Une idée trottait dans l'esprit du borgne depuis quelque temps maintenant. Bien avant les événements funestes qui avaient marqués le village et les esprits. Cette idée remontait, en fait, à sa rencontre avec Tsukuri Jojiro. Lors de cette rencontre, qu'il avait attendue et espérée durant toute son enfance, il avait pu remarquer à quel point l'équipe des Oni souffrait de l'apparition de cette énergie nouvelle, le chakra. L'apparition de pouvoir en tout genre avait, complètement, redistribué les cartes pour le Bokusoumari. Une équipe de non-affin au chakra, comme les Oni, était voué à disparaître pour laisser place à l’émergence de joueurs, moins expérimentés certes, mais avec une polyvalence et des capacités bien supérieur. Il ne faisait aucun doute qu'avec les Épreuves de cette année, les Oni seraient de l'histoire ancienne, du moins s'il ne remaniait pas leur effectif.

Le Watanabe aurait pu, et aurait voulu, être de ceux qui redorent le blason de cette équipe. Jouer sous les couleurs de cette équipe légendaire, avec leurs fameux masques qui instaurait la terreur dans les esprits de tous leurs adversaires. Mais sa rencontre avec Jojiro n'avait pas tenu ses promesses. Les réactions et questions maladroites, la remise en question même de l'équipe, tout ça avait fermer l'accès à cette équipe pour le borgne. Il avait alors mis de côté le Bokusoumari, dans l'idée de simplement rester supporter, sans jamais fouler le sable du stade pour disputer un match officiel. Mais une petite partie de lui, qui ressortait de plus en plus, avait eu cette petite idée, cette illumination, ce désir. Composer sa propre équipe.

Avec les récents événements et les préoccupations multiples du jeune homme, que ce soit celles de l'esprit, ou celles de la prise de fonction en tant que Main du seigneur Izaya, l'idée était tombée aux oubliettes. Mais avec les Épreuves qui arrivaient à grand pas et ces inconnus du "Toit du Monde" disposant d'une force redoutable, à n'en pas douter, l'idée refaisait surface. Plus encore, elle allait prendre vie. Encore une nuit sans sommeil guettait le jeune homme. Mais cette fois, les cauchemars ne gagneraient pas, il allait mettre ses insomnies à profit de sa nouvelle idée. Se servant de tissu et de parchemins, il bricola de nombreuses affiches, passant la nuit sur ce projet. Le crépuscule matinal pointait, petit à petit, le bout de son nez. les affiches étaient prêtes, mais la matinée semblaient, dores et déjà, bien chargée.

De par sa nouvelle position au sein du clan, ses homologues Watanabe s'étaient quelque peu rapprocher de lui, par intérêt dans l'esprit du jeune homme. Mais une main d'œuvre des plus efficace et déterminée s'offrait à lui. Un Watanabe ne s'arrête, que lorsque sa mission est accomplie. Les affiches étaient donc transmises à ses artisans, improvisés colleurs d'affiche et crieurs publics pour l'occasion. Le Quartier des Arts allait être rythmé par l’émergence de cette idée.

-" Élus, mercenaires ou encore amateurs de Bokusoumari. Watanabe Dodo, Main du seigneur Izaya, convoque les plus courageux, les plus déterminés et les plus ambitieux à rejoindre le Stade de l’Épreuve, lorsque le soleil atteindra le plus haut point dans le ciel. Une nouvelle équipe de Bokusoumari se forme, une place est vacante, venez saisir votre chance d'entrer dans la légende."

Un discours aguicheur, bien loin des tournures de phrases habituelles du borgne, ne s'adonnant pas souvent au brossage de poil. Après tout, ce n'était pas lui qui avait décidé de ses formulations, mais elles étaient plutôt le résultat d'un travail de concert entre les deux femmes de sa vie, sa petite sœur, Eiko, et sa mère, Anzu.

Alors que, de bon matin, les membres du clan Watanabe s'adonnaient à leur mission du jour, avec l'envie et la hargne qui les habitaient, Dodo avait une autre idée en tête. Car oui, le discours des crieurs publics, mentionnait bien une seule place vacante, pourtant tout le monde connaît les règles, et ce sport emblématique se joue en équipe de trois. Le borgne avait déjà un partenaire taillé pour l'occasion. Un partenaire avide de challenge, à la puissance quasiment inégalable -par les autres membres du clan- et à la vitesse dépassant largement les capacités naturelles. Bien entendu, son camarade sauvage, Inka, allait composer cette équipe. En soit, le prendre en tant que partenaire était un pari risqué, ne parlant pas la même langue, le primate devait être bien loin de connaître les règles de ce sport. Mais le borgne avait parié dessus, il trouverait bien un moyen de lui faire comprendre les tenants et aboutissant du Bokusoumari.

Habillé de ses nouveaux tissus, fabriqué pour l'occasion, ainsi que de son insigne de Main piqué au niveau de la poitrine, Dodo se mit en marche. L'heure de cette sélection allait bientôt arrivée, il espérait voir du monde, du moins plusieurs candidats potentiels. Il avançait alors en direction du Stade de l’Épreuve, les yeux des badauds et des nobles rivés sur lui, sa démarche rythmée par les cris de ses homologues de clan. Avant de rentrer directement au centre du Stade afin d'attendre l'arrivé des potentiels courageux, le Watanabe entra par la petite porte, celle donnant directement sur les quartiers consacrés aux gladiateurs. Ces nouveaux quartiers, sous le Stade, avaient été fabriqués il y a de cela quelques temps, depuis que les hautes instances Tsukuri avaient jugées bon d'ouvrir les portes du Stade à de nombreux habitants de la Ceinture, afin de les entraîner en tant que gladiateur et de les alphabétiser.

Mais le sauvage ne se mélangeait pas au reste des combattants, non, trop dangereux pour eux. Dans une pièce à part, conçue pour héberger l'arme des Tsukuri, autrefois esclave, le sauvage était là, attendant patiemment d'être libéré de sa cage dorée pour entrer dans l'arène. Le borgne se posta au niveau de la porte, même pour lui, réveiller le fauve était un mouvement risqué. Il restait au niveau de cette dernière, à bonne distance du sauvage, simple mesure de précaution.

-"Hmmmmhmmmm."

Un gros raclement de gorge devrait suffire afin de sortir Inka de sa torpeur. Après cela, il lui expliquerait les règles, sans problème, mais pour l'instant les deux nouvelles têtes de cette nouvelle équipe devaient remonter au cœur du Stade, les premiers valeureux allaient bientôt arriver.

Dès le départ j’avais su que ce serait difficile de s’adapter à cette nouvelle vie. Loin de notre ancien quartier, de notre ancienne maison. La majorité du Clan Aoki nous avait suivi dans notre exile, mais ce n’était plus la même chose. Nous ne travaillions plus pour le Clan Shinnin et il fallait qu’on s’y habitue, qu’on s’intègre chez les Tsukuri. En un sens, c’était déjà le cas pour la majorité d’entre nous : les artisans l’étaient restés et les mercenaires travaillaient maintenant pour un autre employeur mais faisaient toujours la même chose. C’était juste le lieu qui avait changé… J’avais même gagné en grade dans l’échange.

Pourtant je ne me sentais pas à ma place. J’avais l’impression que c’était mal qu’on se trouve ici et que nous aurions dû rester parmi les nôtres… De plus, je n’avais rien à faire pour l’instant. Rien qui puisse m’occuper l’esprit. C’est pourquoi j’avais décidé de me promener dans les rues du Quartier des Arts. Si je voulais m’intégrer, je devais commencer par connaitre les lieux.

Ce fut donc totalement par hasard que mes yeux se posèrent sur une affiche. Un nom avait attiré mon attention : Wanatabe Dodo. Il s’agissait de l’homme au côté duquel j’avais combattu lors de l’invasion. Il était l’une des rares personnes que je connaissais chez les Tsukuri avant de les rejoindre. Je lus donc l’affiche plus en détail. Il cherchait quelqu’un pour rejoindre et compléter son équipe de Bokusoumari. Il ne cherchait qu’une personne, ce qui signifiait qu’une des places était déjà prise.

Je ne réfléchis pas plus longtemps et pris la décision de me présenter ! C’était à la fois une bonne occasion pour m’intégrer dans mon nouveau Clan mais aussi de me changer les idées. De plus, selon mes estimations, j’avais toutes mes chances d’être pris étant donné mes capacités actuelles. Bien entendu, il y avait des gens plus forts ou plus rapides que moi. Mais quelles étaient les probabilités qu’ils se présentes aussi ? Faible, je l’espérais. Et puis, je m’étais bien battus aux côtés de Wanatabe-san, peut-être que cela jouerait en ma faveur en cas d’égalité…

Je me dirigeai donc sans plus tarder vers le stade de l’Épreuve. C’était là qu’avait lieu la sélection. Il était encore un peu tôt, mais je préférais me montrer en avance pour être sûr qu’il ne commence pas plus tôt. Être en retard aurait signifié la mort prématurée de ma possible carrière de joueur de Bokusoumari. Et ça aurait été vraiment dommage…

De douces effluves s’échappent des quartiers de l’Arme Tsukuri. La bête est choyée, chouchoutée, ses désirs sont comblés, quant bien même il ne partage pas la langue de ses geôliers. Un raclement de gorge, devant sa porte, lui fait quitter sa torpeur. Allongé dans un lit à baldaquin, sa chambre a tout d’un lendemain de fête légendaire. Son corps n’est pas seul, diverses courbes, appartenant à une plâtrée de femmes, couvrent sa musculature saillante. L’animal s’est bien amusé. Elles se sont bien régalées. Une touche d’exotisme dans leur morne vie de femme de noble. Elles s’en souviendront.

L’homme libre hume l’air. Il reconnaît l’odeur de son comparse de toujours. Un sourire pique son visage. Il se dégage de cet amas de chair juteuse. Le devoir l’appelle, mais pour quelle mission ? La créature pue l’alcool, de nombreux litres ont été ingurgités. Son endurance effroyable lui permet de tenir debout, alors qu’un homme normal serait dans les vapes. Débrayé, à moitié-nu, un sourire niais, un sanglier cuit vif à la broche dans une main, le Banmin ouvre la porte.

Ses déboires sont à peine cachées. Comme tout homme cherchant à fuir un passé qu’il regrette, Inka s’est jeté à bras ouvert dans l’alcool. En l’occurrence, pour son cas, il n’a pas participé au combat des portes Nord et il a perdu face à un lion. Une honte inadmissible pour le guerrier à l’ego et l’honneur surdimensionnées.

« Do...do. Mi..zion ? »

L’animal croque dans la chair froide du sanglier. Un croc y arrache de quoi nourrir un adulte bien portant, cela ne lui est pas suffisant. Le Watanabe a bien évolué depuis leur dernière rencontre. Le limier de Kurogane s’approche de son acolyte de toujours, de son index il tapote l’insigne de main sur le pectoral du forgeron. Cela l’amuse, il rit. Il est complètement mort à l’alcool. Une mélodie résonne dans sa tête. Il se met à danser des pas hasardeux tout en lâchant des petits grognements caractéristiques.

Le binôme légendaire remonte, ensemble, les escaliers du Stade. Que va-t-il devoir bien détruire aujourd’hui ? Un alchimiste zélé ? Un marchand sans humilité ? Un combattant aguerris ? Le singe à hâte. Son corps le montre pour lui. Il vit sa meilleure vie. Lâche ses meilleurs mouvements d’épaules, des petits pas de danse exotique. Un petit moonwalk par ci, un autre par là. Il est le roi de la piste, le flambeur. Il n’a jamais montré pareil comportement. L’ambroisie le désinhibe. Le soleil lui pique les yeux. Il reprend un morceau de sanglier puis tends la broche vers l’Ogre. Le Stade s’offre à lui, ses yeux ne voient pas les nombreuses têtes face à lui. Seul son odorat lui permet de se repérer.

Tant d’adversaire pour lui, il va bien s’amuser.

Des affiches un peu posées partout dans le Quartier des arts et ses alentours, des affiches qui concernaient en vu de l'épreuve du Bokusoumari, une épreuve qui consiste à jouer avec un ballon et de marquer des points en les lançant dans des anneaux. Un peu comme un Basketball mais sauf que dans cet univers cela n'existe pas. Ses affiches ne passaient pas inaperçus comme étant souhaité par le commanditaire de cet affiche. La vieille ville avec le bon nombre de crieur au mètre carré dans le kiosque, une annonce de ce genre allait vite passer sous l'oreille curieuse de la jeune femme qui dans la journée passait à la vieille ville pour entendre les divers ragots des différents crieurs de la cité. Sachant cela, l'idée de pouvoir faire équipe avec une personne déjà assez reconnu au sein d'Asatsuyu pouvait être un bénéfice pour la bretteuse, qui elle souhaitait de briller aussi sous les projecteurs. Puis c'était concernant les Épreuves, donc cela ne pouvait aller que dans son sens si elle obtenait la place au sein de l'équipe.

La journée où les divers guerriers et guerrières devaient se présenter au sein du Stade de l’Épreuve, celle-ci se présentait parmi les divers combattants. C'est donc au zenith que la blonde finira par se pointer au lieu de rendez-vous, comme demander par l'Ogre dans son affiche. Peu à peu à travers les coulisses du stades, cette dernière pénétrait les lieux pour se faufiler dans la petite masse de participant à la sélection comme elle pour dégoter la dernière place de l'équipe. Son regard dévisageait sur les divers individus qui ont mis leur nez dans ce stade pour la même raison qu'elle, certains plus jeunes que d'autres, certains plus spéciaux que d'autres. Un peu de diversité il y avait-il, tant bien que la majorité restait des hommes. De nos jours rien de plus normal, de toute manière celle-ci s'était habituée à la présence masculine au dépit de la présence féminine. Les guerriers sont en majorité des hommes en raison que ces derniers développaient des muscles et force saillante plus rapidement, tout ça grâce à l'hormone de la testostérone. Mais passons.  

Par la suite, la jeune blonde terminait ses diverses observations des combattants autours d'elle pour s'attarder sur les deux principaux qui se tenaient face à elle et aux participants. Les deux là étaient un peu des petites vedettes du clan Tsukuri, difficile de ne pas les connaitre quand dans le cas de la femme quand on côtoie le Stade de l’Épreuve souvent. L'un était un esclave ou voir une "arme" selon certains dire, un sorte d'homme dont l'évolution a cessé entre-temps, tandis que l'autre fut considéré comme la main même du clan Tsukuri. Le primate et l'Ogre. Qu'en est-il de la suite, qui sera le 3ème individu ? Le moment était venu pour savoir comment départager les individus.

-" Woaw."

Fut la seule réaction du borgne face à la vue que lui offrait le sauvage. Visiblement, l'ex-esclave profitait de son statut privilégié auprès des Tsukuri. Des femmes semblaient terminer leur nuit, dans le plus simple appareil, tandis qu'une forte odeur d'alcool sortait de par cette porte que venait d'ouvrir Inka. Et que dire de lui. Il enchaînait les pas de danses, croquant, de temps en temps, dans ce sanglier transpercer par une broche qu'il tient dans une de ses mains. La surprise frappa le Watanabe, alors qu'un sourire moqueur apparaissait sur son visage. Quel changement.

-" Et bah, je vois que tu te familiarises avec la vie civilisée Inka."

Un rire sincère échappa du borgne, amusé par cette situation. Le borgne, qui pensait se retrouver face au caractère sauvage de son camarade après l'avoir sorti de sa torpeur, se retrouvait finalement face à une situation des plus incroyable. Inka accompagne le rire du jeune homme en pointant l'insigne sur sa poitrine, visiblement amusé par ses petites choses futiles que font les humains. Un fou rire semble parti entre les deux hommes. Visiblement, les différentes missions avaient un peu plus soudé le duo.

Après quelques minutes de rire, laissant le sauvage reprendre ses esprits, les deux joueurs de cette nouvelle équipe en devenir grimpa les différents escaliers menant au cœur de l'arène. L'ex-sauvage ne tenait pas en place, son attitude avait radicalement changé, visiblement, l'alcool avait bien des effets, même sur les plus primitifs. Le soleil éclairait maintenant les deux hommes. Ils y étaient. Sur le sable chaud de ce stade mythique, s'était rassemblé, comme l'avait espéré le borgne, une poignée de candidats, pas plus d'une dizaine. Un léger rictus apparaissait sur le visage du borgne, au fur et à mesure qu'il se rapprochait des personnes présentes. Il était heureux, heureux que sa demande est permis de rassembler quelques personnes. Et encore plus heureux, lorsqu'il pensait, que d'ici la fin de journée, son équipe serait complète. Un rêve de gosse allait se réaliser.

Son regard s'arrêta immédiatement sur deux visages connus. Deux élus étaient là, et pas des moindres. Katataka, le jeune homme-aigle au regard perçant, qui, selon les rumeurs, avaient rejoint le clan Tsukuri pour de bon suite à son héroïsme lors de l'assaut des Portes d'Or. Kuro Fumiaki, l'artiste qui n'a pas sa langue dans sa poche, malgré son bras en moins, il avait su montrer au borgne qu'il n'était pas hors compétition pour autant, l'aidant de ses idées et de son franc-parler lors de la construction de cet édifice en hommage aux victimes du démon rayé.

-" Katataka ! Je suis content de te voir ici ! Fumiaki, ravi de voir que tu te sens autant sportif qu'artiste !"

Un sourire aux lèvres, le borgne s'adressait à ses deux compagnons d'armes. Mais bientôt, son sourire s'effaça, une présence vint le saisir, son visage semblant se blanchir à vue d’œil. L’œil unique de Dodo s'écarquilla en la voyant, le temps semblait s'arrêter autour de lui lorsqu'elle foula le sable du Stade de l’Épreuve. Elle ressemblait, trait pour trait, à sa défunte cousine, Osonae, ayant péri lors de ce funeste assaut animal contre le village. Le corps du borgne fit, machinalement, un pas en avant, son visage, aux sentiments entremêlés, braqué en direction de la jeune femme. Le borgne reprit ses esprits, malgré son visage similaire, non, ce ne pouvait pas être elle. Le Watanabe se passa la main sur le village, comme pour se sortir de ses images qui lui rappelaient un triste passé.

Mise à part ses trois participants, aucun autre ne semblait être connu de Dodo. Il s'avança alors au niveau des participants, accompagnés par son compagnon à l'odeur et la démarche qui ne manquerait pas de troubler les candidats.

-" Bienvenue à tous, et tout d'abord, merci. Merci d'être venu et d'avoir répondu à l'appel. Comme vous l'avez sûrement entendu dans les rues du Quartier des Arts, si vous êtes ici, je compte créer une équipe de Bokusoumari. Il n'y a qu'une place restante, les deux autres sont occupés par moi, et par Inka, le colosse derrière moi, que certains connaissent peut-être."

Dodo pointait du doigt le primate, qui semblait encore enivré par sa nuit de folie. La première impression qu'aurait le futur membre de l'équipe serait loin de la vérité. Mais bon, c'était une autre histoire.

-" Pour qu'on puisse choisir l'élu qui correspond le mieux à nos deux profils, nous allons organiser ça sous forme d'épreuves. La première sera des plus simples. Si vous possédez un pouvoir, ça sera le moment de nous montrer l'étendue de vos capacités. Pour ceux qui ne disposent pas de chakra, rien est perdu, montrer nous de quoi vous êtes capables. Faites-vous plaisir. N'oubliez pas qu'avant d'être un sport, le Bokusoumari est aussi un spectacle que des habitants de tout le village viennent regarder. Il faut les faire rêver, leur en mettre plein la vue."

Oui, peut-être que le borgne s'emballait quelque peu. Mais là, ce n'était plus le Dodo de maintenant que parlait, mais bien le petit enfant qu'il était autrefois. Cet enfant ayant regardé avec admiration tous ces matchs des Oni. Cet enfant ayant crié corps et âme pour soutenir son équipe. C'était pour rendre fier ce petit enfant qu'il était, qu'aujourd'hui, cette équipe allait naître.

-" Tiens, toi là. Avec le katana et les cheveux longs, tu vas commencer. Les autres, écartez-vous un peu, qu'on puisse admirer toute l'étendue de ses capacités."

Il pointa du doigt un jeune homme, légèrement en retrait, à la présence semblant se perdre dans la foule. Dodo recula également, se positionnant sur les abords de l'arène en compagnie des autres candidats et d'Inka, laissant l'entièreté de l'arène à ce jeune homme, seul, au centre, sous les yeux impatients du reste de l'assemblée.

Tandis que les autres participants arrivaient un à un, je profitai de mon arrivée anticipée pour observer mes futurs opposants. Je ne savais pas trop comment Wanatabe-san allait nous départager, mais je me doutais bien qu’on allait devoir montrer nos capacités. Cela restait une compétition après tout… Bref, je remarquai bien vite que je ne connaissais personne parmi les participants si ce n’est l’homme aux tatouages qui avait perdu un bras lors de l’attaque de la Porte d’Or. Kuro-san, il me semble ?

Au bout de quelques minutes, deux autres têtes connues apparurent sur le terrain. Ce n’étaient pas des participants, mais bien les organisateurs de ce test. Wanatabe-san et… Inka ! Je restai bouche-bée en voyant l’Homme-Singe dans l’arène. Bien qu’il eût l’air un peu étrange, j’avais l’impression qu’il n’était plus aussi sauvage que la dernière fois que je l’avais rencontré. Il avait l’air plus calme, si on peut dire ça comme ça.

Wanatabe-san ! Le plaisir est partagé, je suis content aussi de te revoir ! Par contre, je ne savais pas que le deuxième membre de ton équipe serait le Banmin. Ça fait très longtemps qu’on ne s’est plus vu, Inka ! Tu vas voir, j’ai bien progressé depuis la dernière fois.

Sur ce petit échange, je me tus et me préparai à écouter les instructions. Il y aurait donc plusieurs épreuves… Et la première consistait simplement à une démonstration de puissance. Ça, ce n’était pas trop compliqué. Par contre se donner en spectacle, ça le serait un peu plus… Mon Pouvoir n’était pas très impressionnant. Certes, il me permettait de me transformer partiellement en animal, mais je ne le trouvais pas aussi impressionnant que celui de certains.

Quelqu’un, que je ne connaissais pas, fut alors désigné pour ouvrir le bal. Cependant, au lieu de commencer à nous montrer ses techniques, le jeune sembla pris de panique et… il s’enfuit. Il prit littéralement ses jambes à son cou et courut vers la sortie. Peut-être qu’il ne sentait pas encore prêt ? Ou qu’il se sentait intimidé de devoir se produire devant autant de monde ? Je n’en avais aucune idée.

Toutefois, je n’avais pas le temps de m’occuper de lui. Il fallait que je réfléchisse à ce que j’allais faire pour impressionner le Borgne. Il fallait que je trouve un enchainement de mouvement ou des techniques qui pourraient être intéressantes. Quand je fus désigné à mon tour, je savais déjà ce que je comptais faire. Je me plaçai donc au milieu et débutai mon petit spectacle.

Je commençai donc par le plus simple et transformai mes jambes en celles d’un aigle. J’avais toujours besoin d’un symbole pour m’aider à me concentrer, mais la transformation était beaucoup plus fluide qu’avant et j’y arrivais plus facilement. En moins d’une seconde, mes membres inférieurs s’étaient recouverts de petites plumes et mes pieds s’étaient transformés en serres. J’enchainai ensuite sur une série de coups donnés dans le vide. Ce n’était que du taijutsu pratiqué avec mes jambes, mais c’était ce que je maîtrisais mieux. Je n’avais pas vraiment envie de leur montrer quelque chose d’à moitié réussi. J’enchainai donc les saltos, les sauts périlleux et autres acrobaties suivis de coups. La plupart de mes techniques se réalisant avec les jambes.

Mes mouvements étaient fluides et précis. C’était ce que je voulais leur montrer. Avec l’une de mes serres, j’attrapai une balle qui avait été mis à notre disposition et continuai d’exécuter l’enchainement prévu. Le but étant de montrer que je pouvais défendre la balle efficacement. Après quelques derniers mouvements, je lançai de toute mes forces le ballon à la verticale. Je sautai à sa suite et une fois à bonne hauteur, je fis un tour sur moi-même et frappai la balle avec mon talon. J’y mis de la force sans pour autant faire mon maximum. Mais presque. La balle fusa alors en direction du sol et au moment de l’impact, elle s’y enfonça de plusieurs centimètres. Retournant la terre aux alentours. J’atterris à proximité de mon projectile.

Merci de m’avoir accordé de votre temps, dis-je en m’inclinant. Et bien que je n’y arrive pas encore, sachez que je m’entraine afin de pouvoir me transformer complètement en Aigle…

Cette capacité pourrait se révéler très utile sur un terrain de bokusoumari. Passer au-dessus de nos adversaires sans qu’il puisse nous atteindre était un grand avantage et j’espérais que cette promesse les intriguerait et les aiderait à choisir en ma faveur. Je m’écartai pour laisser le suivant faire sa présentation.

Son tour vint enfin, la grande majorité des personnes présentent en ces lieux avaient leur prestation, qui se résumait à simplement user de leur pouvoir et montrer divers techniques qu'ils possédaient pour impressionner le public avec leur myriades tour de passes passes, qui savaient être impressionnant pour la plupart. La jeune femme apprenait que des individus étaient capables avec leur chakra de transformer leur membres en ceux d'animaux, choses qu'en deux ans depuis l'apparition du chakra n'a-t-elle jamais vu de ses propres yeux. Ceci était toujours une bonne chose à savoir, une chose intéressante qui pourrait être utile à l'avenir. Mieux connaitre l'ennemi pour mieux le cerner. Son père souvent lui racontait ceci, lui faisait la morale sur l'Homme et ses facettes. Un petit détail pouvait trahir une personne. Au combat cerner son ennemi se montre une bonne idée, cela permettrait de pouvoir le contrer ensuite. Mais pour l'instant l'heure n'était pas à cela.

À son tour, l'itinérante se levait des gradins pour descendre tranquillement les divers marchent qui menaient vers le gradin. Son regard se posait brièvement sur le peintre, et d'autres personnes qui se présentaient dans les gradins pour jouer les spectateurs en attendant la fin de la première épreuve. Un point commun, ses personnes avaient user de chakra de manières flagrantes, et son regard dévoilait un mauvais œil envers ceux-ci, ce qui pouvait provoquer la même chose auprès de certains. Se montrer mauvais envers ceux qui résumait leur capacité à leur ninjutsu était une chose qui d'un côté insupportait. Cela rappelle à cette dernière que combattre avait perdu son terme, que le combat n'était plus que celui qui savait le mieux user de son chakra, et non celui qui avait le plus talent au combat. Ceux qui se croyait combattant car capable utiliser leur pouvoir ne valait rien pour la guerrière à l'épée, si ce n'est que pour le spectacle comme désormais. Elle fut tout de même quelque plus tolérant avec Katataka, ou un regard tant bien bref mais déjà plus doux que ceux cités précédemment se dégageait d'elle. Sa marche terminée et son entrée au stade, celle-ci se mit au centre du stade de l’Épreuve, son visage orienté vers le public, plus précisément vers le Watabane et l'esclave qui était à ses côtés. Un bref mudra, sa main gauche se tendait. De la glace se formait, pour former un pieu fait strictement d'eau gelée. Elle prit la parole par la suite, prenant une voix assez forte pour qu'on puisse alors l'entendre depuis les gradins.

" Vous tous ici présent, ceux qui ont usés de leur pouvoir et s'étant réduit à cela, vous tous qui se sont reconnus à ce bref profilé que je viens de produire, votre place n'est qu'au Théâtre de la Demi-Lune. Vous réduire à ceci n'est rien d'autre qu'une preuve que vous n'êtes bon qu'à amuser les gosses. Vous palliez votre faiblesse physique par votre pouvoir, et ensuite vous osez vous nommez "guerrier" ou "combattant" ? Profitez de votre pouvoir tant que vous le pouvez encore, car le jour où vous n'auriez plus ceci pour ceci pour vous aidez...

Désignant son pieu fait de glace qu'elle venait ensuite à ancrer au sol avec une certaine énergie entre deux phrases, avant de subitement dégainer de sa main gauche son arme courte pour venir geste précis et net couper ce même pieu en deux sans poser à même le regard sur son javelot :

" - Vous ne serez bon qu'à reprendre votre misérable vie. Tant bien même que moi, Akamatsu Hanae, capable de maîtriser la glace et manieuse de sabre, mon sabre que voyez tous trancher ce pieux sera le même qui viendra à même montrer que votre pouvoir ne pourra pas combler votre faiblesse. Soyez de vrai combattant, pas de simple lâche qui se cache derrière leur pouvoir pour prétendre à être un vrai combattant. Tsukuri Izaya n'a guère pu gagner son combat contre le champion du clan Shinryo, mais il restera la preuve même qu'un vrai guerrier peut se démarquer des autres sans avoir besoin cette sorcellerie qui nous a tous atteint. "

Sûrement avait-elle détourné du sujet initiale, qui n'était autre que faire une prestation de ses capacités, mais ce besoin de l'annoncer aux yeux des bon nombres de combattants lui étaient insoutenable, à la guerrière qui n'avait plus qu'assez de toute cette mascarade autour des pouvoirs. Sa parole était insignifiante, et apportant sûrement pour certains des regards dédaigneux ou des huées, mais il fallait que cela sorte, que ceux qui sont incapables d'user du chakra ou comme elle se réduisent à l'utiliser pour parfaire leur art ne soit pas mise de côté, pour ne pas laisser place à une génération qui ne dépendrait que de son pouvoir acquis par la magie. Elle se rappelle des paroles du membre du clan Watabane, qui valorisait ceux qui possédait avait du pouvoir dans le sens de la bretteuse, une raison qui la poussait à réagir ainsi. La blonde se devait de le dire haut et fort que le contraire était possible, de remettre en valeur le défunt Izaya qui sous l'élan de l’impulsivité a choisi de lui-même combattre le champion de Shinryo, ce qui a valu la perte de son titre de seigneur. Le paquet était sorti, sa prestation n'aura été que parole et sagesse - à sa manière -  et une brève démonstration de son pouvoir. Celle-ci venait à se décaler, rangeant son wakizachi dans sa loge, avant de marcher en direction des gradins, se contentant de se taire ensuite pour laisser place au prochain. Quand au plus curieux, elle ne se contentera de les ignorés pour reprendre place initiale. Elle aura aussi eu ce qu'elle voulait, des esprits chauffés à bloc pour vouloir taire les propos dédaigneux de cette dernières.

Les consignes avaient été données par le borgne, qui quitta bientôt le centre de l'arène afin de prendre place au niveau des premières rangées de gradins. Il était accompagné par la poignée des ambitieux participants, ayant répondu à son appel. Une seule place était libre, tous le savaient, ce qui laissait transparaître une légère tension au sein du petit groupe. Ils se mettaient tous au niveau des gradins, certains se mettant à l'aise, d'autres restant debout, par choix, ou simplement, car le stress de faire une démonstration les empêchait de s'asseoir.

Ce stress et cette peur de se donner en spectacle, tous avaient pu le voir de leurs yeux, quelques secondes auparavant, lorsque le premier homme pointé du doigt par le borgne, avait décidé de tourner les talons, préférant fuir que d'affronter le regard des autres. Le Watanabe ne fit pas trop de cas de cet énergumène semblant avoir été foudroyé par le doigt pointé en sa direction. Après tout, il était ici pour monter une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs, un couard dans son genre n'avait clairement pas sa place dans l'effectif de Dodo.

Mais finalement, après cette démonstration de lâcheté, les festivités purent commencer. Ce fut un homme, d'un certain âge, semblant chercher une deuxième jeunesse qui ouvrit le bal. Quelques mouvements saccadés, une légère toux. Certes il maîtrisait quelque peu le ballon, mais son état de santé ne le plaçait clairement pas en tant que favori. Ce fut alors au tour d'un homme, en qui le borgne plaçait de nombreux espoirs, Aoki Katataka. Ce jeune homme qui transpire la gentillesse et la diplomatie, ayant rejoint sous peu les rangs du clan Tsukuri, après son aide précieuse lors de la défense de la Porte d'Or. Il se positionna alors au niveau du centre du stade, le visage concentré sur ce qu'il s'apprêtait à montrer. Le borgne connaissait déjà le pouvoir du jeune rapace, mais fallait-il encore qu'il l'allie parfaitement avec l'usage de la balle et le spectacle que demanderait le public, le jour des Épreuves. Comme l'avait imaginé Dodo, Katataka transforma une partie de son corps en celle d'un aigle, des serres et des plumes ayant remplacées ses jambes humaines. De plusieurs mouvements vifs, il démontrait l'étendue de son agilité et de sa maîtrise de l'art des coups de pieds. Son enchaînement était net et précis. Un petit détail vint lever, de surprise, un des sourcils du borgne. Ses serres avaient agrippé le ballon, lui permettant d'effectuer les mêmes mouvements tout en gardant la balle en sa possession. Un atout non-négligeable.

Le jeune homme vint terminer son passage en beauté, d'un enchaînement magistrale et spectaculaire, il vint enfoncer le ballon dans le sol sur plusieurs centimètres. Il n'y a pas à dire, il avait les compétences requises pour devenir un bon joueur de Bokusoumari. De sa gentillesse et son sérieux habituel, il adressa quelques mots à Dodo et à l'ensemble de l'assemblée. Le borgne lui adressa un sourire amical levant son pouce dans sa direction, montrant qu'il avait apprécié le spectacle.

Trois autres personnes passèrent à leur tour. Il était clair que l'Aoki avait mis la barre très haute, aucun de ceux-là ne lui arrivait à la cheville en terme d'agilité, et même en terme de force brute. Puis ce fut au tour d'une autre tête connue, qui, il devait l'avouer, avait surpris le borgne. L'artiste et général improvisé du rempart, ayant perdu son bras lors de l'affrontement était venu tenter sa chance aujourd'hui. Avant la défense de la Porte d'Or, le borgne ne le connaissait pas, mais ils avaient récemment, eus le temps d'apprendre à se connaître autour de la construction d'un monument pour les soldats défunts. Il ne faisait aucun doute que sa prestation serait à son image, artistique et pleine de surprise.

Quelques échanges entre les candidats arrivèrent aux oreilles du borgne. Dans un premier temps, il voulut intervenir, contrarier que certains se moquent de ce valeureux soldat à cause de son bras manquant. Mais Dodo se ravisa, après tout, Fumiaki lui avait fait comprendre, personne ne devait être désolé pour lui. Palliant l'absence de son bras par l'utilisation d'un pinceau, il s'adonna à un spectacle dantesque. Un tigre, imposant et rugissant, dessiner par les soins du tatoué, venait de prendre vie sous les yeux ébahis de l'assemblée. Ordonnant à sa créature de l'attaquer, il la réduit à néant d'un enchaînement montrant à la fois sa capacité défensive, sa capacité d'attaque, et de surcroît, la polyvalence que lui offrait son pouvoir. Un enchaînement court, mais qui permettait de bien se rendre compte de sa puissance, malgré son bras manquant. Malgré tout, une nouvelle parole déplacée s'envolait des gradins. D'un mouvement vif et agile, l'artiste vint mettre fin à toutes les moqueries, plaçant son pied à bonne distance de son interlocuteur, avant de le menacer d'une pointe se rapprochant de son œil. Il n'y avait pas à dire, le caractère explosif de Fumiaki donnerait du spectacle à tout le monde.

L'homme tremblant encore de son altercation avec Fumiaki, le borgne ne pu retenir un rire sincère, lorsque ce dernier feinta un mal de ventre avant de déguerpir à son tour. Finalement, même avec ses deux bras, il valait bien moins que ceux présents ici. Les dernières personnes passaient également, arrivant le tour de la dernière, et non des moindres. Cette femme au visage ayant bouleversé le Watanabe, de sa ressemblance frappante avec sa défunte cousine, Osonae. Elle se plaça, lentement, au centre du Stade de l’Épreuve. D'un signe incantatoire, elle montrait elle aussi son pouvoir à l'assemblée, semblant être la maîtrise de la glace.

Attendant un spectacle de qualité étant donné son statut d'élu, le borgne fit étonner de la voir s'adonner à une tirade moralisatrice. Elle visait les affins au chakra, avec ses mots, remettant en cause leur trop grande utilisation de leur pouvoir. Le borgne pouvait clairement le prendre pour lui. Pourtant, il ne put s'empêcher d'arborer un léger rictus. Qui était-elle pour juger ainsi les participants? Et encore plus, elle ne jugeait pas que l’événement auquel elle participait, mais également le fait que tous joue de leur pouvoir afin de se prétendre combattant. Le rictus naissait ici. Dans l'assemblée qui lui faisait face, trois personnes pouvaient facilement se targuer d'être des combattants ou des soldats, même s'ils usaient essentiellement de leur chakra. Katataka, Fumiaki et Dodo. Eux trois savaient, plus que quiconque, que sans le pouvoir, le village se serait retrouvé à la merci d'un tigre géant. Et elle, que faisait-elle ce jour-là? Le borgne espérait, au moins, qu'elle avait participé à ce combat avant de juger sans fondements et sans arguments les personnes face à elle. Sa dernière phrase, pour le seigneur Izaya, venait sûrement de la sauver d'une réponse assassine du borgne. Néanmoins, malgré sa franchise, son attitude singulière et sa morale déplacée, elle semblait être une sabreuse de bon niveau. La coupe au niveau de son pieu de glace était nette et avait été effectuée avec une grande précision. Une maîtrise du katana laissait penser à une grande agilité, même si le borgne aurait préféré la voir de son propre œil, plutôt que de l'imaginer.

Les démonstrations étaient donc terminées, quelques minutes s'étaient écoulées depuis la dernière intervention, laissant le temps au Watanabe de réunir ses idées, afin d’émettre, dores et déjà, un classement dans sa tête. Il regagna le groupe par la suite.

-" Merci à tous d'avoir joué le jeu. Si vous êtes encore ici, c'est que vous n'êtes pas de ces lâches ayant pris leurs jambes à leur cou. Je dois dire que certaines prestations étaient incroyable, j'en ai pris pleins les yeux."

Commença d'abord Dodo, son regard passant d'abord sur Katataka, avant de passer sur Fumiaki.

-" Passons donc à la prochaine épreuve. Maintenant que nous avons connaissance de vos compétences et que nous pouvons imaginer les possibilités sur le terrain, il est temps de rentrer dans le vif du sujet. Inka ici présent, et moi-même, allons vous défier un par un dans une unique action. Je m'explique."

Le borgne marqua une légère pause, montrant du doigt un anneau qu'il venait de placer sur le terrain, durant son temps de réflexion.

-" Vous commencerez avec la balle, Inka ou moi, placé devant l'unique anneau à votre disposition. Évidemment, mettre la balle dans l'anneau vous donnerais de nombreux points, mais ce que l'on veut voir dans un premier temps, c'est votre imagination, votre capacité à pouvoir prendre à défaut un unique adversaire. Vous disposerez donc de seulement deux minutes pour arriver à vos fins."

Le borgne laissa la petite assemblée accueillir l'énoncée de la seconde et dernière épreuve avant de reprendre.

-" Une fois tout le monde passé, on répétera une nouvelle fois l'épreuve, mais cette fois, vous serez les défenseurs et nous les attaquants. Prenez une petite pause, nous commençons dans quelques minutes. Katataka tu est le premier."

Un signe de tête pour le mi-homme mi-aigle, qui allait devoir faire face pour cette deuxième épreuve, à son homologue animal, Inka. Certes dans un état second et empestant l'alcool, mais toujours avec sa force et sa vitesse hors du commun. Le duel s'annonçait déjà comme un classique.  

Mon tour étant passé, je n’avais plus à me concentrer ni à réfléchir à ce que j’allais faire, j’en profitai pour observai mes concurrents. Et je fus plutôt rassuré. Sur l’ensemble des personnes qui étaient présentes, il n’y avait pas beaucoup de réels adversaires. En réalité, je ne me méfiais que de deux. Le premier était Kuro-san qui avait combattu avec moi au premier front lors de la bataille aux Portes d’Or. Il y avait peut-être laissé un bras, mais ses créations d’encre semblaient toujours aussi redoutables. Même si je n’étais pas très à l’aise avec ses tatouages, il fallait bien l’admettre qu’il était doué au combat malgré son handicap.

Ensuite, ce fut une jeune femme qui attira mon attention. Elle maniait le katana comme moi, mais elle semblait beaucoup plus douée. Et elle semblait aussi maîtriser la glace. Son pouvoir semblait très intéressant et plutôt fascinant ! Elle pouvait faire pratiquement ce qu’elle voulait avec. Lors de la démonstration, elle créa un sabre ce qui signifiait qu’elle pourrait ne jamais être désarmée. Toutefois, si elle semblait être un adversaire de valeur, elle avait tout aussi mauvais caractère. Elle fit un petit discours comme quoi certains se reposaient trop sur leurs pouvoirs et pas assez sur leurs capacités... Je ne me sentais pas spécialement visé, mais je trouvai cela tout de même vexant. Si ce n’avait pas été des qualifications, j’aurais certainement été m’expliquer avec elle. Et je n’étais certainement pas le seul étant donné le murmure qui parcourait la foule.

Heureusement, Wanatabe-san intervint à temps. Il commença par nous remercier de nous être donné à fond avant de passer aux explications pour l’étape suivante. Cette fois-ci, ça allait être du un contre un. Chacun à notre tour, nous allions affronter un des deux membres de l’équipe et essayer de mettre le ballon dans l’unique anneau. Encore une fois, il voulait qu’on montre notre imagination mais cette fois-ci je ne voyais pas trop comment… À part mettre au point un plan d’attaque, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire. On n’allait quand même pas devoir nous arrêter en plein milieu pour montrer des techniques ?

Bref, le temps que je commence à penser à ma stratégie, Wanatabe-san me désigna pour passer en premier. Et mon adversaire n’était nul autre qu’Inka. Ce qui tombait bien car nous avions des comptes à régler. La dernière fois qu’on s’était vu, il m’avait peut-être aidé mais il m’avait surtout vaincu et assommé beaucoup trop facilement. Toutefois, je m’étais bien amélioré depuis notre dernière rencontre et j’espérais que ma force se rapproche plus de la sienne à présent. C’était ce que je m’apprêtais à découvrir.

Je me plaçai donc face à Inka et à une certaine distance, prêt à ouvrir le bal. Je savais déjà ce que j’allais faire. C’était risqué, mais connaissant mon adversaire cela pouvait marcher ! J’étais totalement concentré sur ce que j’allais faire et dans mon champ de vision, je ne voyais plus que deux choses : mon opposant et l’anneau. Au signal, je commençai à courir en ligne droite et vers l’homme-singe. Selon ce que je savais de lui, il y avait de grandes chances qu’il ne bouge pas et m’attende de pied ferme ou qu’il fonce droit sur moi. De toute façon, il était défenseur donc il n’allait pas réellement s’éloigner…

Une fois que je fus assez proche de lui pour sentir qu’il empestait l’alcool, je pris appuie sur le sol et fis un salto afin de passer par au-dessus du Banmin. Au début de mon mouvement, je passai la balle de ma main à ma serre pour qu'il ne puisse pas me la prendre. Et ainsi mes mains étaient libres pour me défendre, au cas où. Dans le même mouvement, et quand je fus pratiquement à la vertical et la tête en bas, je fis un demi-tour sur moi-même pour me retrouver face à l’anneau. Je lançai alors la balle de toute mes forces en direction de l’anneau. J'étais à mi-distance et de ce fait, j'avais plus d'une chance sur deux de réussir mon lancé.

Quand j'entamai ma descente pour atterrir, je repliai mes jambes et les étendis d’un coup sec pour frapper Inka au dos. Le mouvement était rapide pour éviter qu'il ne réagisse et ne m'attrape la cheville avec sa queue. De ce fait, mon attaque était moins puissante, mais toujours suffisamment pour le faire basculer en avant et le faire tomber. Même si je n'étais pas au maximum de ma puissance, cela devrait suffire à lui faire perdre l'équilibre ! Ainsi j'espérais qu'il n’ait pas le temps de réagir avant que la balle n’atteigne son but. Je me retournai, juste à temps pour voir la balle... frapper le bord métallique de l'anneau. J'y étais presque ! Sans plus attendre, je commençai à sprinter aussi vite que je le pus et rattrapai le ballon avant qu'il ne touche le sol. Je fis encore quelques pas et me retrouvai au pied de l'anneau. Je sautai alors pour mettre directement la balle dedans.

Un bâillement. Voilà tout ce qu’Inka retient de la démonstration des pouvoirs de ses futurs alliés. Si il n’y a pas conflit derrière, alors ce n’est pas intéressant pour lui. Gonfler des muscles, tout le monde sait faire. Reste encore à prouver si ils sont en mesure d’être interessant. Encore trop perché pour comprendre ce qui se passe, Inka part se positionner à l’endroit indiqué. Dos à un cerceau, face à un aiglon. Les effluves du sanglier pénètrent ses narines. Cette odeur le porte, le stimule, il voyage. Sa poigne se referme sur le tison. Ses crocs déchirent un morceau. La vision de l’homme-singe est brouillée.

Aoki fuse à toute vitesse vers lui. Le phénix quitte ses cendres pour prendre son envol, il survole le défenseur qui n’agit pas. La balle passe de sa main à ses serres. Le fauve ne sait ni ne comprend toujours pas ce qu’il doit faire. Le vaincre ? Le détruire ? Lui briser une aile voir une patte ? Se nourrir de ce volatile ? Tant d’idées lui sont offertes et pourtant il n’agit pas. Son corps reste statique. L’attaquant se saisit de cette ouverture pour abattre ses membres inférieurs contre le dos de la bête. Véloce, mais peu puissant, le coup réussit à faire basculer le tronc de l’homme-bête vers l’avant.

Dans sa hâte, l’aiglon saisit sa chance. La balle fuse, mais rebondit contre le rebord métallique. Agenouillé, une œillade dans son dos permet au singe de savoir ce que l’Aoki prépare. Le Fauve percute enfin. Il doit protéger ce cerceau. Sa soif de sang explose. À défaut de servir de chaînes pouvant museler sa puissance, l’alcool qui circule dans son sang lui fait oublier une partie de la réalité : Katataka n’est plus considéré comme un allié.

Il n’est qu’un ennemi à détruire.

La main du Seigneur de Guerre se saisit de la balle suite à un sprint. Celle du singe, quant à elle, lâche sa nourriture. Il est prêt à commettre l’irréparable. Sa hanche bascule vers l’extérieur. Ses membres inférieurs suivent. D’une rapidité encore non égalée, le Fauve, à l’aide de plusieurs appuis, avale la dizaine de mètres qui le sépare de son objectif ; le flanc droit de l’Aoki. Son adversaire cherche à sauter dans l’anneau. Cela n’arrivera pas.

La sénestre de l’Esprit-Libre cherche à faire barrage. Sa dextre, quant à elle, comprime une énergie enfouie. Son bras entier rougeoie. « Mon t-...tour. » glisse le singe dans le creux de l’oreille de son adversaire. L’enchaînement des deux hommes se déroule bien vite. Depuis sa paume, plaquée contre les cottes de son vis-à-vis, un torrent de flamme jaillit et cherche à engloutir la moitié du volatile, à savoir tout son hémisphère droit. Bien que pas particulièrement rapide, l’assaut est en mesure de faire fondre modérément l’épiderme de la proie ciblée. Aucune limitation. Aucune barrière. Jouer face à ce démon balafré, c’est joué sa vie. Les autres rigolos viennent de l’apprendre.

Après seulement quelques courtes minutes de pause, méritée pour tous les participants, les hostilités allaient donc reprendre. Cette fois, il allait falloir mêler la démonstration de la première épreuve à une approche tactico-stratégique afin de prendre son adversaire au dépourvu. Le borgne n'attendait pas des participants qu'ils marquent dans l'anneau afin de les sélectionner. Non. Certains marqueraient plus de points à simplement montrer leur grand sens de l'anticipation ainsi que leur qualité de réflexion et d'analyse. Le Watanabe était loin d'être un expert en Bokusoumari, mais ses nombreuses participations aux Épreuves en tant que spectateur et son pouvoir si particulier, faisait de lui une personne à ne pas sous-estimer pour le futur de ce sport. D'un autre côté, Inka, la bête sauvage, le loup parmi les agneaux, lui ne connaissait même pas les règles de ce sport, mais juste sa présence faisait frissonner déjà quelques participants un peu moins téméraire.

Ce fut alors le jeune homme aux yeux de faucon qui s'approcha en premier du centre du stade, lequel laissé vide par l'entièreté de l'assemblée, ayant repris place dans les tribunes. Face à lui, presque un homologue animal, bien que leurs comportements soient aux antipodes l'un de l'autre. Les deux hommes avaient l'air de se connaître, leur lien avec la nature leur avait sûrement permis de créer des liens auparavant, au détour d'une rencontre. Ce fut le général de la première ligne, profitant de l'absence de concentration d'Inka, qui pris le dessus, d'un mouvement agile, reprenant sa démonstration précédente. Ne s'arrêtant pas au simple fait de dépasser le sauvage, il voulait également lui retirer toute possibilité de contre-attaque essayant avec grâce de le pousser. La réponse du berger à la bergère. Le fauve se mit en action, de sa toute puissance, que personne ici ne pouvait égaler. Le borgne pouvait presque le lire dans ses yeux, lui qui avait tissé ce lien de respect si particulier avec l'ex-esclave, il ne jouait plus, il voulait gagner.

Une contre-attaque dantesque, fini par une démonstration de son pouvoir enflammer, que le borgne avait pu le voir éveiller lors de leur expédition. Les deux hommes avaient joué leur cartouche pour ses deux minutes. Kata s'en sortirait sûrement avec une belle brûlure, mais il n'avait pas démérité, le ballon ayant frappé l'anneau une première fois, avant de frôler ce dernier grâce à la défense, in-extremis, du sauvage. Une très belle démonstration à laquelle venait d'assister l'assemblée. Assemblée s'étant largement réduit en nombre. Pour cause, la fureur du primate avait calmé les ardeurs de tous, les moins courageux ayant refusé d'affronter un tel "monstre". Tant pis, Dodo ne les retenait pas, il était ici pour monter une équipe ambitieuse et n'ayant peur de rien, les trois derniers participants, Hanae, Kuro et Kata, étaient les plus braves de tous.

Le borgne s'étira un coup, faisant craquer ses doigts à l'aide de ses paumes, avant d'enjamber la rambarde des tribunes. Les deux pieds sur le sable chaud de l'arène, il prenait une grande respiration, il se sentait bien, il voyait déjà le futur prometteur de sa future équipe. Dodo se révélait plus ambitieux qu'à l'accoutumer lorsque cela touchait sa passion. Face à lui, un adversaire, et peut-être futur partenaire, de taille. Un des généraux du rempart, l'artiste au franc-parler, Fumiaki Kuro. Les deux hommes avaient tissés un lien ces derniers temps, ayant mis à contribution leur talent respectif afin de créer cette statue phénoménale qui trônait sur la plaine sanglante, véritable mémorial pour les familles des défunts. Un sourire d'excitation trahissait le borgne, il avait hâte.

-" Surtout, ne te retiens pas Kuro, je ne voudrais pas être avantagé."

Une petite phrase ironique, Dodo savait pertinemment que l'artiste n'était pas du genre à faire des fleurs. Se plaçant dos à l'anneau, son œil unique jonglant entre la balle et l'homme à un bras, le borgne savait qu'il n'y aurait pas de round d'observation, le timing serrer les en empêchait. Le borgne avait déjà collé ses deux mains, conscient qu'il aurait sûrement besoin de quelques signes incantatoires afin de dépasser son homologue Tsukuri.

Ce fut ce dernier qui se mit en action en premier, logique vu son statut d'attaquant pour ce tour. Attrapant la balle avec sa main, il donnait un énorme indice au borgne. Il était évident, étant donné son bras manquant et la balle dans sa main, qu'il ne pourrait utiliser son pouvoir, du moins, pas pleinement. D'un mouvement agile, presque artistique, Kuro se mit à légèrement tournoyer, projetant du sable au niveau des yeux du borgne. Empêcher son adversaire de voir, une technique basique mais qui portait très souvent ses fruits, surtout dans ce type de sport. Un seul signe incantatoire était suffisant au borgne afin de contrer ce nuage de sable lui obstruant la vue. Tendant son bras droit, main ouverte, à l'écart du sable lui arrivant au visage, un nouvel œil, identique à son seul encore effectif, prenait place au centre de sa paume. Ce dernier, grâce à ce pouvoir unique dont il disposait, lui permettait de voir arriver le deuxième assaut déjà enclenché par l'artiste. Une frappe au sol, au niveau des jambes. Il n'y a pas à dire, Kuro avait de très bonnes bases en termes d'art martial. Une diversion en haut, avant de frapper en bas, non pas pour faire mal, mais pour faire chuter son adversaire. L’œil sur sa paume lui permettant de voir arriver l'assaut, Dodo exécuta un salto arrière, permettant d'esquiver l'assaut et surtout, de réduire l'angle dans lequel Kuro devrait lancer la balle pour marquer.

Ayant définitivement abandonner l'idée d'user de son pouvoir pour ce tour, le franc Tsukuri pris une impulsion pour s'élever, avant de projeter la balle avec force en direction de l'anneau, et par conséquent, de Dodo. Ce dernier pouvait certainement arrêter cette balle, mais il fallait avant tout donner du spectacle, offrir une bonne raison aux trois personnes, encore présentes, de croire en cette équipe et son futur. Composant rapidement quelques signes incantatoires, le corps du borgne changeait déjà d'apparence, ou plutôt, de proportion. Il grandissait à vue d’œil, décuplant toutes les parties de son corps afin de devenir cet "Ogre", comme certains aimait à l'appeler. Gagnant pratiquement le triple de sa taille, toutes proportions gardées, le borgne était ce géant, celui qui trônait au centre du stade, prêt à accueillir le tir de l'artiste de plein fouet. Écartant les bras, sourire aux lèvres, l'ombre du borgne recouvrait maintenant le sol de l'arène. Il allait accueillir le tir de l'artiste à bras ouvert, tel était l'esprit du Bokusoumari.

Sans bras, sans pouvoir, l’artiste désuet comptait bien montrer à tous de quel bois il se chauffait. L’artiste martial manchot rusa, ou du moins, il chercha à le faire. Après un coup contre le sol, un écran de sédiment prit possession de l’unique regard du chef d’équipe. Rares étaient ceux pouvant marcher sur les plates bandes de l’Ogre Tsukuri sans finir punis. Le Watanabe avait hérité d’un pouvoir formidable, sur tous les aspects. L’apparition d’un autre œil, sur sa paume, lui suffit à contrecarrer la feinte de l’artiste. Malgré l’extrême agilité de ce dernier, cela ne suffit pas à berner le faux borgne. La jambe chassa le vide alors que Dodo évoluait maintenant dans l’air. Les deux hommes avaient bondit en même temps. L’un cherchait à esquiver un premier assaut, l’autre à marquer.

Un tir d’une qualité formidable ; l’attaquant à l’allure de félin s’était servie d’une rotation de son corps dans les airs pour apporter plus de vitesse à son assaut. Sans aucun doute, si l’Ogre n’était pas l’Ogre, la balle aurait fusé tout droit dans le cerceau. David devint Goliath sous les regards médusés des quelques élus voulant rejoindre son équipe. De plein fouet, la balle le percuta. Cette barrière vivante ne pouvait être passée. Sa défense comme son rôle de gardien venait d’atteindre un nouveau palier. Et bien qu’il eut perdu cette confrontation, Kuro pouvait se sentir honorer d’avoir forcé cet homme à dévoiler une telle forme alors qu’il était handicapé.

De son côté, l’Esprit-Libre laissait parler ses pulsions. Alors que son adversaire, une femme, posa le pied sur son terrain, l’animal se mit en chasse. Si dans un premier temps il n’avait pas cerné les règles et le but de cette confrontation, ce n’était plus que de l’histoire ancienne désormais. Sans lui laisser la possibilité de se mouvoir ou d’entamer un quelconque ballet, le Fauve chargea très rapidement sur son vis à vis. Sa main droite saisit le poignet tenant la balle. Sa main gauche enserra la nuque de la guerrière. Usant de sa force de primate, il chercha à la faire plier vers l’arrière. Son pied droit se glissa entre ses jambes. Cette action suffit pour la mettre au sol. Emprisonnée par la force du Roux, elle était à sa merci.

Dodo était tout ce que n’était pas Inka. L’animal comptait faire passer un message à tous. Les faibles n’avaient pas leur place ici. Sa main droite libéra le poignet de la jeune femme et préféra cramponner sa chevelure. Avec force, il enfonça son visage dans le sol où dent, roche, sang séché voyaient le jour. Il comptait passer la serpillière avec le corps de la jeune femme et ce fut ce qu’il fit. L’animal fit plusieurs allers-retours avec son nouveau jouet qui mangeait le sol. Un traitement ignoble. Certes, mais qui était en mesure de dicter la conduite de l’arme de Kurogane ?

L'Ogre, accueillant le destin et le futur à bras ouverts, comme ce ballon venant percuter son thorax, avec assez de force pour marquer sa peau, mais bien trop faible pour, ne serait-ce, que faire broncher le géant. Le spectacle avait été demandé, il avait été donné, pour la beauté de ce sport, pour les amateurs du ballon, pour les amoureux des Épreuves. Dodo se sentait bien, détendue, puissant, sous cette forme, il se sentait en harmonie avec lui-même, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Il en était clairement conscient, son corps évoluait de jour en jour, gagnant en puissance et en résistance. Son pouvoir connaissait une montée croissante en termes de polyvalence. Jusqu'où ce pouvoir lui permettrait d'aller, où allait-il l'emmener, son destin serait-il radieux, ou marquer par les ténèbres et la déchéance?

Mais là n'était pas la question du jour, le borgne regagnait sa taille d'origine, peu à peu, faisant craquer ses articulations une fois le processus terminé. Il venait de trouver sa propre place sur le terrain, celle de gardien, comme son joueur préféré, Tsukuri Jojiro. Au fond de lui, il l'avait toujours voulu, être un ce gardien capable de prouesse, capable d'arrêter même les attaquants les plus rusés et véloce. Il en était encore loin, mais son pouvoir était taillé pour ce genre de position. Son désir de former sa propre équipe, taillé pour les Épreuves grandissait inlassablement, ayant remarqué les performances de haut vol des participants du jour.

-" Bien joué Kuro, tu as été impeccable."

Un signe amical envers son, désormais, ami et collègue. Il n'y avait pas à dire, l'artiste était taillé pour le spectacle. Quelle image incroyable offert au spectateur, de ce semi-manchot, agile et vif, à la langue bien pendue, prenant à défaut les adversaires le sous-estimant. Il gagnait des points dans le classement final du borgne.

Le dernier affrontement du premier tour allait commencer. C'était maintenant à la jeune fille à la morale déplacée de faire enfin une démonstration, au-delà de celle des mots et des critiques sur des sujets qu'elle ne semble pas maîtriser. Le borgne ne put s'empêcher de lâcher un léger rire, lorsque son compagnon sauvage, avec toute sa violence, l'as mis hors d'état de poursuivre en seulement quelques secondes.

-" J'avais raison, elle n'a que la gueule."

Une petite remarque interne que se fit le Watanabe, se rapprochant quand même de son ami Inka, lui intiment de stopper sa fougue, sans pour autant l'y obliger. Après tout, qui était Dodo pour empêcher le primate de passer ses nerfs sur une personne qui aurait mieux fait de réfléchir avant de parler. Il est facile d'avancer certains arguments, ça l'est moins d'en assumer les conséquences.

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Après un interlude de quelques minutes, afin d'évacuer le corps de la jeune fille dévisagée et de permettre aux autres une légère pause, il ne restait maintenant que deux concurrents, deux "proches" de Dodo. Ils étaient proches par ce lien si particulier qui les avaient uni durant la bataille des remparts. Deux des généraux de guerre improvisé. Dodo avait même combattu au côté du Katataka lors de cette bataille titanesque. Et puis que dire de Kuro, lui aussi avait une grande gueule, mais il avait au moins la décence d'aller au bout des choses et d'en assumer tous les aboutissants. Les deux concurrents que Dodo voulait voir jusqu'au bout, l'excitation grandissait peu à peu.

Ce fut maintenant temps d'attaquer le second tour, amputé d'un affrontement. Il ne restait plus que l'opposition Dodo et Kata, puis viendrais le tour d'Inka face à Kuro. Cette fois les rôles étaient inversés, les, précédemment, défenseurs passaient maintenant en position d'attaque. Un rôle que n'affectionnait pas particulièrement le borgne, lui qui malgré une bonne stratégie et connaissance du Bokusoumari, avait sûrement tendance à foncer un peu vite dans en ligne droite. Les deux adversaires du moment était opposé en de nombreux points. Alors que Dodo privilégiait la force de ses poings, Katataka, lui, utilisait exclusivement ses jambes. Le borgne était certes rapide et agile, mais ce n'était rien comparer aux prédateurs des cieux, ce jeune capable d'utiliser les traits de l'aigle.

-" Bonne chance Katataka. Que le meilleur gagne."

Un sourire carnassier qui trahissait l'excitation du Watanabe. Il n'était jamais vraiment le même, dans un affrontement ou une partie de Bokusoumari, que dans la vie de tous les jours. Il avait toujours cette entité, enfouie en lui, celle qui avait autrefois arrachée son œil, qu'il ne pouvait pas aussi bien retenir lorsqu'il était excité par l'adversité. Et ça, surtout depuis la bataille des Portes d'Or.

Le coup d'envoi était donné, le spectacle pouvait recommencer. Après avoir montré sa capacité à grossir et devenir un véritable colosse, idéal pour la défense, il y avait une autre palette que le borgne utilisait beaucoup lors de l'apparition de son pouvoir, et qui serait idéal pour l'attaque. Quelques signes incantatoires suffirent pour laisser apparaître un nombre impressionnant de sosie du borgne. Dix au total, tous bien réels, bien que très fragiles. La tactique était simple, faire plier le rapace sous le nombre d'attaquants. À la manière d'un quarterback, l'original attrapa le ballon avant de prendre quelques pas de recul. Pendant ce laps de temps, 5 de ses sosies foncèrent en direction du cerceau, en prenant les ailes, afin que le volatile ne puisse pas tous les intercepter d'un coup. 1 autre copie, fit grossir son poing de manière impressionnante, visant Kata, afin de le pousser à se concentrer sur le poing. Le but était de lui laisser peu de place à la réaction, le submerger sur tous les fronts. Les 3 dernières copies, avaient pour seul but de prévoir la contre-attaque du jeune homme aux yeux perçant. Il restait en ligne, devant Dodo, le protégeant ainsi et lui permettant de lire les trajectoires de ses copies, afin de transmettre la meilleure passe possible.

Comment allait réagir Kata, face à ce grand nombres d'adversaires et cette stratégie penser par le borgne en amont. Ce qui était sûr, c'est que s'il ne parvenait pas à rapidement contre-carrer le plan du borgne, ce dernier n'aurait aucune peine pour délivrer une passe décisive à un de ses cinq clones parti en direction du cerceau.

Mon plan semblait se dérouler comme prévu. Je n’avais pas laissé le temps de réagir à Inka et tandis que je m’approchais dangereusement de l’anneau, l’Homme-Singe n’avait toujours pas bougé. Cependant, une fois que je ne fus plus qu’à quelques mètres de mon but, mon adversaire se mit en mouvement. Je n’avais pas à me retourner pour le voir mais je l’entendais clairement fulminer ainsi que ses bruits de pas sur le sol. Ils étaient légers et rapides. Beaucoup plus rapides que je ne l’aurais cru. J’accélérai aussi car je devais atteindre à tout pris l’anneau, mais Inka fut plus rapide. Il apparut alors sur ma droite, une envie de meurtre dans le regard. Il ne dit que deux mots avant de placer sa paume contre les cottes de mon flanc droit. Ne sachant pas ce qu’il cherche à faire, j’essayai de m’éloigner le plus rapidement possible… Mais je ne le fus pas assez… Un torrent de flammes s’échappa alors de sa main et vint engloutir mon bras ainsi qu’une partie de mon côté droit.

La douleur des brûlures que j’avais gagnées lors de la bataille des Portes d’Or commençaient à peine à s’estomper que celles-ci les ravivaient et en créaient de nouvelles. Je tombai alors au sol et lâchai la balle pour me rouler à terre. Je devais éteindre les quelques flammes au plus vite pour limiter les dégâts car ma journée n’était pas fini… Malgré les douleurs lancinantes, je me relevai en grinçant des dents et me tournai vers mon opposant.

Tu es encore plus fort que la dernière fois, Inka. Mais je n’en attendais pas moins de toi.

Sur ces quelques mots, je me dirigeai vers l’extrémité du terrain. Je préférais m’isoler tandis que les autres candidats passaient sur le terrain. Il fallait que je mette un bandage au plus vite sur mon bras si je voulais limiter les infections et augmenter les chances de guérisons. Les brûlures étaient moins graves que la dernière fois, mais si je voulais être apte à affronter Wanatabe-san, je devais les traiter.

Du coup, je ne vis rien de l’affrontement de Kuro-san et j’arrivai juste à temps pour voir la guerrière se faire mettre au sol et immobilisée en quelques secondes par Inka. Elle n’avait eu aucune chance. Peut-être n’en aurais-je pas eu non plus si le Banmin avait directement su ce qu’il fallait faire lors de notre duel... Cependant, je n’en saurai jamais rien et il valait mieux que j’apprécie avoir pu démontrer ce que je valais plutôt que de réfléchir avec des « et si ? ». Ce n’était pas ça qui allait m’aider à gagner mon prochain duel.
Justement, ce dernier allait commencer et Wanatabe-san s’avança sur le terrain. Cette fois-ci c’était lui mon adversaire et ce serait lui l’attaquant. Quant à moi, je devais l’empêcher d’atteindre l’anneau. Je me positionnai face à lui. J’étais prêt à encaisser ce qu’il avait à me proposer.

Sans plus attendre, le chef d’équipe composa des mudras et créa des clones parfaits de lui-même. Il était devenu à lui tout seul une équipe entière et défendre s’annonçait difficile face à lui. Cependant, je ne m’annonçais pas vaincu. J’observai ces premiers mouvements et remarquai qu’il avait pensé à tout. Attaque, comme défense. Certains fonçaient droit sur l’anneau tandis que d’autre restaient devant pour le protéger. Cependant, une question me vint à l’esprit, pourquoi avait-il besoin d’être protégé ? Si ce n’était que pour la balle, il aurait simplement pus l’envoyer à un autre de ses doubles si je m’approchais de trop… Alors pourquoi en garder trois entre lui et moi ? Peut-être qu’il était là le point faible de sa technique ! Elle devait lui demander beaucoup de chakra pour maintenir neuf clones, mais certainement aussi de la concentration. Et sans l’un de ces deux composants, sa technique ne ferait que s’annuler sans autre conséquence. Je pris donc ma décision : foncer sur lui pour le neutraliser avant qu’il ne marque un but.

J’avais réfléchi aussi vite que je le pouvais et le temps que je prenne une décision, un des clones arrivait sur moi avec un énorme poing en avant. Je n’avais qu’une solution : sauter. Je pris donc appuie sur le sol et décollai rapidement pour atterrir en plein sur ma cible. Le clone disparut alors. Je repris alors ma course en direction de Wanatabe-san, même si trois autres copies du sportif se dressaient entre lui et moi.

Une fois à portée, j’en attrapai un avec mes serres et le repoussai violement sur celui qui se trouvait juste derrière lui. Les deux disparurent dans un écran de fumée. J’en profitai alors pour asséner un coup de pied au troisième et dernier clone défendant l’original. Plus que quelques mètres à parcourir. Cependant, c’était maintenant le moment le plus délicat. S’il lançait la balle et que je n’arrivais pas à la rattraper, j’étais fini. C’est pour ça que je concentrai tout mon chakra dans les jambes, prêt à sauter sur le ballon s’il le lançait ou sur lui si j’y arrivait avant. Ma technique de défense était fort semblable à mon attaque, mais dans un cas comme dans l’autres, mes jambes étaient mon atout principal pour l’instant. Alors autant bien les montrer !

Deux héros de guerre se faisaient face. L’Ogre d’une part. L’Aiglon de l’autre part. Deux chefs de guerre ayant su montré l’hardiesse sommeillait au fin fond de leurs âmes. Ensemble, il avait triomphé face aux superpuissances animales. Désormais, il devait triomphé l’un de l’autre. La tension pouvait être ressentie. L’air se voulait lourd. Le soleil se voilà derrière une parure nuageuse. Ce conflit était le plus à même de faire fuir l’astre solaire. Les deux Tsukuri connus et reconnus entrèrent sur le champ de bataille improvisé. Autour d’une balle, ils devront mettre en lumière celui qui était le plus astucieux des deux. La balle revint à l’attaquant. Inka, sous forme animale, cette fois-ci, s’installa à même le sol. Il ne voulait pas manquer ça. D’autant plus qu’il allait être le prochain. Le Fauve exultait.

L’Ogre prit les devants. Il laissa jaillir neuf versions de lui même. Un sourire barra le visage du singe ivre. Il ressentait la colère latente de son fidèle ami. Le groupe de clone explosa en trois nuées distinctes. Cinq versions inférieures prirent en otage les ailes du terrain pour se placer au plus proche du but. Trois hommes-murailles restèrent au côté de l’originel. Enfin, un doppelganger fusa vers sa cible. Son poing s’hypertrophia pour venir le fustiger d’un unique mais puissant coup. L’Aiglon fort de son expérience n’eut besoin qu’à prendre son envol.

Passant allègrement au dessus de l’assaut, l’hybride ne manqua pas de laisser ses serres perforer le clone. Il disparut aussitôt. Le Calme se décida à agir. Le Watanabe – à tort ou à raison – devait sans doute maintenir un état de concentration avancé pour une telle arcane. Voilà ce qui motiva Katataka à charger rapidement son vis-à-vis. Un premier clone fit irruption face à lui, pour lui barrer la route. À l’aide d’un jeu de jambe expérimenté, l’ancien Shinnin n’eut aucun mal à le punir. Sagace, il l’envoya tel un boulet de canon contre l’une des deux murailles faites de chair. Deux clones disparurent. La confrontation n’opposait plus que deux Borgne contre un Aoki. Un combat aurait pu lâché certain. Deux oeil contre deux yeux. On s’esclaffe. L’aiglon fit taire ces sornettes en pulvérisant la dernière muraille.

Sa charge continuait toujours. Il touchait au but. Katataka accumula une quantité impressionnante d’énergie dans ses jambes. Il n’attendait que ça. Jaillir sur la balle ou sur l’une des deux entités faces à lui. La feuille faille du plan de l’hybride avait été le fait de penser que son adversaire devait se concentrer pour déplacer ses jalons. Sa bénédiction transcendait les règles de l’humanité. Une aberration pour certains. Un pouvoir diablement efficace pour d’autres. Katataka n’était plus qu’à un mètre de son adversaire. Ce dernier attendait le moment opportun. Il voulait un champ de tir le plus fermé possible. Son passif de fan de Bokusoumari l’aidait pour une telle entreprise. Il allait répéter le mouvement ayant rendu Jojiro et les Oni célèbre.

L’Ogre laissa parler sa colère latente. Il condensa toute sa force en un unique point. Son bras armé. Un homme aurait pu mourrir si cette force avait été redirigé contre lui. Dodo avait un objectif en tête : perpétuer l’exploit. En premier lieu, il arma son bras comme s’il voulait effectuer une passe en cloche classique. Une feinte. Au dernier moment, son poignet se brisa. La balle bénéficia d’un effet enroulé digne des plus grands attaquants du Bokusoumari. La trajectoire de la balle, au lieu de foncer tout droit, évolua sous la forme d’une courbe partant sur la droite pour revenir plus mètres plus loin sur la gauche. La perfidie de cette action ne reposait pas uniquement sur sa feinte ou cette courbe trompe l’œil.

Katataka suivit la balle. Son corps bondit sur le côté droit. Le Borgne avait visé le sol, de manière explicite. Avec assez de force, l’enroulé entraînerait son adversaire sur la droite tandis qu’il continuerait sur la gauche. Pour éviter toute tentative charge nouvelle, viser le sol lui permettait de faire rebondir la balle pour que celle-ci finisse par tomber en cloche et permette à ses cinq clones de concrétiser cet exploit sportif. Et ce fut, bien entendu, ce qui se passa. L’Aiglon avait été acculé. Sans la présence des nombreuses entités éphémères, il aurait gagné ce duel : Dodo n’ayant eu aucun receveur.


Place au macaque et au manchot. Il devait transformer l’essai. Foncer et pénétrer le cerceau tel les femmes de nobles de la veille. Simple. Sa main s’articula autour d’une balle. Soudée à sa main, il avança sur le terrain. Il se plaça face à l’artiste, plusieurs mètres les séparaient. Le singe ne voulut pas ruser. Il se contenterait d’agir de façon laconique : charger jusqu’au but. Le Fauve tambourina sa poitrine avec force. Ses poils roux s’embrassèrent. Il sacrifia les autres utilités de son arcane flamboyante pour former un halo de flamme susceptible de causer de grave brûlures. Les flammes dévorantes s’étalaient sur une courte distance, tout autour de lui, pas plus de trois mètres. Ses narines libérèrent une puissante expiration.

Son corps se cambra vers l’avant. Index, majeur et pouce de chaque mains se posèrent au sol. Son genoux gauche suivit tandis que sa jambe droite était à moitié fléchie. Une position de starting block classique, mais efficace. Se servant du sol comme d’un tremplin, le Fauve bondit très rapidement vers l’avant et ce sur une moyenne distance. Sa charge s’articulant en deux temps. En pleine course, il se désaxa d’un simple pivotement de sa cheville pour attaquer le cerceau sous un autre angle. Cette fois-ci, il sacrifia la portée de sa première charge pour prouver sa force à tous. Quasi-instantanément, il fusa sur une courte distance. Il cherchait tout simplement à dépasser de sa folle vitesse son vis-à-vis.