Le Yoaketsume échoua.
Les répercussions dans la Ceinture Noire remontèrent jusqu’à l’Acropole des Tsukuri. Assis sur son trône, le maître du Shahid regardait les gladiateurs s’entretuer en contre-bas.
Un émissaire s’inclina face au jeune frère de Raytoku.
« Messire, la créature désolé la banlieue proche d’Asatsuyu, il est probable qu’il bifurque vers ici ! » Sans même le regarder, le petit prince répliqua de manière laconique.
« Envoyez le Banmin. Il est temps de savoir s’il pourra un jour défier l’Invaincu. » Une goutte de sueur perla sur le front de l’émissaire.
Le maître des lieux avait parlé, d’un simple mouvement de main, le petit prince exhorta son serf à se mettre en marche. Le dernier à s’être approché de l’indigène perdit deux doigts.
Quittant la salle, il n’eut besoin que d’une poignée de minutes pour rejoindre les cachots du stade. Armé d’une seule torche, il s’enfonça dans les profondeurs du village, à l’orée de l’Hypogée. Au bout d’un long corridor se trouvait une porte fermée par plusieurs verrous.
引火 trônait sur le haut de la porte.
Après avoir délesté la porte en bois de ses fers, le majordome pénétra dans une pièce baignée dans l’obscurité. Le clapotis de l’eau comme seule berceuse, Inka s’y trouvait. Assis en tailleurs, l’eau perlait sur son front : une torture ignoble.
L’animal était relié au sol par deux lourdes chaînes en fer. De lourds maillons s’enroulaient autour de son buste scellant tout mouvement de ses membres supérieurs. Le fauve mirait sa nouvelle proie, un bâillon maintenait sa mâchoire.
L’émissaire écrasa sa botte contre le faciès du Banmin. Il ne bougea même pas. Cette non réaction refroidit le noble, cette chose n’était pas
humaine.
« Tu as de la chance macaque. Le maître a décidé de te laisser jouer. Tu dois tuer le loup. » Aucune réaction. La barrière de la langue empêchait tout dialogue. Un crochet percuta la mâchoire du métèque.
« Bordel ! Toi. Tuer. Monstre. Comprendre. Moi ? » Shahid tenta d’avancer sur ce fou. Bien que son corps ne se déplaça pas, les chaînes vibrèrent sous l’effort. Le nobliau recula d’un bon pas en arrière.
Artefact provenant directement de la scène de crime, une touffe de poils ébènes fut dégainée face au fauve. Son regard se focalisa directement dessus. Pendant ce temps, l’idiot s’amusait à déplacer la touffe de gauche à droite. Se rapprochant avec un peu plus de confiance, il enfonça le crin dans les narines de l’esclave afin de lui faire passer le message.
Inka huma l’air. Bâillonné, un grognement se répercuta dans la pièce.
Il avait compris.
Pour fidéliser la bête sauvage, le Tsukuri sortit un imposant morceau de viande crue de sa besace. Les formateurs du stade l’avait enchaîné ici depuis maintenant plusieurs semaines. Son estomac jeûnait depuis une vingtaine de jour. Affamé, l’appât eut l’effet escompté ; celui de le captiver.
Il écoutait – ou du moins il cherchait à comprendre – les injonctions du faible homme. Le bâillon tomba sur la naissance de ses pectoraux. La nourriture fut jetée dans la terre humide à ses pieds.
Écrasant sa botte contre son crâne, le visage plongé contre sa collation, Shahid se nourrissait. Un limier auquel on voulait briser le mental pour mieux le dominer. Nul n’avait réussit un tel exploit. Tandis qu’il se repaissait, le lâche ôta les fers à ses chevilles ainsi que celles le reliant à la pièce.
Quelle erreur.
Alors qu’il cherchait à ôter celles entourant sa cage thoracique, un puissant coup de talon brisa le nez du profiteur. Sa tête tapa le sol avec force, le plongeant dans une inconscience certaine.
Nul ne soumet un Banmin.
Shahid termina sa nourriture, contrairement aux autre gardiens, celui-ci se voulait faible. L’homme fort ne se nourrit pas d’animal plus faible que lui. Son instinct combatif s’éveillait. Cette odeur gorgée de sang, elle lui rappelait les maymunlar. Une veine turgescente se développa sur son front. La traque débutait.
⬩ ⬩ ⬩
Le bulldozer courrait à toute allure dans l’artère principale. L’odeur gorgeant ses narines, le loup possédait le même sang que celui du maymun. Celui d’il y à dix ans. Il salivait, littéralement.
Échoppes, hommes, animaux, aucune matière physique ne put stopper sa course. Un train n’ayant qu’une vocation : détruire cet animal.
Une glissade. Voilà ce qui lui permit d’arriver au niveau du thorax du monstre. Au même moment, un jeune homme retombait sur la créature, deux lames en main. Tandis que ses deux lames se plantèrent dans le cuir du monstre, un puissant chassé ascendant s’écrasa contre la mâchoire de la créature. Les deux hommes furent balayés par la contre-attaque du monstre.
Shahid usa d’une pirouette arrière pour retomber sur ses deux pieds.
Il cherchait à s’ôter de ses fers. Qu’importe la force qu’il pouvait y mettre, qu’importe les infimes ouvertures qu’il créait, les maillons revinrent sur son corps taillé à même la roche. Ses membres supérieurs ne seront pas de la partie. Il n’en avait pas besoin, d’ici peu, il sirotera le crâne de son gibier. La salive perlait toujours de sa lèvre inférieure.
L’indigène dégageait une aura mystique. Jamais il n’eut la possibilité de s’éveiller au Chakra. Une force nouvelle commençait à l’habiter. Il n’y prêta pas attention.
Loin d’être habitué au chakra, une brume plongea les trois combattants – ainsi que les villageois armés de fourche pas loin – dans cette prison visuelle.
Une voix lui murmura à l’oreille des propos étranges. La même langue que ses geôliers. Son assaut se découpa en deux mouvement distinct. Le premier, il arma son genoux contre son abdomen tandis que de son autre jambe, il se mit sur la pointe des pieds. Le second, il déploya son genoux en un puissant coup de pied circulaire contre ce qui était derrière lui, à hauteur de visage.
Le fauve ne laissait jamais personne s’approcher de lui.
Shahid inspira. L’ensemble de ses muscles se gainèrent. Il attendait la charge véloce du loup. Il était prêt à confronter, de plein fouet, l’ersatz de la chimère ayant massacre sa tribu. Quelque chose s’écoulait dans le corps de cette créature. Le même fluide s’écoulait dans le jeune homme ainsi que la "voix". Réveiller les anciens démons de ce genre de chasseur était tout sauf une bonne chose.
Inka expira.
Le loup percuta de plein fouet le colosse. Les pieds fortement ancrés dans le sol, le loup réussit à le faire reculer de plusieurs mètres avant que les deux entités ne s’immobilisèrent. Au sol, une traînée accompagnant cette lutte. Il avait réussit à l’arrêter en pleine course. Deux super-prédateurs s’affrontant pour le
contrôle du territoire.
Inka chercha à planter sa puissante mâchoire directement dans la gueule du monstre. Lui aussi était en mesure de mordre et de manger de la chair.