Sachiyo observe à travers les rideaux de son pousse-pousse, pourquoi est-ce qu'elle a acceptée cette proposition...

Hier Kirasagi est venue la trouver pour lui expliquer que certains Érudits allaient se rassembler pour discuter des projet du clan. Et il lui semblait judicieux de proposer à la sorcière d'au moins faire acte de présence pour entendre ce qui allait se dire. Et alors que Sachiyo commençait déjà à protester en argumentant qu'elle ne pourrait pas traverser une foule, Kirasagi lui avait certifiée qu'elle lui fournirait un petit pousse-pousse entièrement entouré de rideaux et qu'elle donnerait un papier officiel au conducteur pour que les gardes à l'entrée ne regarde pas à l'intérieur.
Finalement la sorcière avait fini par accepter, après tout elle était curieuse des projets de ceux qui étaient maintenant son clan et si elle voulait trouver un remède au chakra il lui faudrait des alliés ou des visages familiers parmi les Érudits du Quartier des Lumières.

Et voici comment la solitaire se retrouve à traverser les rues d'Asatsuyu No Sato, morte de peur et se dirigeant vers une direction inconnue. Lorsque son conducteur lui annonce qu'ils ont passés les portes du Quartier des Lumières, la demoiselle se risque à un nouveau coup d’œil. C'est la première fois qu'elle va aussi loin dans la ville. L'endroit semble en totale harmonie avec la nature, arbres et bâtiments se mêlent comme une même architecture, la réputation des Kodama n'est clairement pas usurpée. La neige et les lumières des braseros rendent le spectacle encore plus impressionnant et pendant un instant la demoiselle, des étoiles dans les yeux, passe une partie de sa tête dehors. Avant de bien vite retourner se cacher à l'intérieur de son véhicule en apercevant les passants plutôt nombreux malgré l'heure.

Finalement le transport passe une dernière porte et près d'un mur et le conducteur frappe trois fois sur le bois pour signifier à sa passagère qu'elle peut descendre. Timidement, Sachiyo pose un pied dans la neige et remonte sa grande capuche sur sa tête afin de bien dissimuler sa corne.

"Dame Arai m'a demandée de vous attendre ici le temps que vous ayez terminé. Je vous laisse le papier afin que vous puissiez circuler dans les couloirs librement. L'endroit où a lieu la réunion se trouve au second étage." Sachiyo observe le grand bâtiment qui lui fait désormais face. Le conducteur désigne une fenêtre d'où on peut voir s'échapper de la lumière. "Ne vous en faites pas c'est facile d'accès, montez les escaliers du grand hall et c'est sur la droite. Vous ne devriez pas croiser beaucoup de gens." Après quoi l'homme lui laisse la lettre sur le pousse-pousse et s'éloigne pour aller se reposer après sa course.

La sorcière récupère rapidement le papier et s'avance avec prudence vers l'entrée, évitant de s'approcher des quelques personnes encore présente dans la cour qui commencent déjà à l'observer, c'est vrai qu'elle a l'air un peu suspecte avec son gros manteau et sa capuche.
Finalement elle lance la lettre en direction de l'homme qui monte la garde à l'entrée. Ce dernier hausse d'abord un sourcil puis hoche la tête et récupère la lettre avant de lui fait signe d'entrer.

"On m'a prévenu de l'arrivée de quelqu'un comme vous... Bienvenue à l'Atelier."

Surement un coup de Kirasagi. Sachiyo se presse d'entrer et se dirige immédiatement vers sa destination, toujours en prenant soin de croiser le minimum de gens. Coup de chance il n'y a personne dans le couloir donnant accès à la salle. Elle ouvre la porte après avoir toquée, elle ne sait pas si elle est en retard ou pas.
La sorcière passe d'abord sa tête encapuchonnée par l’entrebâillement et observe l'intérieur. Une table et un jeune homme aux cheveux rouge assis au bout. Sachiyo évite volontairement le regard de ce dernier et entre lentement à dans la pièce. La jeune femme récupère une chaise qu'elle traîne jusqu'au coin de la salle le plus éloigné possible de la table, elle retourne ensuite son siège pour que le dos soit face à l'assemblée, comme pour se constituer une barrière. Ensuite elle prend place sur sa chaise et recroqueville ses jambes contre sa poitrine pour créer une seconde barrière, assise sur sa chaise en position fœtale. Après quoi elle remet un peu plus sa capuche sur sa tête et se tourne vers l'homme.

"Bonsoir..."

Un rassemblement hein ? Je n’étais pas particulièrement enchantée à l’idée de m’y rendre aussi tardivement puisque cela signifiait laisser ma troupe sans surveillance pendant la nuit - mais il fallait bien qu’ils apprennent à faire sans moi… Et puis, j’allais devoir travailler avec plusieurs de ces types, autant apprendre à les connaître un peu. J’espérais que Sadaharu s’y rendent aussi, que je reconnaisse au moins une tête dans le lot.

~

Raté. Cet enfoiré n’était pas de la partie - pas encore tout du moins, mais je l’ignorais encore. Une ombre s’était glissé dans la pièce, me précédant de peu. J'avais à peine eu le temps de passer le pas de la porte pour observer la scène - qui me laissa interdite un bon moment, simple observatrice d’un curieux spectacle.

Un curieux type aux cheveux flamboyants et aux yeux vairons, l’organisateur de la rencontre, accompagné d’une gamine encapuchonnée de la tête aux pieds en train d’effectuer un curieux manège avec une chaise pour s'éclipser et se faire une… Cabane ? Bordel, où est-ce que j’étais tombée ?

Il en fallait cependant plus pour me faire perdre mes moyens. Nonchalamment, je levais la main pour saluer la maigre assemblée.

- “ Bonsoir vous deux, moi c’est Mirai. ”

Advienne que pourra, pensais-je à ce moment-là.

Le voilà finalement qui arrivait. J’étais plutôt soulagée de voir mon petit Haru montrer le bout de nez, sentiment qui fut trahi par mon bras droit lui enroulant le cou - tandis que dans le même temps, mes lèvres venaient embrasser sa tempe gauche. Il n’y avait pas haut gradé ici donc, je n’avais pas besoin de me priver de familiarités. Et puis comme ça, le ton était donné pour les autres : lui et moi, on était proches. Je notais assez rapidement qu’il avait l’air assez peu enjoué à l’idée d’être là, si ce n’était encore moins que moi.

Pauvre Tengen - puisque c’est ainsi qu’il se présentait. Lui qui tentait avec beaucoup de bonne volonté de rassembler la nouvelle génération de chez les Kodamas, les élus - ou pestiférés, dotés de superpouvoirs. Je décidais alors de m’impliquer un peu plus, au moins par respect.

- “Du coup je l’ai déjà dit mais moi c’est Mirai. Je sais ni lire, ni écrire et en science je comprends pas grand-chose. Par contre s’il faut cogner quelqu’un ou cueillir des trucs, je sais me rendre utile.”

Autant donner la couleur tout de suite et ne pas me survendre. Je laissais volontairement de côté mon incomparable talent à emprunter pour une durée indéterminée - inutile de me coller une réputation horrible d’office. Mon bras maintenant toujours le balafré, ce fut ma main libre qui d’un geste flou, attira l’attention sur lui.

- “Et lui c’est Sadaharu, on est fait du même moule. Sauf que si moi je suis la tête, lui c’est le cerveau.”

Un léger rire m’échappa, je n’étais pas vraiment mal à l’aise et l’autodérision était un de mes points forts. Je me demandais cependant ce que mes nouveaux collègues allaient penser de moi. Après-tout, j’allais probablement devoir composer avec eux au quotidien.

Sachiyo observe la petite assemblée sous sa capuche, la chance lui sourit, quatre personnes c'est vraiment peu. La demoiselle tourne la tête en direction des différents protagonistes qui se présentent un à un. Ils ont l'air de tous se connaitre plus ou moins, comme prévu elle a l'impression d'être la seule étrangère du groupe. La sorcière replace un peu ses genoux devant elle et pose son menton dessus. Les autres ont l'air d'attendre qu'elle se présente.
La jeune femme prend une profonde inspiration pour se donner du courage et relève légèrement sa capuche, assez pour que l'on puisse voir son visage, mais en prenant soin de cacher le bas de sa corne avec son avant-bras. Ses yeux rosâtres scrutent le visage des autres membres du clan, comme pour chercher un détail qui pourrait la rassurer. Sa petite voix timide brise ensuite le silence.

"Sachiyo... Je suis apprentie alchimiste, spécialisée en médecine. Je vis à l'extérieur de la ville et je récolte principalement des plantes rares dans la jungle."

Elle laisse ensuite retomber la capuche sur le haut de son visage et se replie un peu plus sur elle-même.

"Je sais que ça va vous paraître étrange ou malpolie ou je ne sais quoi d'autre. Mais je vous demande de ne pas vous approcher de moi trop près s'il vous plait... Et surtout ne me touchez pas... S'il vous plait..."

La demoiselle joue avec une manche de son manteau, très mal à l'aise. Elle a l'impression d'être une bête de foire avec autant de gens qui la scrutent. Instinctivement elle vient rajouter un peu de volume à la partie droite de sa capuche, pour cacher au mieux l'excroissance sur son front.

"Je ne suis pas très à l'aise avec les gens, mais on m'a demandé de faire au mieux pour m'intégrer un minimum. Je... Je ne suis pas certaine que nos objectifs soient similaires mais j'espère tout de même pouvoir travailler avec vous."

Sachiyo incline poliment la tête malgré sa position et fixe les pieds de la chaise, elle tente de garder le contrôle sur sa respiration, la salle lui semble avoir rétrécit et les trois Kodama ont l'air plus proche que tout à l'heure.

Sachiyo observe l'homme aux cheveux bleu qui semble vouloir proposer un plan. La demoiselle ne connait pas trop l'Hypogée, mais elle en a entendu parler, une réserve d'eau naturelle et un immense dédale de galeries pas toujours explorées. L'idée d'une champignonnière est intéressante, mais ça lui semble un peu... Manquer d'ambition ?

Alors que la sorcière se perd quelques secondes dans ses pensées, le type à la chevelure rouge se jette sur elle en criant. Sachiyo sursaute et tombe de sa chaise alors qu'elle essai de se jeter en arrière pour s'éloigner autant que possible. Malheureusement pour elle, l'architecture de la salle lui rappelle très vite qu'elle s'est elle-même bloquée contre un coin de mur, ne lui laissant aucun réel échappatoire.
Coup de chance, l'assaillant semble se prendre les pieds dans quelque-chose et fait une chute spectaculaire contre le mur à côté de la jeune femme. Sachiyo récupère alors sa chaise et l'utilise comme une lance de fortune pour "menacer" son agresseur et garder une certaine distance entre elle et lui.
La petite voix de la sorcière semble encore plus faible que d'habitude alors qu'elle fixe Tengen.

"Ne refaites jamais ça... s'il vous plaît. Je vous assure que c'est pour votre sécurité. Ne me, touchez, pas."

Sachiyo n'obtient pas de réponse immédiate mais l'homme a l'air de ne plus s'intéresser à elle pour le moment. Surement la honte due à sa chute. A la place il valide l'idée de Sadaharu d'aller explorer l'Hypogée.
La demoiselle pousse un soupir de soulagement et laisse retomber sa chaise sur le sol. Grave erreur ! Une tornade entre dans la salle dans un terrible hurlement, suivit d'un spectacle presque surréaliste à la fin duquel la créature hurle à nouveau. Plus de peur que de mal heureusement, la chose ne semble pas agressive, juste... Limitée ?

"Je... Suis aussi intéressée par cette histoire d'Hypogée."

Un zoo…

La gamine ne voulait pas être touchée et elle avait l’air franchement bizarre mais soit - il faut de tout pour faire un monde hein ? Une autre personne entra, captant brièvement mon regard avant que mon attention se porte à nouveau sur le Balafré en pleine tirade.

Faire avancer la science… Un but noble qui ne m’affectait pas énormément, je devais bien l’avouer. La discussion risquait de prendre un tournant différent de ce que j’attendais. Où étaient les boissons et le buffet ? J’espérais sans doute quelque chose de moins formel, tant pis… Haru avait l’air plutôt emballé lui, c’était déjà ça. Comme annoncé, je le laissais volontier s’occuper de la partie plan. Mon domaine c’était la suite, la partie exécution - du plan.

Bon, il y allait peut-être un peu fort mais l’idée n’était pas stupide. Je me contentais de hocher la tête pour appuyer ses dires. N’ayant pas été mise au courant en amont, je devais un peu réagir sur le tas - difficile sur des sujets aussi importants. Finalement, je me risquais quand même à ajouter :

- “L’idée de Haru est bonne mais… On peut vraiment s’approprier une zone comme ça ? Surtout sans l’aval de nos dirigeants ?”

Tengen semblait plutôt prendre l’idée comme une aventure ou une balade. Peut-être ignorait-il ce qu’était l’Hypogée… Quand à son petit manège avec la gamine, il venait de perdre mon attention - cette dernière était à présent au sol en train de le menacer avec une chaise. Au même moment, un drôle d’énergumène à peine capable de parler fit irruption dans la pièce en hurlant.

Des animaux...

Machinalement, je portais ma main à ma crinière pour ma masser le crâne, pensive. Où était le buffet et les boissons déjà ? Ah merde, il n’y en avait toujours pas.

Haru avait l’air aussi perplexe que moi, ce qui ne me rassurait pas vraiment… Où était le plan d’action ? Où était l’organisation ? Conquérir quelque chose, c’était aussi mettre en place une administration, des moyens de garder le contrôle, de peupler la chose correctement… Nous étions censé cultiver des champignons à nous six dans une petite grotte et dire : “c’est à nous !” ?

Tout ce chemin, abandonner mes petits pour le début de nuit pour rien… Je sentais poindre au fond de moi une intense déception, qui se mua rapidement en colère muette et froide. Heureusement, mon petit frère savait toujours trouver les mots justes.

Maintenant que j’étais dehors, autant en profiter un peu !

- “J’en suis, Haru.”

Hors de question de m’être déplacée pour rien.