Des gouttes de sueur, une montée de chaleur insoupçonnée et des troubles de l’équilibre éprirent bien vite ses humeurs. Un animal jeté en cage, était aussitôt diminué. Il se retourna de nombreuses fois vers la sortie, pensant à regagner l’extérieur d’une trouée forcenée, mais ses mouvements étaient bloqués par une intuition qui l’incitait toutefois à rester ici. Alors il fallait trouver une solution de chasse, un positionnement tactique efficace qui allait lui permettre de guetter les dangers, tout en évitant de s’exposer.
Dans la nature, les traques étaient souvent composées de parties mentales dans lesquelles la proie et le prédateur cherchaient à intervertir les rôles, respectivement, par des stratégies de placements particulières. Cependant, qui était l’ennemi ici ? À vrai dire… tout le monde. Sous ce plafond noir, que les lumières n’éclairaient presque plus, ils et elles représentaient des menaces potentielles qu’il allait forcément finir prendre pour cible, tôt ou tard, à mesure que son instinct de survie accédait à ses réflexes. Il détestait l’exiguïté de l’ambiance.
Encore et toujours, l’essence même de la ville se retranscrivait dans ces lieux de civilisation, de regroupement, d’interactions forcées, et Wu-tang, pauvre de lui, la subissait de plein fouet. Les parfums n’avaient même plus d’identité claire, les couleurs se fondaient dans une teinte grisâtre, les mouvements s’entremêlaient, comme dans une noyée de serpents… Tout se mélangeait inlassablement. Il devait, à tout prix, trouver un moyen de respirer avec plus d’amplitude. Sinon un drame allait se produire.
Il s’éloigna rapidement des attroupements, qui, comme des éclosions purullentes, apparaissaient à chaque coin d’avenue, et s’évertua à éviter tout contact avec le reste des gens masqués. Malgré sa forte odeur, ce musc puissant qu’il ne pouvait cacher, il se faufila, avec une discrétion féline, entre les badauds, les marchands et les miliciens, cherchant à ne pas être arrêté dans sa quête d’espace.
Cette bête alla finalement se lover dans les plus grandes hauteurs de l’édifice, perchée, à l’abri des regards indiscrets. D’un bond, elle était parvenue à grimper au rebord d’une fenêtre, puis avait escaladé jusqu’à toit sur trois pieds-mains, et avec la même dynamique, s’était ensuite suspendu aux poutres qui maintenaient la tente géante pour les gravir jusqu’au bout. Tel un chat, il avait franchi plus de trente mètres de haut en quelques instants, sur des prises improbables et dans une souplesse invraisemblable. Sa mobilité était folle et la plupart des passants qui l’avaient vu faire, s’étaient aussitôt frottés les paupières en se demandant combien de litres de liqueur de riz ils avaient bu.
***
Wu-tang était désormais à sa place, mais il ne fallut seulement que quelque minutes pour que la situation, en-bas, donne raison à sa prise de recul. Un cri aigu avait subitement grincé depuis l’autre côté de la foule, et petit à petit, d’autres, plus feutrés, plus sourds et surtout, plus nombreux. La foule se mit à gesticuler, en délire, et à se subdiviser en de larges colonnes qui venaient se heurter dans leurs rondes. Les gens, attachés à leur petite vie, se piétinaient pour essayer se sauver, vainement. Le sauvage esquissa un sourire mesquin en constatant les dégâts que l’agglutinement des individus dans un endroit aussi petit avait aisément causé, et s’avança, crocheté du bout d’une main à une poutre porteuse, comme un singe habile, en direction de l’épicentre des perturbations.
En jetant des brefs coups d’œil à ce qu’il se passait au sol, Wu-tang distingua quelques comportements de groupe intéressants, dont les mouvements de frénésie différaient du commun des mortels. Certains allaient se réunir pour se protéger, d’autres entamaient des préparatifs au combat, d’aucuns pensaient même à sécuriser les lieux. En outre, il y avait également ceux qui, comme Wu-tang, semblaient se diriger vers le feu d’où provenait la fumée. Cela pouvait peut-être signifier quelque chose. Toutefois, pris dans son élan, il ne tint compte de personne et continua à focaliser son attention sur les senteurs de fer, de sang, qui remontaient vers lui. S’il y avait de quoi faire beugler cette masse, cela ne laissait pas planer l’ombre d’un doute : il devait y avoir eu des morts, au moins des blessés. Même un animal comme ce gladiateur le savait et justement…
Compte tenu de sa perspective de rapace, il ne lui fallut pas beaucoup de gestes pour parvenir à trouver le cercle des confrontations.
— Intéressant… lâcha-t-il en repérant une poignée d’individus debout au milieu d’un regroupement de cadavres. Trèèèès intéressant… Quelques membres du groupe s’amusaient à tuer des passants. Trèèès très trèèèèèèèèèèèèèèès intéressant…
Une jubilation délicieuse fit frémir son épine dorsale. Il était à présent en transe. Tout au long de la soirée, il avait combattu contre lui-même pour ne pas sombrer dans la folie que la contiguïté, que la finitude de cet ensemble de draps qui couvrait les cieux, lui suggérait et à présent, il avait enfin la possibilité de se déverser, de se détendre. Le Dieu de la Guerre l'aimait éperdument, il l'ensevelissait de plaisirs dérobés, il le gâtait d'une chance incroyable. Wu-tang commençait à pétiller, à crépiter, intérieurement.
Avec une agilité de panthère, d’une jetée sans bruit, sans mimique ostensible, il descendit d’un niveau pour atteindre une distance convenable, atterrissant à nouveau sur les toits, et toujours en hauteur, commença à chercher, dans un étui qui ceinturait sa cuisse, un kunaï bien aiguisé. Une cheminée allait suffire pour lui permettre de se cacher le temps de sa petite préparation, il suivait son ombre en marchant sur la ligne de la toiture avec le bol de ses pieds. En s’accroupissant pour sécuriser son coup et en s’approchant doucement de ses proies, il analysa la trajectoire et la régla avec une précision d'orfèvre.
— Voyons voir si cette soirée est bénie… se susurra-t-il, à lui-même, en faisant crisser la lame du coutelet d’un pincement d’ongle pour en tester le couperet. Un regard en coin guettait toujours la scène en contrebas.
Dès la fin de sa phrase, il se décala légèrement pour projeter la mort, d’un revers vigoureux, convaincu, en visant la nuque, nue, de leur membre le plus excentré. Il avait fini par se jucher sur le bâtiment le plus près de l’action, mais il se concentra pour guider son lancé jusqu’à bon port, en prenant le soin d'insister sur la rapidité de sa trajectoire.
Cependant, incorrigible chercheur de guerre, Wu-tang décampa, sans chercher à maintenir sa position, sans même confirmer l'efficience de son attaque. D’un saut vertigineux, il alla écraser la terre, à quelques mètres de ses nouveaux camarades de jeu, dans un bruit tonitruant qui percuta toute la salle. Une véritable détonation de puissance. Son corps, pendant la chute, s’était totalement ouvert, pour épouser la puissance de la gravité et s'était, par la suite, replié afi de retomber tout en dégainant son katana, d’une vrille contrôlée. Sa réception s'était faite sur une flexion de genoux, le visage légèrement abaissé. Elle avait brassé une petite vague de vent. Lorsqu’il releva son faciès, une expression démoniaque semblait s’y être cicatrisée, un sourire plein, qui tirait sa gencive, et des yeux écarquillés, injectés de malices.
Sa bouche gloutonne s'ouvrit... dans un râle profond.
— COMBAAAAAAAAAAAAT !!! hurla-t-il, possédé. Sa voix fit grésiller les tympans alentours, tant elle avait pénétré sur le champ de bataille à la manière d'une onde de choc. Une aura bestiale, carnassière, s’échappait à profusion de son corps. Il fumait, il brûlait. C’était comme si les flammes avaient pris possession de lui.
- Spoiler:
Chakra : Très bon état (1C).
Santé : Parfaite.
Résumé : Wu-tang s'est perché pour prendre l'air et a assisté à toute la scène depuis les hauteurs. En arrivant, il lance un kunaï en pleine tête du plus excentré, sans se faire remarquer, pour arriver et combattre en ayant déjà commencé à les déstabiliser. Il saute, ensuite, juste derrière eux et jubile en attendant l'affrontement.
Technique(s) employée(s) :CKAKKI (活気 ⸺ Vivacités) SimpleBukijutsuWu-tang lance un projectile sur une zone précise du corps de la cible, avec rapidité, mais causant des dégâts minimes.
Arme(s) utilisée(s) : 1 kunaï.