Il avait accepté, oui... Ça avait commencé par une blague, exposer l'ombre à la lumière, puis s'était devenu quelque chose de réel... de tangible. « Ishida Zaraki, nous avons réservé le Théâtre de la Demi-lune pour une prestation spéciale et... tu en fais partie. Voilà pour toi l'occasion de te faire connaître auprès du clan Tsukuri et... d'affronter ta peur. » Le mot n'en disait guère davantage. Obéissant, il s'y résigna.

Ce soir, à la tombée du jour, ils feraient face à la foule... lui et Watanabe Dodo, un des membres de l'élite combattante d'Asatsuyu no Sato. Un spectacle censé rapprocher les clans. Visiblement, ses supérieurs avaient le goût du spectacle... l'envoyer lui, ici, pour ça... Du ridicule! Ishida n'avait pas les armes, n'avait pas le courage ou l'envie de s'exécuter.

Le signal fut donné et les gens, mis au silence. Ishida Zaraki pénétra sur la scène, il était vêtu d'une longue robe noire pour le moins atypique et d'une dague à la ceinture. Il passa une main dans ses cheveux, ramena une mèche vers l'arrière, se caressa la nuque. Il n'osait pas regarder la foule, ça lui était insupportable. Il ne supportait pas d'être exposer ainsi au monde, lui qui préférait la douceur de l'obscurité.

S'ils voulaient du spectacle, ils en auraient.

L'alchimiste se sentait sale, de nouveau souillé. Ces regards, ces rires, il les haïssait Zaraki devait se ressaisir, s'accrocher... tenir bon.

Soudain, Dodo fit son apparition sur scène, un bandeau sur l’œil. Un jeune homme costaud, vigoureux. L'alchimiste sourit, son acolyte masculin avait l'air tout aussi son aise. Atteignant les méandres de sa psyché, l'alchimiste, d'un simple mudra, établit une connexion avec le membre du clan Tsukuri. « Ha! Ha! Une situation pour le moins saugrenue, il faut se l'avouer. Je crois que nous sommes les victimes silencieuses d'un spectacle improvisé. Je ne v... »

Il n'eut pas le temps de finir qu'on l'interrompit. « Bienvenue! Bienvenue! Ce soir, pour l'amour du spectacle, de la fantaisie, mais surtout pour célébrer cette nouvelle initiative (celle de collaborer davantage avec les autres clans), nous avons l'honneur de vous présenter Watanabe Dodo du clan Tsukuri et Ishida Zaraki du clan Kodama. Ils s'affronteront sur scène, devant vous, pour votre plus grand plaisir! Et que le meilleur gagne! »

Quoi? Que venait-il de se passer? Voilà, l'alchimiste se retrouvait dans une sacré posture et la foule s'en délectait déjà. Ici et là, on pouvait entendre les applaudissement, les cris d'excitation. C'était pitoyable. Oui, pitoyable. Le clan l'avait décidément envoyé en pâture, réduit au grade de chair à canon...

Il posa une main sur sa dague, fragile. Que devait-il faire? L'attaquer en premier, se préparer à esquiver, encaisser? Devait-il... oui?! Il joignit les mains et composa quelques mudras avant de disparaître sous un nuage de fumée. Soufflé par l'excitation ambiante, le petit nuage laissa place à une belle femme aux cheveux blancs, immaculés. Elle ouvrit les paupières, ses cils étaient longs et recourbés... une beauté comme on voyait peu. Une taille toute aussi fine que la précédente, mais un buste légèrement prononcé. La belle alchimiste fourra un doigt dans sa bouche, le suçant doucement.

Retournant à l'esprit de son comparse, elle lui souffla doucement « Alors, tu veux jouer avec moi? Tu veux faire des bêtises? Ha! ha! »

Technique utilisée:

Il... Elle... était prêt. Zaraki, sous cette forme, avait trouvé le courage nécessaire. Il ferait face, donnerait le spectacle qu'ils attendaient tous, un spectacle qu'ils... n'oublieraient pas. La vipère se balançait, une main posée sur la taille, le dos légèrement courbé. Elle se voulait aguichante... séduisante... vulgaire... bandante! Oui, c'était ça. L'alchimiste devait le déstabiliser au maximum s'il espérait tenir un laps de temps décent pour satisfaire le plaisir de l'auditoire. Un plaisir qu'il trouvait tout aussi cruel.

D'un pas lent, sensuel, elle s'approcha du jeune homme, s'arrêtant toutefois à mi chemin. Elle attrapa sa dague par la poignée, l'extirpa de son fourreau délicatement, avec douceur et bienveillance, un peu comme si le temps lui appartenait, puis au dernier moment... la laissa tomber au sol. Quelle cruche!

Un lourd silence plana sur l'assemblée avant qu'on se mette à beugler, à la huer. C'est alors qu'un sourire s'afficha au coin de sa bouche en cœur. Elle tourna la tête vers les estrades et d'une fluidité presque anormale, roula son corps jusqu'au sol où elle attrapa son arme de prédilection.

« Alors... dis-moi... tu veux en voir davanage? Ha! Ha! » Souffla-t-elle à Dodo avant de pivoter d'un trait et de s'élancer vers le jeune homme, dague en avant.

Technique utilisée:

La foule se plaisait bien, c'était audible. Les courbes généreuses de l'alchimiste accompagnées des compétences au combat de son acolyte masculin suffisait à contenter ces fous. Ils avaient donc le spectacle qu'ils voulaient. Pour Zaraki, la vipère avait pris le dessus. Il était toujours là, évidemment, mais toutes ses peurs se voyaient inhibées. Il faisait bon d'être soi-même! La déesse à la chevelure sainte avait pourtant sous-estimée son adversaire qui, d'un simple geste de la main, avait dévié son attaque du pommeau de son arme. Si la vipère croyait que sa beauté suffirait à dominer le jeune homme, elle se trompait carrément. Elle était dans la merde.

Ok, elle était dans la merde, mais rien n'était encore perdu. Après tout, elle aurait peut-être une ouverture, l'occasion de racheter ce coup manquer. De toute façon, elle n'était pas pressée. La foule apprécierait leur lenteur... leur jeu d'acteur. Il fallait le voir pour le croire, mais ce combat inopiné avait rassemblé une foule monstre au dans l'enceinte du théâtre. D'une pensée très éveillée, le télépathe se dit que cet engouement déplacé risquait de créer un précédent. En effet, il avait peur que cela devienne périodique. Il se voyait déjà en tête d'affiche, le visage couvert de tout et n'importe quoi. Non! Non! Il ne le supporterait pas.

Soudain, il fut tiré de sa rêverie par le bond de gymnaste du Dodo qui s'envola de l'autre côté de l'espace. D'une parole à enflammée les gens, il composa une série de mudras et en moins de quelques secondes, trois nouveaux Dodo s'étaient joint aux festivités.

La belle assassin prit le temps de les observer, le faciès fermé, concentré. Ils étaient tous identique! Comment ferait-elle pour distinguer le bon du mauvais?

Dague en main, elle fit quelques pas, regardant chacun des hommes dans les yeux. Alors, elle s'avança vers l'un d'eux en levant sa dague, composant de l'autre main une série de mudras. Au dernier moment, elle bondit sur l'homme qui se trouvait à gauche de celui-ci, dague en avant!

« Ha! Ha! Très cher, ce genre de tours ne fonctionne guère avec moi. »

Résumé:

La diversion avait fonctionné, la Vipère avait touché sa cible. « Eh bien, mon loup... on a du mal à esquiver mes attaques? Ha! Ha! Ha! Tu l'avais pas vu v'nir celle-là, j'me trompe? » Souffla la belle Sainte à l'esprit de son adversaire et collègue. Après tout, n'étaient-ils pas acteurs... à cet instant précis?

Sourire aux lèvres, la belle ne put s'empêcher de rire... elle en braillait presque. Soudain, alors que la troupe de Dodo adoptaient une position défensive, le faciès de la femme changea... devint stricte, sévère. Se retournant vers la foule en délire, elle exécuta une révérence digne des grandes maisons, un geste qui détonnait avec son attitude de jeune garce.

La Vipère se retourna au moment où l'soldat revenait à la charge. Enfin, deux membres du quatuor seulement. L'un d'eux s'approcha en sa direction et tenta de lui asséner un coup de poing qu'elle évita sans trop de difficulté. Non, mais... pour qui la prenait-il celui-là? Sourire malin, elle souffla « Ha! Ha! Tu penses vraim... » L'alchimiste n'eut pas le temps d'finir sa phrase qu'un second Dodo au buste bombé lui tomba dessus. Elle n'avait pas porté attention au deuxième homme et c'était une grave erreur. Sous le poids imposant de l'homme qui venait de s'abattre sur son corps fragile, deux côtes se brisèrent chez la jeune femme, ce qui lui fit pousser un cris strident, quoi qu'étouffé par ses cordes vocales atrophiées! « Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh! » Ce putain de colosse ne l'avait pas manqué. Toujours au sol, elle comprit que son attitude jusqu'à présent démente, devait changer. « Hey... mon loup! Tu sais... aĩe... faudrait penser à jouer moins rudement, non? Je n'suis qu'une pauvre femme après tout. »

Était-ce encore un piège ou le début d'une trêve arrivée trop tôt?

Son opposant venait de lui poser une excellente question et celle-ci réveilla aussitôt quelque chose en lui. Un visage, un souvenir, son... visage. Soudain, la femme aux proportions généreuses perdit tout humour. Son visage se figea, se glaça. Il... Elle... reprenait doucement le dessus. Zaraki était bouleversé. Il était allé trop loin, il ne devait pas reculer, il ne le pouvait pas. Ainsi, il conclu que sa seule chance reposait entre les mains de sa collègue. Cette fois-ci, il n'abandonnerait pas les rênes comme il l'avait fait précédemment. Il garderait le contrôle sans pour autant blesser sa psyché. Le colosse avait raison, c'était un spectacle qu'ils voulaient. Après, rien ne les empêchait de coordonner leurs techniques de manière à éviter les blessures.

« Hey! L'gros malin... T'as un p... » La belle sainte s'arrêta net, souffla. « Ok, t'as raison. Ce qu'ils souhaitent, c'est un spectacle d'abord et avant tout. En ce qui me concerne, je ne peux changer mon apparence, pas maintenant. Je t'expliquerai peut-être un jour, mais pas ici. » Dit-elle au jeune Dodo via leur lien télépathique. « Écoute, je te propose de coordonner nos attaques de manière à leur offrir un spectacle de qualité, sans pour autant aggraver nos blessures. J'sais bien, c'est se fier à ma parole, mais je ne sais pas quoi t'proposer d'autre et pour être honnête... je ne crois pas pouvoir maintenir se rythme très longtemps. » En effet, l'attaque du jeune guerrier l'avait blessé grièvement, elle n'était plus en mesure d'éviter ce genre d'attaque.

« Putain! Ah! Ah! J'me suis bien fait baiser. » Pensa-t-elle, un sourire au coin des lèvres. « Alors... que penses-tu de cette idée? Que faisons-nous maintenant? » Lui lança-t-elle avant de se relever péniblement, une main sur les côtes. Son visage angélique était crispé par la douleur.

La belle folle à la chevelure sainte se tenait là, au milieu de la scène, un sourire sadique meurtrit par la douleur... les os fracturés. Les paroles de son nouvel allié lui plurent particulièrement. Si bien que la jeune femme pouffa de rire. « Oui, oui, mon joli... bien plus coopérative. » Le Watanabe avait raison, il était difficile pour elle de le nier. Toutefois, elle préféra conserver les apparences, tant physique que psychique afin d'accomplir ce pourquoi on l'avait envoyer ici.

Se donner en spectacle, visiblement... « Ah! Ah! Regardez-le, qui fait son boss! T'as peur d'une femme? » Oui, elle jouait bel et bien encore le personnage. Si l'alchimiste avait refait surface un bref instant pour lui insuffler un once de bon sens, il s'en était allé. Enfin, il n'était jamais bien loin. Disons qu'il s'agissait de la conscience tranquille de cette hybride, mi homme, mi femme.

« Noté beauté! »

Les trois clones foncèrent sur la vipère qui laissa le premier clone passé, évitant de justesse un coup de poing au visage, puis passa sa lame sur le torse du second clone qui lança une giclé de sang qui fit s'exclamer la foule. « Putain de sauvages! » Pensa-t-elle avant d'enchaîner dans son exécution. Alors que le troisième clone était sur le point de descendre sur elle un coup de marteau de son pied, elle poussa ce dernier vers le haut de manière à faire tomber sur le dos la copie du jeune homme. D'un regard joueur en direction du réel Dodo, elle giffla la copie avant de faire un pas en arrière. La foule implosa et les rires fusèrent de toute part. Décidément, les deux élus savaient comment faire un spectacle.

Elle attendait que la copie se relève pour gérer la suite de la danse.

La vipère et son bel allié donnaient toute une performance! Les deux artistes avaient décidément un avenir sur la scène, le talent les avait marqués.

Pour Ishida Zaraki, ce combat devait cesser. L’inconfort était complet. Aurait-il pu s'imaginer là, déguisé en putain, les côtes fracassées? Ah! Ah! Pas du tout. Néanmoins, les chapitres précédents n'avaient pas manquer de souligner sa présence des plus utiles, lors d'affrontements de toutes sortes.

La psychopathe avait encore du pain sur la planche. Un clone était toujours de la partie et l'originel... aussi. La vipère, tout sourire, regarda le doublon se relever, il était vénère. Ce dernier, comme son maître, jouait parfaitement la comédie. Alors que la copie s'avançait vers elle à toute allure, prétendant lui asséner un coup d'estoc en pleine poitrine, elle entendit de nouveau la voix de son bellâtre et esquiva au dernier moment la lame de son assaillant qui vint toutefois lui effleurer la surface de la joue. Une larme de sang coula de cette entaille peu profonde et la foule retint son souffle une seconde. Elle l'avait échappé de peu. Était-ce suffisant pour leur faire réaliser à quel point ce jeu était barbare? Espéraient-ils que l'un d'eux décèdent en ces lieux? Tout cela était complètement insensé.

Tournant sur elle-même, l'alchimiste se retrouva face à face avec le véritable Dodo qui manqua de l'envoyer valser dans les limbes. Elle perdait du terrain, la douleur additionnée à la fatigue la ralentissait terriblement. Très vite, ses côtes brisées finiraient de la mettre KO.

« Écoute, je ne tiendrai pas encore longtemps à ce rythme... mes blessures ont besoin d'une attention médicale. J'te propose de finir ça en beauté mon loup, d'accord? Il faut penser à quelque chose de spectaculaire! »