Seido était en période de convalescence. Le chasseur de monstre avait reçu une morsure durant une chasse. Celle-ci s’était infectée sur le chemin du retour, et depuis, il devait arracher l’épiderme, nettoyer et bander sa plaie chaque jour. Hors de question de risquer inutilement sa vie en pleine jungle, l’orphelin était enfermé dans la ville. D’habitude, il s’informait auprès d’Hayai, son frère d’adoption, en ce qui concernait les nouvelles d’Asatsuyu. Il lui arrivait parfois de régler certains problèmes qui touchait, selon lui, d’un peu trop près sa fratrie de coeur. Ce n’était pas le cas aujourd’hui.

La disparition du mécène de la ceinture noire avait fait du bruit. Et ce n’était pas pour réjouir Seido. Il faisait parti des hommes qu’il considérait bénéfique à la ceinture. Ces derniers, qui avaient assez d’influence, se comptaient sur les doigts d’une main. Si rien n’était fait, c’était comme crier que le bas peuple était impuissant. Comme s’il ne pouvait assurer la sécurité de ses bienfaiteurs et que seul ingratitude et inaction composait la riposte à de tel affront. Le membre des griffes d’aube prévenait le trio commercial qu’il débuterait une enquête sur Zaisan Seizui.

S’équipant et filant vers le kiosque, là où tout avait commencé, il questionnait les locaux sur le déroulement de la foire du jizen'ichi, et s’ils étaient témoin de l'enlèvement du mécéne de la ceinture noire.

Les civils avaient été pour la plupart évacués par les soldats et les gardes de Zaisan Seizui. Quelques personnes s’étaient cachés à l’intérieur du Jizen’ichi, faute de fuite. Celles-ci racontaient à Seido comment l’attaque avait été repérée. Par une simple information : les terroristes portaient un masque d’Oni. Pourtant les cinqs criminels portaient chacun un masque différent. Le témoin lui racontait à quel point cette situation avait été stressante, portant lui-même un masque du démon. Il disait qu’à partir du moment ou cet gigantesque arbre de cristal avait poussé, il n’avait plus vu grand chose, à part des hommes grimper dans celui-ci ou quelques remous dans la tente du Jizen’ichi.

Il conseillait au chasseur de monstre d’aller trouver un soldat - dont il était très enclin aux louanges - en lui souhaitant bonne chance. L’orphelin se dirigeait alors vers la milice du Kiosque, afin de demander un témoin de l'enlèvement du mécène de la ceinture noire. Le réceptionniste de la milice fit un communiqué avec son supérieur. Le chasseur attendait quelque peu avant d’être escorté jusqu’au lieu de l'enlèvement, et on lui fit un petit compte-rendu de ce qui s’était su.

B’coup d’personnes sont v’nu la ? B’coup sont entrés dans la tente ?

Après le bilan énoncé par le milicien gradé du kiosque, son accent faisait tâche mais ses questions pertinentes. On lui répondait que l'accès était filtré, l’arbre de cristal avait attiré du monde malgré tout, mais peu avaient pénétrés la tente. Toutefois, la kermesse ayant reçue une grande foule, quelques individus s’étaient forcément aventurés vers le lieu d’extraction de Zaisan Seizui durant les festivités. Seido remerciait le garde chevronné pour lui donner congé avec grand échec : celui-ci annonçait qu’il ne pouvait pas le laisser agir à sa convenance, qu’il devait le surveiller. D’abord prêt à s’offusquer, l’orphelin comprenait finalement rapidement les raisons, déclarant qu’il n’avait qu’à le suivre.

Se dirigeant vers l’arbre de cristal, la chevelure cramoisie tâtait le sol de ses mains, comme s’il s’apprêtait à faire du repérage. Il admirait dans un second temps l’architecture de cristal qui le surplombait de sa hauteur. Des hommes étaient montés en haut, des criminels comme ceux tentant de les arrêter. Il n’était pas mauvais de penser à son tour d’y grimper pour voir ce qui les attendaient. La matière du cristal ne laissait que peu d’indice. Seido tentait de mémoriser les traces au sol qu’il voyait. Une fois fait, il faisait le tour de l’arbre pour trouver un chemin d’ascension simple. C’est à ce moment qu’il y découvrait des écriteaux inscrits dessus. Ceux-là même qui ferait du bruit un peu plus tard et que le démi-analphabéte décrypterait.

Soudainement, on le surprenait en pleine réflexion, ce qui mettait le chasseur sur le qui-vive. Dans un détournement de tête vif et improvisé, l’oeil visible à travers le grand chapeau perçait l’arrivant comme une flèche. Plus étonné que hostile, le survivant pouvait ne pas faire bonne impression.

J’cherche d’traces. Ceux qu’on fait l’arbre d’vait bien s’y trouver non ? Et c’bien eux qu’on enl’vé Seizui. J’me d’mande si c’t’eux qu’ont laissé l’message sur l’tronc, juste là.

L’orphelin pointait du doigt les écrits encodés.

Ajitsuke Seido. Ca t’dis une p’tite grimpette ? On aura la tente à voir après. L’message peut attendre.

Le garde semblait enjoué à cette idée, visiblement, personne ne l’avait fait avant lui. Cependant, cet air satisfait était vite remplacé par de la méfiance. Sortant du fils de fer, il l’accrochait à l’un des ses grands couteaux sous le regard attentif du garde. Pour finir, il le lançait autour d’une branche puis s’assurait de la prise, avant de débuter l’escalade.

L’ascension débutait, escaladant en rappel tour à tour, la petite troupe commençait à prendre de la hauteur. A différentes branches semblaient se trouver des étages où des combats avaient fait fureur. La nature qui composait l’arbre ne laissait que peu d’indice. Au sommet de l’arbre, des abeilles tapissaient la canopée de cristal. Le chasseur en prélevait une, l’analysant. Le garde du corps lui tendait une branche qu’il saisissait, la rangeant dans sa besace, au même titre que l’insecte de miel.

Ouais, j’pense faut un sacré chakra. P’t’être que c’est traquable mais j’sais pas encore faire ça.

Pendant que Mifune échangeait avec le milicien, le chasseur était déjà à l’affût. Avec cette vue, les rues et les ruelles semblaient être un labyrinthe auquel on avait indiqué la sortie. Seido retenait les itinéraires qui lui semblaient le plus discret. Visiblement, le soldat du kiosque faisait choux blanc. Il n’avait que des descriptions de taille et de voix a donner, rien d’étonnant lorsque des casques et des habits amples étaient arborés. Cette partie intéressait le chasseur, lui demandant la corpulence de chacun avec un peu plus de détail. Le milicien mimait de ses mains le gabarit des cinqs terroristes.

J’arrive pas à l’lire l’message. Allez on r’descend, y’a rien, mais j’ai pu ret’nir certains itinéraires d’fuite depuis la tente. J’pense qu’les ravisseurs s’t’encore dans l’village, à s’planquer.

L’orphelin descendait avec facilité, aidant parfois ses compagnons d’enquête lorsque nécessaire. Touchant à nouveau le sol, Seido se dirigeait vers le grand chapiteau, s’arrêtant à quelques mètres de la sortie, de l'échappatoire la plus logique. D’une dextérité certaines, il dégainait deux de ses imposants couteaux, sous la stupeur du garde, qui pointait son arme vers lui. Le garant de l’ordre et de la sécurité de ce lieu était à cran après l’attaque du Jizen’ichi. Le chasseur plantait la paire d’arme dans le sol, s’en servant comme d’un outil pour relever la terre. Sur l’une de ses armes, il regardait la lame avec attention, passant son doigt dessus pour mieux en sentir l’humidité, ou plutôt ses différences. De l’autre main, il émottait le sol pour y comprendre son comportement.

T’rengaines ou t’pointes ? Bon l’sol est ruiné, trop d’passage, j’vais d’voir parier sur l’fait qu’un type costaud l’ait porté, que ça s’passait dans l’force. D’traces profondes. Si j’vois que ça suit un ch’min discret, c’bon signe.

Le chasseur, habitué à pister et ayant reconnu la zone avec les traces les plus récentes et anciennes, essayant tant bien que mal de recouper les informations, peinait à trouver une cohérence dans ce qu’il recherchait. Dans une forêt, plus d’indice, moins de passage. Dans le village cela s’annonçait une tâche bien ardue. Il semblait suivre une piste, étonnamment, mais entre le passage d’une charriole, elle s’arrêtait brusquement. Grognant, il redoublait d’effort mais finit par annoncer :

Ca s’arrête là, d’solé.

Le traqueur était navré pour le protecteur du mécène. Il ne lui offrirait pas de seconde chance. Pas de rattrapage pour le garde du corps. Les ravisseurs avaient pris en compte un pisteur de son calibre, un habitué des traques. Mifune l’avait bien compris. Peut-être que des capacités de dons pouvaient les retrouver mais les deux enquêteurs n’en étaient visiblement pas dotés. Le chakra était assez récent et plutôt discret, ses utilisateurs n’en faisant pas utilité avec abus sous la pression de l’image et de la crainte que cela insufflait à la population.

Bon, montre moi ou qu’t’habites. L’sort de ton chef m'inquiète, on s’tient au courant.

L’invitation ne tenait pas d’un unique sens, Seido acceptait volontier de lui montrer le taudis situé dans la Ceinture Noire qui lui servait de maison. On pouvait aussi le contacter via les Milles Poissons, une poissonnerie des Ruelles de Safran en y laissant un mot aux gérants, qu’il soit écrit ou vocal.

Et vu quj’y comprends rien comm’toi, c’pas si mauvais qu’ça d’se séparer pour ouvrir nos options. On c’mmence ch’toi ou chez’moi ?

L’offre était faite. Se tenir au courant, savoir en quels lieux se diriger pour revenir vers l’autre, effectuer ses propres recherches ou se greffer à celles actuelles. Les possibilités étaient nombreuses et le chasseur semblait très ouvert et force de proposition. Son attitude semblait très collaborative, sans doute qu’il pensait que pour cette chasse, être solitaire le ferait rentrer bredouille.

Spoiler:

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