Ulfberht Contrat de rang COuvrir

Boom boom... Boom boom... Les nuits étaient courtes ces derniers temps pour le jeune Watanabe. Son cœur battait la chamade durant des heures, l'empêchant inlassablement de fermer l’œil sous la disparition de l'astre solaire derrière les montagnes entourant le pays. Ses pensées ne pouvaient se détacher des événements de ces derniers jours. Son regard tourné vers le plafond de son humble demeure, les images de sa première expédition défilaient dans sa tête. Impossible pour lui d'oublier. Il en avait rêvé de cette première expédition, encore plus d'une sortie mémorable marqué par d'incroyables découvertes. Mais jamais il n'aurait pensé s'aventurer au cœur des ténèbres à la découverte de démon assoiffé de sang.

Sa mère se rendait compte de ses insomnies à répétition et des cauchemars qui lui barrait le chemin du pays onirique. Malgré tout cela, il faisait semblant, il feintait la bonne forme, prétextant un simple coup de fatigue passager. Lui qui avait promis à sa petite sœur de tout lui raconter à son retour, n'avait été capable que de simplement l'enlacer, avant de détourner le sujet à de nombreuses reprises. Même s'il ne connaissait pas Yuugen, son compagnon d'arme tombé au combat, sa disparition et son sacrifice l'atteignait jusque dans ses entrailles.

Mais il était temps de se ressaisir, le clan Tsukuri lui avait laissé une mission et pas des moindres pour le jeune homme. Une missive était arrivée chez lui quelques jours avant portant un message des plus importants. Comme à de nombreuses reprises, le seigneur du clan, Tsukuri Izaya, envoyait son épée en direction de la forge du clan Shashutsuki pour l'entretenir. Dodo le savait bien, ce n'était pas qu'une simple épée, une simple arme d'ornement. Il s'agissait plus d'un signe, d'une marque de puissance, un symbole montrant toute la puissance du seigneur ainsi que sa renommée. Il n'y avait qu'à voir les gemmes qui ornaient l'arme, un simple forgeron comme Dodo ne pourrait être digne de la confection d'une telle merveille. Cette mission sonnait donc comme un véritable honneur et défi pour lui.

Au lever du jour, l’œil rouge d'avoir veillé toute la nuit, le Watanabe pris ses affaires. Un simple t-shirt noir et un pantalon comprenant de nombreuses poches. Accompagné comme à son habitude de son fidèle Kijunsuru, son naginata forgé et embelli de ses propres mains. Bien sûr, son arme était bien loin d'avoir la renommée ainsi que la puissance de l'épée du seigneur, mais c'était une bonne arme de dissuasion si quelques bandits venaient à tenter l'impossible. Le borgne ne l'attacha pas dans son dos, s'en servant de canne, s'appuyant sur son pommeau à chaque pas. Il arpentait maintenant les magnifiques rues du Quartier des Arts, en direction de la Loge de Perfection, cet ouvrage magnifique où il avait rendez-vous. Il s'arrêta à destination, contempla la beauté du monument, avec toujours cette furieuse envie d'un jour y siéger aux côtés du seigneur.

Alors que son regard ne se détachait plus du symbole magnifique qu'est la Loge de Perfection. Art parmi les arts, une véritable démonstration du talent Tsukuri. Mais il fut sorti de son rêve par l'apparition d'un majordome, accompagné de ce qui s'apparentait à un homme, le corps complètement enchaîné. Dodo en avait vu des esclaves, mais des aussi imposant de musculature et enchaîné de la sorte, jamais. Selon les dires du Tsukuri, il s'agissait de son arme de dissuasion au cas où quelque décérébrés aurait la malchance de s'attaquer aux sabres légendaires du seigneur. Le Watanabe se posa alors quelques questions. Aucun homme n'aurait l'audace de s'en prendre à une telle relique, se mettant par la même occasion l'ensemble du clan à dos. De plus, pourquoi ce véritable animal devait être pris en charge par le borgne. Quoi que, une mission telle que celle-ci permettait tous les ans aux membres du clan Tsukuri, d'exhiber fièrement leur puissance par les moyens déployés pour ce joyau. Peut-être que montrer la présence d'un athlète aussi incroyablement bâti que l'enchaîné prenait son sens dans la démonstration de puissance.

Exécutant un mouvement agile de naginata, il le fit tournoyer autour de son poignet avant de le ranger soigneusement dans son dos. Il prit alors la chaîne que lui tendit l'esclavagiste. Quelques doigts manquaient à sa main, peut-être le résultat d'une rixe avec cet animal, qui semblait dévisager le Watanabe de ses yeux féroces. Dodo n'était pas forcément pour l'esclavagisme, mais cela faisait parti des traditions Tsukuri, et à la vue de l'homme qu'il tenait maintenant en laisse, c'était peut-être une bonne chose de ne pas laisser n'importe qui se balader dans les rues du village. Il prit également la clef permettant d'ouvrir sa cage d'acier, la rangeant dans une de ses nombreuses poches. Tirant légèrement sur la chaîne en fer pour tester sa résistance, un léger vent vint au nez du jeune homme. Une odeur. Une odeur qu'il aurait reconnue entre mille, une odeur de mort, une odeur venant droit des démons. L'œil de Dodo s'emplit alors d'une rage immense, sa seule envie à ce moment, tranchée la gorge de cet animal venu le hanter. Mais dans un instant de bonne conscience, il reprit ses esprits. Bien qu'il possédait la même odeur que les démons des plaines, aucun homme n'aurait pu en attraper un sans y perdre la vie. Après tout, Dodo était le mieux placé pour connaître la puissance de ces bêtes des enfers. En tous cas, il aurait sûrement beaucoup de questions à lui poser. Mais pas pour l'instant. Il était l'heure, la cérémonie allait pouvoir commencer.

Un autre majordome fit son apparition, demandant expressément à Dodo et son acolyte enchaîné de ce presser. C'était la première fois que le jeune borgne allait aussi loin dans la loge. Passant les couloirs, aux murs tous plus beau les uns que les autres. Ce bâtiment était déjà magnifique d'extérieur, mais sa vraie beauté résidait bien en son cœur. Tout les plus grands artistes et artisans du clan Tsukuri avaient déployé leur pouvoir artistique pour décorer ce bâtiment. Dodo aurait pu rester des heures ici, à contempler chaque détail de chaque œuvre, prenant des notes à tout-va pour en comprendre les merveilles. Mais il n'avait pas le temps, le majordome leur pressait le pas.

Et quel honneur ce fut, de pouvoir fouler le sol de la pièce du seigneur Izaya. Une véritable salle du trône, où au fond siégeait le seigneur en personne. Une vague de stress gagna alors le jeune borgne, si bien qu'il serra un peu plus son emprise sur la chaîne de l'homme qu'il traînait derrière lui. De nombreux regards s'étaient tournés sur l'entrée de Dodo, ou plutôt directement sur la présence de la créature aux muscles saillants qu'il tenait en laisse. Les nombreux gardes semblent à l'affût, comme si Dodo tenait entre ses mains un véritable animal en furie. Il resserra alors une nouvelle fois la chaîne entre ses mains.

Le rituel commençait alors, Dodo ne quittait plus l'arme, véritable symbole du clan, qui avançait délicatement vers son maître, le seigneur Tsukuri Izaya. Mais le tout était perturbé par la présence d'un autre mercenaire, racontant de véritables fables, à l'univers chimérique. Il s'approcha alors de Dodo, armé de son sourire pour interrompre sa concentration sur le rituel magnifique qui se passait sous ses yeux.

-" Watanabe Dodo."

Fut la seule réponse du jeune homme, tournant son regard directement vers la scène qu'il n'aurait jamais pensé vivre. Mais une chose lui revint alors à l'esprit, ou plutôt plusieurs. D'abord l'odeur ressentie dehors. Ensuite les regards de tous ses gardes. Le regard suspicieux de Rakuen, le représentant de la forge. Puis, bien évidemment, cet esclave enchaîné de toute part. Alors, il se tourna vers le souriant Fubuki.

-" Dis-moi. Que sais-tu sur cet homme enchaîné que je tiens entre mes mains. As-tu déjà entendu parler de lui?"

Son regard toujours posé sur le reste de la salle, pour ne pas en louper une miette, il s'adressait à Fubuki sans pour autant le regarder.

L'homme/animal enchaîné que Dodo tenait entre ses mains venait de prendre position au sol, visiblement à des lieux de comprendre l'importance et l'enjeu de la mission. Encore plus, à voir son bâillement, il ne comprenait également pas toute la cérémonie magnifique et sacrée qui se tenait devant ses yeux d'ignorant. En plus de l'odeur nauséabonde de mort qu'il dégageait pour le borgne, son attitude commençait à faire de lui plus un animal qu'un véritable homme à l’œil du jeune homme. L'arme que tenait le seigneur Tsukuri entre ses mains n'était pas une simple épée de mauvaise facture faite des mains de véritable sabrenas, il s'agissait d'une relique, d'un véritable trésor clanique.

Le jeune homme bavard qui se tenait à leurs côtés répondait à la question discrète posé par le jeune homme, visiblement enthousiaste à l'idée de voir l'enchaîné de plus près et de ses propres mieux. Ne posant toujours aucun regard sur l'agité, Dodo s'était vu confirmer sa première impression, cet énergumène n'était qu'une simple arme pour le clan. Étrange, le clan possédant les soldats les mieux entraînés et équipés pouvaient largement se passer d'un individu aussi hasardeux et à aux réactions aussi aléatoire que lui. Mais après tout, les nobliaux devaient savoir ce qu'il faisait pour le garder en captivité à leur côté.

La cérémonie approchait de son terme, la lueur sacrée des gravures sur l'arme au contact du sang impérial venait illuminer la pièce de son aura. Un spectacle d'une telle beauté n'était pas visible tous les jours dans ce village, surtout pour de simples membres du clan comme Dodo. Le seigneur vint alors clore la cérémonie d'un formidable discours. Très peu objectif pour le coup, le borgne ayant toujours eu une admiration toute particulière pour le seigneur et son utilisation des mots. Un discours aux paroles bien choisies, se montrant fédérateur et agrandissant l'allégeance des membres présent en ses lieux. Puis, l'arme sacrée fut posée dans une large boîte conçue spécialement pour l’accueillir, avant d'être mise entre les mains de celui qui risquait le plus gros en cas de perte, Rakuen, le maître forgeron. Le seigneur lui adressa quelques mots avant de disparaître dans un nouveau couloir, menant vraisemblablement vers ses quartiers personnels.

Rakuen s'approcha du petit groupe constitué spécialement pour la mission du jour. Un petit échange entre Fubuki et le forgeron provoquèrent une légère tension au sein du groupe. Plaisantez sur le fait de risquer une attaque n'était pas vraiment du goût de tout le monde. Mais le temps était compté, perdre du temps en bavardages serait inutile en cette occasion. Tirant légèrement sur la chaîne en fer, Dodo fit comprendre au tas de muscles qu'il était temps de se mettre en route pour accomplir la tâche du jour. En espérant que tout se déroulerait comme prévu..