne restait plus qu’à choisir la marche à suivre. Mais, il était difficile d’imaginer qu’un simple mur allait le retenir bien longtemps.

Mains dans les poches, il rebroussait chemin, mais à la place de s’enfoncer dans la route principale, il s’engouffra plus profondément dans le ghetto. Car s’il y avait bien quelqu’un capable de le débarrasser de ce nouveau problème, c’est bien dans les coins malfamés qu’il les trouverait.

▬▬▬▬▬ Quelques temps plus tard... ▬▬▬▬▬▬

La faible lueur d’une lanterne à huile, crade, datant de l’ancien temps, illumine la pièce d’une lumière sombre. Assis derrière un bureau crasseux, un homme empile des wèn, les comptant un par un, en veillant au grain à ce qu’il n’en manque qu’un seul. Personne n’osait le déranger lorsqu’il était occupé, certains craignaient de recevoir les foudres de sa colère… enfin, certains, mais pas Seijaku. D’un coup de pied dans la porte, il ouvrait celle-ci. Venant se fracasser contre la façade du mur, il pénétra dans la pièce tandis que la violence du coup fit tomber les pièces empilées.

« Toi… je t’avais pourtant dit de ne plus jamais revenir ici… LES GARS ! » Hurlait le patron, se levant en trombe de sa chaise tandis que son gros ventre faisait basculer le peu de wèns encore restant sur la table. « Seijaku est revenu ! Venez lui faire sa fête ! »
▬ « Allons allons, Budô, restes tranquille tu veux. » Reprit Seijaku. « Tes gars sont parti prendre un verre chez Oden… à mes frais, bien sûr. »
▬ « Que le diable m’emportes, j’peux te dire qu’ils retrouveront plus un seul travail dans la ceinture noire ! » Il pesta comme ça pendant quelques temps, et lorsqu’il retrouva enfin un semblant de calme, il se tourna vers Seijaku. « Et toi, qu’est-ce que tu veux ? Et n’ose même pas me demander un petit service, la dernière fois ça a bien failli me mettre sur la paille ! »
▬ « Eh bien, Budô, aussi étrange que cela puisse te paraître, tu vas devoir me rendre un petit service… encore une fois. »

Un tabouret vola droit en direction du visage du Shinnin, qui esquiva d’un simple mouvement de tête, l’objet alla se briser contre le mur et fit voler des éclats de bois dans toute la pièce.

« Budô… voyons, ce ne sont pas des manières ! N’oublies pas que tu m’en dois une pour la dernière fois. »
▬ « Au diable toi et tes manières ! » Renchérit Budô. « Tu comptes me la ressortir à chaque fois que tu auras besoin d’un travail gratuit ? »
▬ « Je peux toujours aller voir Jin et lui parler de l’eau croupie… à cause de ta petite fabrique. » Lâchait sèchement Seijaku, en expirant la fumée de sa cigarette.
▬ « Bien, bien… qu’est-ce que tu veux ? » grognait Budô, installé derrière son bureau. « Encore un sale boulot, j’imagine… toujours à vouloir zoner dans le ghetto. Tu ferais un malheur chez les richards toi. »
Un sourire se dessinais sur le visage de Seijaku, ses yeux brillaient d’une lueur intense ; et tandis qu’il écrasait sa cigarette… il lança en guise d’ultimes paroles.

« Oh, tu me connais Budô, je ne fais que dans le sale boulot. »

« C’est ici ? » Demanda Budô, cigare à la main. « J’aurais pourtant juré ne jamais avoir vu ce bâtiment auparavant ; et tu dis qu’ils sont nombreux là-dedans ? »
▬ « Deux gros bras, mais j’imagine qu’il ne sont pas seuls, aurais-tu peur ? » Reprit le Shinnin, expirant une bouffée de tabac.
▬ « Tu ne perds rien pour attente, la prochaine fois que tu oses revenir me demander quelque chose je te promets que tu vas payer, et très cher ! »

Les sbires de budô déposèrent deux gros barils contre le mur en prenant bien garde à ne pas se montrer face à l’œillet ; et immédiatement après, tracèrent une ligne de poudre noir remontant jusqu’au reste de la troupe, située à quelques pas du lieu sous le porche d’un bâtiment. L’on y comptait une dizaine de loubards, en comptant Seijaku et Budô, ils étaient douze, ce qui devrait être suffisant pour couvrir les arrières du mercenaire si jamais ça venait à dégénérer.

« Ne t’en fais pas Budô. » Renchaîna Seijaku. « Je compte bien faire de toi un homme riche ! »

Et tandis qu’il jeta sa cigarette sur la trace de poudre, celle-ci se mit à pétiller d’étincelles, s’embrasant dans un crépitement infernal tandis qu’elle serpentait en ligne jusqu’au barils. Dès lors que la poudre embrasée entra en contact avec celles contenue dans les tonneau, un bruit assourdissant retentit dans la rue. Une explosion au souffle inégalé, arrachant le mur, ainsi qu’un bout de la ruelle, le tout dans un fracas incroyable. Le souffle de l’explosion avait fait exploser toutes les fenêtres aux alentours et tandis que les lumières s’allumaient au diverses fenêtres du ghetto, l’on pouvait entendre Budô.

Riant de tout son âme, celui-ci vantait les mérites de sa poudre ! « Tu vois gamin ? Ça c’est ce qu’on appelles de l’explosion ! Hahaha ! » Il se tournait en direction de Seijaku, puis de ses gars, et continua. « Alors, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? En avant ! »

Hochant la tête, Seijaku prit les devants, s’enfonçant en premier dans la bâtisse, quand soudain, le fil d’une lame vint lui frôler la joue. S’il n’avait pas reculé d’un pas en arrière a ce moment là, sa tête ne serait plus qu’un morceau de corps gisant au sol. Fort heureusement pour lui, il n’était pas seul ce coup là.

Tandis que le prochain coup d’épée de son assaillant se vit bloqué par la lame d’un kunaï allié, le Shinnin recula d’un pas, et effectua une série de mudras. Visualisant la scène d’un bref coup d’oeil, Seijaku put apercevoir, en hauteur, un des assaillant en train de soulever une lourde pierre, une cible de choix pour Seijaku qui fit jaillir de son avant bras une chaîne qui vint se nouer autour du pied de sa proie, la faisant chuter d’un étage en plus de recevoir la lourde pierre sur les côtes.

L’agitation battait son plein, les coups s’échangèrent à droite à gauche et très vite, le faible nombre de trafiquants de fer se fit réduire a un seul homme, caché sous la toile d’un chariot. Sorti de sa cachette par les sbires de Budô, celui-ci se fit jeter aux pieds du représentant du clan Shinnin.

Le toisant du haut de son mètres quatre ving dix, Seijaku fit tomber les cendres de sa cigarette droit sur l’épaule du captif… Désormais, c’était le moment de vérité, le moment où il allait apprendre d’où provenait tout ce fer caché ici. Et vu la quantité, ça ne présageai rien de bon.

« Dis moi tout ce que tu sais à propos des quantités de fer qui transitent au quatre coin du village… ne t’avises pas de me mentir, pour ce que vous faites au quartier, je me ferai un malin plaisir de jeter ton corps au fond d’un puits moi même. Tu vas également me dire où se trouvent les autres cachettes de fer du quartier des épices.»

Alors que les cris des sbires de Budô se faisait entendre dans la ruelle, Seijaku prit conscience que les sbires du Gardien n’allaient pas tarder à débarquer… et d’un côté, c’était ce qu’il voulait, s’il attirait l’attention de la triade sur cette affaire, nul doute qu’ils n’oublieraient pas son nom de si tôt.

Écrasant sa cigarette au pied de contrebandier, celui-ci déclarait. « Bien, vous ne m’êtes plus d’aucune utilité. » Son regard se tournait désormais vers les sbires de Budô, tandis que ceux-ci apportèrent de nouveaux barils, qu’ils déposèrent auprès des poutres porteuses de la bâtisse, Seijaku reprit en s’adressant à tous. « Je ne vous retiendrez pas, toutefois, vous veillerez bien à faire passer le mot au gardien. Vous lui direz que je suis derrière toute cette agitation et que s’il me cherche, qu’il arrête. Je viendrais le voir dès que j’en aurai fini avec tout ça. »

Un hochement de tête fit comprendre à tous de quitter les lieux, Budô fit également signe à ses soldats d’apporter une torche, qu’ils donnèrent à Seijaku. Et une fois qu’il quitta les lieux, celui-ci la lança sur un tas de foin, qui crépita avant de s’embraser…

Quelques secondes passèrent, le temps pour Seijaku, les contrebandiers et la bande de Budô de disparaître dans la Ceinture Noire quand soudain. Une nouvelle explosion retentit, puis une autre et enfin, le bruit d’un bâtiment s’éffondrant sur lui même, soulevant un nuage de poussière crasseux dans toute cette partie de la banlieue.

Il avait désormais un nom, celui d’un clan et d’après ce qu’il avait entendu, les réponses se trouveraient du côté du quartier des arts, voilà longtemps qu’il n’y avait plus mis les pieds, mais, s’il voulait remonter la piste, il n’aurait pas d’autres choix.

« C’est le moment de mettre un coup de pied dans la fourmillère... »