Habités par la conviction de la recherche, habité par la fougue de l’exploration, vous décidez de vous extirper des enceintes du village pour vous confronter à cette nature sauvage qui fait tant parler d’elle. Équipés de la tête aux pieds, bénéficiant de ce rapport intime avec votre bénédiction, rien ne peut vous effrayer durant votre cheminement jusqu’à l’orée des bois. Il vous aura fallu une poignée de jours, tout au plus, pour parvenir à ce point de non retour.
L’endroit le plus dangereux du pays se dresse devant vous. Vous n’êtes pas les seuls à avoir eu l’envie d’y pénétrer. Toutefois, vous espérez être les premiers à en revenir vivant.

Quelque chose cloche. Ton instinct, Banssho, te le fait ressentir. Sauvage ayant vécu plus longtemps à Kusa qu’à Asatsuyu, la nature n’a pas de secret pour toi, pourtant, c’est bien la première fois que tu te confrontes à pareille situation.
Aucun bruit ne se diffuse dans l’air. Cette situation n’est pas ordinaire. Une forêt est toujours habitée par la vie. Les bois maudits ne respectent aucun code existant. Véritable rature sur le papier, ce microcosme au sein du pays n’a rien de prolifique. Seule la mort hante ce lieu.

Un gigantesque cerf trône sur le sol. Il dépasse les sept mètres de long. Son corps est criblé de profondes stigmates. Ses entrailles tapissent la terre gorgée par son cruor. Les mouches dansent sur son cadavre au côté des vers. En fin de vie, le regard de la créature se pose sur vous. Sa gueule s’ouvre... Aucun mot n’en ressort.
Une liane perfore le sol pour se resserrer autour de sa nuque. Et en un clin d’œil, la créature est tirée dans les profondeurs des bois, sans que vous ne puissiez réagir.

Vous, les deux pions de Kodama, vous vous sentez observer. Vous n’êtes pas les bienvenus ici. Plusieurs cris d’animaux proviennent des profondeurs, votre présence est connue depuis plusieurs kilomètres maintenant. Le ou plutôt les bourreaux sont aux aguets.

Nul besoin d’être spécialiste dans la sensorialité, cette forêt est habitée par le chakra. Plusieurs masses dégageant une quantité folle de cette nouvelle énergie commencent à s’approcher, à sortir de leur léthargie.
L’hibernation est finie.

Du chakra ? Oui, il y en avait. Partout. Omniprésent. Insidieux. Menaçant. Cette attaque sur le cerf était-il un avertissement, ou la brique élémentaire d’un plan beaucoup plus grand ? La présence avait-elle peur que vous veniez mettre la main sur sa proie ? Plus le temps passait, moins vous vous sentiez aptes à continuer. Un poids pesait sur vos épaules. La peur commençait à transir vos os. Même si l'esprit demeurait clairvoyant, vos corps humains, eux, ressentaient un danger explicite. Afin de palier cette vilaine impression, un flux conséquent d'adrénaline se jeta dans vos veines. Vos cœurs battirent à cent à l'heure ; vos pupilles se dilatèrent pour mieux apercevoir la menace. Mais celle-ci demeurait invisible à l’œil humain. Très vite, vous vous rendez compte de votre erreur. Ces Bois Maudits n'ont jamais menti sur leur réputation. Quelque chose hantait ces lieux et punissait tout étranger s'y perdant.