Les finances du « Tenbu Hôrin » (litt. Le Trésor du Ciel) étaient au beau fixe. L’époque se voulait difficile pour les honnêtes commerçants. La quarantaine fut synonyme de difficultés d’approvisionnements. En effet, quelques mets de l’offre alimentaire de la taverne ne trouvaient plus de fournisseurs. Shun avait dû alors innover, mobiliser son réseau et modifier les habitudes gustatives de ces clients, pour ne pas voir sombrer sa bâtisse. La plus grosse difficulté que rencontra le tavernier, correspondait à la fermeture des 1000 poissons. Cette échoppe avait pour routine d’offrir au « Tenbu Hôrin » de nombreux aliments frais et de bonne qualité. Cette expertise était rare dans ce monde où l’accès aux biens de consommation, demandait des compétences d’explorateur, de chasseur-cueilleur et aussi de guerrier. Cette absence de denrées était due à son propriétaire actuel. Il avait fait le malheureux choix de rejoindre la rébellion. Ceci eut des répercussions immédiates sur les établissements de l’ancien Gyousha, privant ainsi le Miyazaki d’aliments provenant des eaux de la région.
Le Tekiya avait longtemps cherché une solution, notamment en contactant des boutiques similaires pour combler les pertes. Mais malheureusement, ces poissonniers avaient fait grimper leur prix de façon indécente et empêchaient l’humble prêtre de proposer un menu correct et équilibré à sa clientèle. L’autre voie possible était de récupérer les travailleurs, le réseau de ce Shinnin déchu et de les employer à son propre compte. La structure ne l’intéressait pas pour le moment. Cela pouvait certes être un investissement pour l’avenir, vu les prix bas du marché actuel, cependant s’encombrer d’un nouveau bien immobilier et le laisser végéter en attendant une période plus prospère, ce n’était pas dans la nature du croyant. Peut-être qu’en faire une antenne de l’église à long terme… Mais tout ceci restait flou et hypothétique. Pour l’heure, il devait prendre une décision.
Après avoir consulté l’avis éclairé de sa serveuse, Suzi, le patron décida d’aller voir ce « traître » et de marchander. Après tout, il se connaissait un peu à force de commercer. L’ancienne réputation de l’homme aux cheveux blancs le précédait, il pouvait se montrer retord dans la négociation. La prudence et la ruse étaient donc de mise. Préparant son plus bel habit, l’exorciste se déplaça jusqu’à la porte Nord et contourna la muraille pour atteindre la frontière extérieure de la Ceinture Noire. Dans son cheminement, il croisa des gardes et leur informa sommairement de ses intentions. Il tut notamment le nom de son contact et sa nature quelque peu fâcheuse. Si ces hommes de loi venaient à savoir ses intentions, ils risqueraient de le suivre et d’attaquer le criminel. Pour faciliter sa visite, il proposa à ses interlocuteurs de passer à sa taverne, un traitement particulier les attendrait. Soudoyer un soldat n’était pas aisé, mais il espérait que cela suffirait à faire taire quelques questions indiscrètes.
Le dévot culpabilisait d’employer de tels stratagèmes, pourtant, il n’avait pas d’autres choix. Il s’avait que mal interprété, son action était proche de la traîtrise. Néanmoins, Il n’avait pas envie de se cacher. Ses actes étaient dictés par la raison et la volonté impérieuse de préserver son établissement de la faillite. Si Bô Takeshi et ses hommes s’interposaient dans la tractation, Shun prendrait le temps de faire entendre son point de vue : dépouiller le paria de ses terres et de ses ressources, le poussera sûrement à sortir de sa cachette. Après tout, priver un homme d’influence de tout support, de tout recours, il rampera vers vous pour vous demander le pardon… Sauf s’il a un tempérament têtu et orgueilleux, mais alors là… Seule la mort aura raison de lui.
Malheureusement, comme lui avait indiqué les gardiens de cette terre dévastée, le plus dur était encore à faire. En effet, le plus gros problème de Shun n’était pas de rejoindre la frontière, mais d’arriver à contacter l’homme dont la tête était mise à prix. Sa condition devait le rendre prudent et méfiant. Usant de l’une des affiches comme appât, le chevalier de l’Orgueil étira ses filets et prépara son piège. S’armant d’une quantité surprenante de nourritures et de patience, en l’espace de deux heures, il attira une dizaine d’enfants des rues qui passaient non loin de là. Le pacte était simple, faire rependre dans la ceinture un message, raccourci exprès pour rentrer dans les mémoires plus facilement : « Tenbu cherche Sen. Un marché. Nord. Zenith. Pleine Lune ». De plus, si le lendemain au même endroit, ils apportaient la preuve de leur travail, un autre repas les attendrait. Comme quoi, les restes de cuisines pouvaient trouver une nouvelle vie. Peut-être que cette idée pouvait être pérennisée… Une idée à creuser…
Cet acte désespéré laissa un goût amer dans la bouche du Shinnin, retournant lentement à son foyer. Ne pas avoir de personne de confiance dans ce lieu maudit, était un manque notoire. Il fallait absolument trouver un moyen de palier à cette absence de réseau. Il nota cela dans un coin de sa tête et se prépara à sa future entrevue. Fidèle à son engagement, il sera présent à minuit, le soir de la prochaine pleine lune à la frontière Nord de la Ceinture. Mais sera-t-il seul ? Ne s’était-il pas mis en danger pour rien ? Son acte égoïste, sera-t-il puni ou récompensé… Tant de questions hantaient l’esprit du pécheur.
Le Tekiya avait longtemps cherché une solution, notamment en contactant des boutiques similaires pour combler les pertes. Mais malheureusement, ces poissonniers avaient fait grimper leur prix de façon indécente et empêchaient l’humble prêtre de proposer un menu correct et équilibré à sa clientèle. L’autre voie possible était de récupérer les travailleurs, le réseau de ce Shinnin déchu et de les employer à son propre compte. La structure ne l’intéressait pas pour le moment. Cela pouvait certes être un investissement pour l’avenir, vu les prix bas du marché actuel, cependant s’encombrer d’un nouveau bien immobilier et le laisser végéter en attendant une période plus prospère, ce n’était pas dans la nature du croyant. Peut-être qu’en faire une antenne de l’église à long terme… Mais tout ceci restait flou et hypothétique. Pour l’heure, il devait prendre une décision.
Après avoir consulté l’avis éclairé de sa serveuse, Suzi, le patron décida d’aller voir ce « traître » et de marchander. Après tout, il se connaissait un peu à force de commercer. L’ancienne réputation de l’homme aux cheveux blancs le précédait, il pouvait se montrer retord dans la négociation. La prudence et la ruse étaient donc de mise. Préparant son plus bel habit, l’exorciste se déplaça jusqu’à la porte Nord et contourna la muraille pour atteindre la frontière extérieure de la Ceinture Noire. Dans son cheminement, il croisa des gardes et leur informa sommairement de ses intentions. Il tut notamment le nom de son contact et sa nature quelque peu fâcheuse. Si ces hommes de loi venaient à savoir ses intentions, ils risqueraient de le suivre et d’attaquer le criminel. Pour faciliter sa visite, il proposa à ses interlocuteurs de passer à sa taverne, un traitement particulier les attendrait. Soudoyer un soldat n’était pas aisé, mais il espérait que cela suffirait à faire taire quelques questions indiscrètes.
Le dévot culpabilisait d’employer de tels stratagèmes, pourtant, il n’avait pas d’autres choix. Il s’avait que mal interprété, son action était proche de la traîtrise. Néanmoins, Il n’avait pas envie de se cacher. Ses actes étaient dictés par la raison et la volonté impérieuse de préserver son établissement de la faillite. Si Bô Takeshi et ses hommes s’interposaient dans la tractation, Shun prendrait le temps de faire entendre son point de vue : dépouiller le paria de ses terres et de ses ressources, le poussera sûrement à sortir de sa cachette. Après tout, priver un homme d’influence de tout support, de tout recours, il rampera vers vous pour vous demander le pardon… Sauf s’il a un tempérament têtu et orgueilleux, mais alors là… Seule la mort aura raison de lui.
Malheureusement, comme lui avait indiqué les gardiens de cette terre dévastée, le plus dur était encore à faire. En effet, le plus gros problème de Shun n’était pas de rejoindre la frontière, mais d’arriver à contacter l’homme dont la tête était mise à prix. Sa condition devait le rendre prudent et méfiant. Usant de l’une des affiches comme appât, le chevalier de l’Orgueil étira ses filets et prépara son piège. S’armant d’une quantité surprenante de nourritures et de patience, en l’espace de deux heures, il attira une dizaine d’enfants des rues qui passaient non loin de là. Le pacte était simple, faire rependre dans la ceinture un message, raccourci exprès pour rentrer dans les mémoires plus facilement : « Tenbu cherche Sen. Un marché. Nord. Zenith. Pleine Lune ». De plus, si le lendemain au même endroit, ils apportaient la preuve de leur travail, un autre repas les attendrait. Comme quoi, les restes de cuisines pouvaient trouver une nouvelle vie. Peut-être que cette idée pouvait être pérennisée… Une idée à creuser…
Cet acte désespéré laissa un goût amer dans la bouche du Shinnin, retournant lentement à son foyer. Ne pas avoir de personne de confiance dans ce lieu maudit, était un manque notoire. Il fallait absolument trouver un moyen de palier à cette absence de réseau. Il nota cela dans un coin de sa tête et se prépara à sa future entrevue. Fidèle à son engagement, il sera présent à minuit, le soir de la prochaine pleine lune à la frontière Nord de la Ceinture. Mais sera-t-il seul ? Ne s’était-il pas mis en danger pour rien ? Son acte égoïste, sera-t-il puni ou récompensé… Tant de questions hantaient l’esprit du pécheur.