Kobayashi Riku avait été mandaté pour sa toute première mission. Il s'était installé dans le village depuis peu, à la solde des membres du clan Tsuruki qui l'avaient approché. Il était affilié à un groupe de clan, ceux étant liés à la forge, métier du Kobayashi. Lui et sa famille étaient logés dans le village et en retour, Riku devait réaliser des missions pour eux et également mettre ses talents de forgeron à leur profit. Bien entendu, chacune des actions qu'il poserait serait rémunérée pour peu qu'elle soit fructueuse. Tel était l'accord initial entre les Tsuruki et Riku. Il aurait été fou de refuser. Rester dans son trou perdu dans Kusa no Kuni entouré par une faune de plus en plus hostile était un choix. La vie ne lui ferait aucun cadeau s'il avait fait ce choix. De l'autre côté, ici, il avait de quoi mettre à l'abri les siens. Ce fut naturellement le choix qu'il fit. Tous ses proches l'avait suivi, lui le jeune qui était devenu par la force des choses le patriarche en quelques sortes.

Pour en revenir à la mission, il s'agissait de trouver des affins au chakra et les présenter au maître, le second fils du chef de clan Tsuruki, afin que ce dernier puisse les incorporer au groupe des Oni. Les Oni sont un groupe de sport, une équipe de joueurs d'un sport populaire dans le village d'Asatsuyu no sato, le bokusoumari. Sur le papier la tâche paraissait simple. Pas de combat en perspective, mais la chose n’était évidemment pas à exclure. Il était fort probable que certains élus n’acceptent la proposition qu’au détour d’un duel. Le type d’élu n’ayant en tête que l’affrontement bien entendu. Pour la plupart des héros qu'ils rencontreraient cela dit, Riku s’attendait à parlementer, à faire miroiter monts et merveilles, à discuter ferme. Probablement qu’il ne serait pas nécessaire d’aller jusque-là d’ailleurs. Après tout, rien que la perspective de faire partie du groupe des Oni enchanterait plus d’un normalement. La gloire, les honneurs, l'argent... Quand bien même ces joueurs joueraient masqués, la perspective était belle d'autant plus, c’était le second fils du seigneur clanique en personne qui cherchait des ouailles pour son équipe fétiche.

S’étant rendu au point de rendez-vous, Riku y rencontra la jeune Watanabe avec qui il devait effectuer la mission. Celle-ci le salua et se présentant à lui.

_ Oui c'est bien Riku. Et vous j'imagine que vous êtes Osonae. J’espère que vous allez bien… On peut se tutoyer ? Ce sera plus simple… Avait lâché le Kobayashi. Il faut dire qu’il n’avait pas forcément les bonnes manières. Tôt ou tard il aurait oublié le vouvoiement et aurait lâché un bon tutoiement des familles. C’était ça que d’être de la basse classe…

_ Le contrat parle de la jungle de Kusa… Mais aussi du Stade de l’Epreuve. Ce lieu est plus proche de nous je te suggères qu’on y aille ? Riku venait de faire une blague. Il ne lui était jamais venu à l’esprit de devoir se promener dans la jungle de Kusa. Il faut dire que l’on pouvait rencontrer des bêtes sauvages inconnues au bataillon là bas. Il avait assez donné récemment sur ce point. Après s’il était obligé d’y aller pour remplir le contrat… Fort heureusement pour eux, le Stade n’était pas loin. Avec un peu de chance, il y trouveraient le « petit prince » de Kurogane. Sinon eh bien ils accosteraient le premier quidam qui leur semblait être un élu. Généralement ces derniers adoptent une posture un poil prétentieuse. Torse bombé, menton haut, air dédaigneux. Après tout, les élus étaient la crème de la crème de la société, ils pouvaient se permettre de faire leur malin.

Allez, c’est parti ! Let's go crazy !

Riku se portait beaucoup mieux depuis le fameux épisode du Jizen Ichi. Cette kermesse qui avait tourné court et qui s’était soldée par la mort de quelques non affins et peut-être même d’élus qui sait ? Riku à cette occasion avait été blessé plutôt gravement puisqu’ayant subi une attaque à l’arbalète de plein fouet. Beaucoup seraient morts à sa place à n’en pas douter, mais Riku était un Kobayashi. Il était un forgeron-chasseur des plaines de Kusa no Kuni. La vie, il l’avait apprise à la dure, son corps avait été sculpté par les travaux quotidiens et la nécessité assez récurrente de faire face à la faune agressive ou parfois à des clans rivaux. C’est probablement sa constitution physique héritée de cette vie à la dure qui l’avait aidé à se rétablir dans un délai record de trois semaines…

Arrivé aux portes du Stade de l’Epreuve, le duo est accueilli par un servant du Seigneur Kurogane. Ce dernier les invite à le suivre afin de rencontrer le maître des céans. Le duo emboîte le pas du personnage le suivant dans le dédale de couloirs. Petit à petit ils semblent se diriger vers des « quartiers » particuliers au sein du Stade, un endroit où le Kobayashi n’avait jamais posé les pieds. Riku, en amateur du Bokusoumari, avait assisté à quelques matchs mais du haut des gradins, comme la majeure partie des habitants du village. Les loges n’étaient accessibles qu’à la crème de la crème de la cité y être invité était un immense honneur. Riku profitait de la visite pleinement laissant son regard se poser sur chaque détail nouveau à ses yeux. Il en profitait également pour observer tout ce qui était décoration d’armes. Arrivé à des portes frappées de nombreuses feuilles d’or, le serf s’arrêta et encouragea le duo à aller de l’avant.

Riku posa ses mains sur les portes d’or les laissant glisser dessus comme s’il les caressait tandis qu’elles s’ouvraient. A l’intérieur de la loge, un siège royal ou plutôt un trône avec des marches pour y accéder. Le Kobayashi dans un premier temps cru que c’était le seigneur Izaya en personne qui y était installé, mais un rapide coup d’œil, alors qu’il posait un genou à terre et qu’il baissait la tête en signe de respect et de soumission, lui permit de savoir qu’il s’agissait bien de Kurogane. Redressant légèrement la tête, Riku voit que le maître des céans s’est levé de son siège et que d’un signe de la main, il invite ses hôtes à se rapprocher.

_ Salutations Kurogane Sama avait dit Riku avant de redresser. Son regard parcouru la petite assemblée ici présente. Riku n’avait jamais vu la tête des membres de l’équipe des Oni dans la mesure où ces derniers jouaient masqués, mais il pouvait aisément reconnaître quelques carrures.

Kurogane sans ambages fit une déclaration solennelle. De ses propres mots, les jeux allaient être révolutionnés. Riku fronça les sourcils. Pourquoi donc se demandait-il ? Evidemment, sa bouche ne formula pas ces propos. Kurogane était un seigneur et un seigneur se vexe rapidement. Il fallait demeurer prudent d’autant plus qu’il ne connaissait pas véritablement le caractère du second fils d’Izaya. Au final, ce fut Osonae qui posa la question. Riku pour sa part demeura silencieux.

Riku écouta le propos de son altesse le prince. Le Kobayashi ne connaissait pas personnellement Tsuruki Kurogane. Et pourtant, il était particulièrement impressionné par cet homme. Il voyait en lui un leader, à la fois un homme de terrain et également un homme de pouvoir, de la trempe de ceux capables de tirer les ficelles et de faire les choses. Kobayashi Riku s’identifiait à lui. Il est vrai qu’il était à l’heure actuelle lié aux Shashutsuki notamment à Rakuen. Riku respectait également profondément cet homme, mais son leader, celui qu'il considérait le plus était cet homme qu’il avait devant lui. Tant que le Kobayashi aurait le sentiment que leurs valeurs étaient identiques, il le servirait loyalement.

A la suite des propos de Kurogane, Riku salua, d’une inclinaison du buste, tout en gardant le visuel sur son interlocuteur, Tsuruki Jojiro et ses compagnons. Dans son regard, un respect, sans aucune autre forme d’artifices. Puis l’homme se redressa lorsqu’il entendit que la 33ème édition marquerait la fin des Épreuves. Le forgeron fronça les sourcils étonné par cette annonce. Il se tourna vers le prince cherchant des yeux une réponse à ses interrogations. Arrêter le Bokusoumari serait tout simplement désastreux. Ce jeu était adopté par le peuple et l’Invaincu ainsi que ceux qui osaient le défier, étaient attendus sessions après sessions. Fort heureusement, le prince avait poursuivi. Il expliqua que les nouveaux jeux seraient articulés autour du chakra. Une annonce forte qui évidemment révolutionnerait ce sport. Il est vrai qu’à l’heure du chakra, les non affins seraient désavantagés par le premier joueur capable de prouesses inimaginables pour eux. Ils étaient dépassés, et Kurogane faisait bien d’anticiper les choses en mettant de côté les non affins. Tel est l’ordre naturel des choses après tout.

Risquant un œil vers les légendes du Bokusoumari afin d’observer leurs réactions face à cette annonce forte. En fin politicien, Kurogane avait prévu de faire avaler la pilule aux mis à l’écart en leur confiant la formation et l’encadrement des nouveaux venus. Ingénieux, mais serait-ce suffisant ? Seul le futur était en mesure d’apporter une réponse satisfaisante à cette interrogation.

Kurogane multipliait les effets de manche. Le voilà qui désormais proposait sans détours, au duo, non seulement de diffuser l’information et de recruter des affins au chakra pour ce sport mythique, mais également de rejoindre les Oni. Une nouvelle que Riku n’attendait pas. Cela dit, dès lors que le seigneur Kurogane avait parlé d’intégrer les affins au chakra, il avait pensé à se proposer d’office. Le Tsuruki ne faisait que lui faciliter les choses en le lui proposant lui-même.

_ Ce serait un grand honneur pour moi Seigneur Kurogane… Avait répondu immédiatement Kobayashi Riku en s’inclinant à nouveau comme s’il venait d’être anobli. En son for intérieur, il le devinait. Il passerait par les jeux possiblement pour grandir au sein des Tsuruki. L’Invaincu serait sa cible car au travers des mots du seigneur Kurogane, le Kobayashi comprenait qu’il était temps de mettre fin à sa supériorité écrasante.

_ L’Invaincu ne portera bientôt plus ce nom. J’en fais le serment. Avait dit Riku le regard plus que déterminé. Il respecterait sa parole quoi qu’il lui en coûte.

_ Jojiro San… Je suis à votre disposition pour la formation. J’aimerais être votre élève personnel, afin d’apprendre les rouages, astuces de ce jeu. Avait dit Riku en regardant le Tsuruki. Accepterait-il ? Quoi qu’il en soit, il était mieux de se proposer tout de suite devant le seigneur Kurogane cela lui laissait moins de marge pour refuser.

Kobayashi Riku remarqua que l’entrée de retardataires lui avait cassé le fil de la discussion. A deux reprises, deux nouveaux personnages s’étaient pointés. Le forgeron ne connaissait aucun des deux et tout comme le maître des céans, il estimait que leur retard était quasiment impardonnable. Riku fut d’ailleurs surpris qu’aucune parole désagréable de fusa de la bouche du Tsuruki. Il fut encore plus surpris lorsque Kurogane prit son temps pour expliquer à nouveau ce qu’il attendait des élus présent dans cette loge. Il était peu habituel qu’un prince sache se montrer patient. La nature de ces hommes supérieurs est bien souvent l’impatience qui rime souvent chez eux avec folie de grandeurs.

L’un des deux retardataires se présenta en apostrophant quasiment le Tsuruki. Il avait utilisé le mot « cher » ! Avaient-ils fait paître les vaches ensembles pour que cet « artiste » parle ainsi à l’un des maîtres du village ? Riku d’office eut une piètre opinion du dénommé Fumiaki. Quand bien même il était artiste certaines règles sociales étaient à respecter. C’était un minimum. L’autre retardataire, pour il ne sut quelle raison, lui parut tout de suite plus sympathique. Peut-être était-ce à cause de son côté jeune adolescent rêveur ?

Riku écoutait d’une oreille les propos de Kurogane tandis qu’il pensait à la fois aux impacts des décisions du Tsuruki tout en pensant aux retardataires. Finalement, tout son esprit fut occupé par le propos de Kurogane et les perspectives que Riku pouvait plutôt aisément deviner. La perspective de nouvelles épreuves allait certainement créer un nouvel engouement autour des Epreuves. Le peuple, toujours friand de nouveautés en serait ravi. Cela dit, l’épreuve reine devait demeurer. Le Bokusoumari était désormais entré dans la culture d’Asatsuyu. Il était bon de le perpétuer.

Kurogone autorisa le premier, Tsuruki Jojiro à s’exprimer sur cette idée. En tant que pratiquant du Bokusoumari et probablement fan inconditionnel de ce jeu, Jojiro défendit « son » lopin de terre et refusant toute nouvelle initiative. Il semblait particulièrement vexé que l’Invaincu ait demandé de nouvelles épreuves et mis au-devant le fait qu’il était un étranger au village et qu’il n’avait par conséquent pas son mot à dire. Il se fermait tant aux nouvelles initiatives qu’il affirma ostensiblement qu’il ne s’imaginait pas d’autres jeux possibles. Puis d’un regard, dur bien entendu, Jojiro s’intéresse au groupe d’élus comme pour leur signifier qu’il était temps qu’ils donnent leur avis.

Pour Riku, la chose était claire d’autant plus que l’idée de révolutionner les jeux venait également de Tsuruki Kurogane.

_ Je crois que l’idée est intéressante… Je parle de celle d’ajouter de nouvelles Epreuves aux jeux. L’Invaincu, tout étranger qu’il est, nous bat depuis combien de temps ? Le fait qu’il demande de la nouveauté est compréhensible. Mais bien entendu, nous ne le ferons pas pour satisfaire ses desiderata, mais pour justement apporter une nouvelle touche, plus de difficultés autour des jeux et orienter le tout selon notre vision des choses.

Riku marqua une légère pause avant de poursuivre en s’adressant cette fois directement à Kurogane dans la mesure où l’élu regardait droit dans les yeux le Tsuruki :

_ Bien entendu, le Bokusoumari demeurera l’Epreuve reine autour de laquelle seront cloturés les jeux. Mais si nous pouvions y ajouter quelques nouveautés capables de mettre à mal l’Invaincu, le peuple n’en serait que plus enthousiaste. Le peuple aime les champions, mais tout autant que la cote de popularité d’un champion augmente, aussi longtemps qu’il demeure invaincu, sa cote d’impopularité grimpe en flèche et avec son lot d'ennemis. Aujourd’hui, beaucoup jouiraient littéralement de voir l’Invaincu souffrir dans quelques épreuves inédites avant d’être cloué au pilori sur son propre terrain, le Bokusoumari, mais par de nouveaux champions : les élus. Le passage de témoin sera alors assuré, et les jeux prendront une nouvelle dimension, une dimension plus importante en reléguant aux oubliettes le temps passé ainsi que son champion invaincu.

Riku avait parlé avec passion, enthousiasme. Il était convaincu des mots qu’il avait utilisé. Bien que n’ayant pas dans l’immédiat d’idée pour ces nouvelles épreuves, quelque chose lui disait que Kurogane lui, avait longuement rélfechi à la question.

_ Seigneur Kurogane, auriez-vous des idées d’épreuves qui pourraient à la fois faire plaisir au peuple et mettre à mal l’Invaincu ?

Le Kobayashi avait posé la question sans détours. Au prince d’apporter une réponse, du moins s’il le souhaite.

Kobayashi Riku avait écouté les interventions après lui, des deux élus retardataires. Il avait craint dans un premier temps d’être marginalisé d’entrée, puisqu’ayant pris le risque d’afficher sa préférence, mais il fut finalement rejoint si l’on peut considérer les choses ainsi par les deux autres. Evidemment, leurs propos, avant-gardistes n’étaient pas pour plaire à Tsuruki Jojiro. Seulement, le trio n’en avait cure. Il fallait aller de l’avant, c’était une nécessité, une obligation. Le monde évolue et il ne laisse aucune marge de manœuvre à qui ne sait pas lire les signes du temps et les interpréter convenablement. Quoique n’ayant aucun à priori sur Jojiro, dont la seule faute était probablement uniquement de s’accrocher aux vestiges du passé, Riku estima que Tsuruki Kurogane lui, avait un temps d’avance sur son homme de main. Cela se lisait dans ses yeux et cela s’entendait également à la manière avec laquelle il s’exprimait. Il voulait du changement.

Finalement, après avoir lâché sans détour l’information selon laquelle le chakra lui était inconnu, le seigneur Kurogane finit par applaudir l’idée du trio, en réalité, celle qu’il leur avait suggéré. Il accepta la proposition en annonçant que les Épreuves comporteront cette fois ci deux nouveaux jeux. Le clou du spectacle sera le Bokusoumari, jeu star, dans lequel l’Invaincu devait obligatoirement perdre son titre.

A priori boosté par sa propre annonce, le prince semblait réellement enjoué. Il demanda de nouveaux avis, un nouveau tour de table ou plutôt une nouvelle ronde d’avis. Quels devaient être ces nouveaux jeux ? Comment devait s’articuler les Epreuves de cette 33ème édition. Il souhaitait des idées fraîches, neuves, révolutionnaires, tout de suite, là, maintenant. Le Kobayashi eut un sourire. Les rois et les princes sont des hommes souvent pressés, impatients. Ils ont du mal à s’accommoder avec l’attente. Riku devait essayer de recadrer les choses, quitte à déplaire à leur hôte princier. Un coup d’œil vers ses collègues il se racla la gorge légèrement et pris la parole :

_ Mon prince… Je doute que nous puissions proposer là maintenant des idées pertinentes à moins que l’un de nous n’y ait réfléchi depuis quelques temps, ce qui n’est malheureusement pas mon cas. Il marqua une courte pause. Son regard n’avait pas quitté celui du prince. Il s’adressait à ce dernier en réalité, bien conscient que Kurogane n’avait cessé, jours et nuits, de réfléchir à la question. Après tout, s’il n’avait pas voulu révolutionner les jeux cette discussion n’aurait pas eut lieu. Mieux, pourquoi deux nouveaux jeux et pas cinq ? Dix ? Trois ? Nécessairement, le Tsuruki avait une idée derrière la tête. En ce cas pourquoi ne l’exposerait-il pas ?

_ Personnellement, je pense que si vous nous exposez les points faibles que vous avez noté chez l’Invaincu, pour l’avoir vu de près à plusieurs éditions, je crois que nous serons à même de pouvoir vous proposer des jeux qui l’affaibliront d’une façon ou d’une autre de sorte qu’il soit prêt à être cueilli tel un fruit mûr le moment venu : lors du Bokusoumari.

Il enchaîna :

_ La seule idée qui me vient en tête serait plus du divertissement pour le peuple en plus d’un bon moyen de voir les élus à l’œuvre : un tournoi ou à défaut une mêlée générale avec interdiction, sous peine d’élimination, d’impacter le stade, les spectateurs, le village même sais-t’on jamais. Cela ferait un bien fou à la population à n’en pas douter. Mais cela n’entrerait malheureusement pas dans un plan contre l’Invaincu.

Riku garda son regard un instant rivé sur le Tsuruki avant de reporter son attention vers ses collègues. Avaient-ils de meilleures idées ?

Il n’avait pas échappé au Kobayashi la déception qui se lisait allègrement sur le visage du noble. La chose avait même fait froncer les sourcils de l’élu bien conscient de cette contrariété qu’il avait suscité auprès du noble. Riku en était peiné. Il respectait énormément le Tsuruki. Le voir désapprouver ses propos le mettait dans une situation qu’il n’appréciait guère. Le ton acerbe utilisé par le Tsuruki fini de convaincre le Kobayashi que désormais, il lui faudrait multiplier les prouesses pour entrer dans les bonnes grâces du prince. Le rejet de sa proposition ne fit que le conforter dans cette certitude. Le noble avait utilisé le mot massacre. Riku en était peiné. Il n’avait jamais pensé à un massacre, plutôt à des rixes avec un risque certain de mort, mais l’objectif n’était pas de tuer mais plutôt de vaincre. Le Kobayashi s’abstint de soupirer. Il baissa seulement la tête, défait.

Les autres élus, les retardataires, avaient comblé leur retard. Eux avaient su rivaliser d’imagination et avaient pu proposer des jeux. Peut-être que leur jeunesse ou un plus fort intérêt en faveur des jeux les avaient poussé à réfléchir à tout cela. Ou encore peut-être était-ce dû à leur imagination fertile ou encore à une certaine forme d’intelligence plus poussée ? Toujours est-il que Riku était jaloux, il faut bien l’avouer. Déjà qu’il n’appréciait pas ces deux-là pour leur retard dans un moment aussi crucial, mais en plus les derniers venus étaient parvenus à lui ravir la vedette devant cet homme qu’il respectait jusque-là à un niveau insoupçonné. Grande était sa déception. Le « vous devriez apprendre de vos benjamins » vu le coup final, le finish him qui mis à terre la fierté du Kobayashi. Serrant le poing demeuré pendant le long de son corps, Riku serra également les dents.

Il n’ajouta plus un mot, blessé dans son amour-propre d’autant plus qu’on les éconduisait sans lui laisser la moindre chance de se racheter aux yeux de Kurogane. Désormais, il devrait parler à Jojiro, un recalé comme lui, afin de déterminer une épreuve de sélection aux épreuves des Oni. Ce serait une insulte si Riku ne parvenait pas à s’imposer dans cette élite naissante. Non seulement il allait y parvenir, mais il allait tout casser à l’ensemble des épreuves qui seront mises en place par le prince tout simplement pour lui prouver sa valeur et laver l’affront de ce regard et de ces mots blessants.

*Je le jure sur mes ancêtres, Kurogane reconnaîtra ma valeur !* Avait pensé Riku. Regard dur, il parla à Jojiro dès que ce dernier indiqua qu’il était prêt à entendre les élus sur leurs prédispositions afin d’établir le fameux test en question.

_ Pour ma part, j’ai la capacité de produire de l’acide… J’ai une certaine maîtrise du bukijutsu ainsi qu’une prédisposition naissante pour les sceaux. Cela vous parle t-il Jojiro San ? Le Kobayashi s’était fait tout de suite désagréable. Il était d’humeur maussade, prêt à tout casser à la moindre occasion.

Le Kobayashi n’était pas content. Oh que non. Son récent échec vis-à-vis de Kurogane l’avait tout bonnement sorti de ses gongs. Il avait une forte envie de massacrer quelqu’un et ce Jojiro au premier prétexte en ferait les frais. Non, ce serait plutôt le duo de collègues qui testeraient de quel bois il se chauffe tellement, il avait encore en travers de la gorge leurs récentes actions. Alors lorsqu’il eut de parler et que l’artiste se prononça à son tour, Riku serra le poing plus que jamais. Ce bonhomme à l’allure féminine à bien y regardé avait osé le faire passer pour un rustre ! Rien que cela ! Riku bouillonnait intérieurement se forçant à ne pas jeter de regard dans la direction de l’artiste. Lui, c’était sûr, à la première occasion il lui casserait la figure. De quoi le faire descendre de son nuage où il s’était perché. Le fait que ce Fumiaki tenter de monter le jeune homme Takeshi contre lui et Jojiro l’énervait encore plus d’autant plus que le petit commençait à prendre la grosse tête.

Alors lors de l’Imai se prononça à son tour, jouant les moralisateurs et mettant le Kobayashi et le Kuro dans le même sac en parlant de grandissez un peu, doublé d’un « vous faîtes pitié » Riku n’en pu plus.

_ Je t’ai sonné le gamin ? Avait-il lâché immédiatement et pourtant l’Imai l’avait indexé et lui parlant directement cette fois-ci. Et le coup qu’il lui envoya eut l’effet d’un uppercut dans l’esprit du Kobayashi. S’il avait été sur un ring, ses jambes se seraient soulevé de terre et il serait retombé violemment sur le ring KO. On aurait que ses paroles avaient eu l’effet de baffes et l’avaient réveillé de sa torpeur. Aussi violentes que pouvaient être les paroles du gamin, il avait raison au final. Riku s’était arrêté, les paroles de Kurogane lui étaient revenues à l’esprit et tout lui paraissait plus clair désormais. Effectivement, on ne lui avait pas demandé certaines choses. On lui avait tout simplement demandé de mettre en place un test valable pour tous les élus qui voudraient intégrer les équipes des Oni. Simple comme bonjour. Lui avait cru que Jojiro s’occuperait uniquement de les tester eux et qu’ensuite ils iraient prêcher la bonne nouvelle auprès des autres affins au chakra. Il était à côté de la plaque tout simplement.

Il n’eut pas besoin des paroles de Jojiro, redevenu l'homme sage qu'il aurait du être depuis le début, pour le rappeler à l’ordre une nouvelle fois. Ce dernier d’ailleurs, d’un ton sec, ne laissa aucune marge de manœuvre à Fumiaki. Il venait de se faire évincer des Oni avant même de les intégrer. Il avait été jugé trop individualiste. A juste titre d’ailleurs. Ses propos n’aideraient pas à une potentielle cohésion d’équipe avec qui que ce soit. Après peut-être ne kiffait-il pas simplement le Kobayashi puisqu’il semblait respecter l’Imai, quoique ce dernier n’eut manifesté aucune forme de respect à son encontre.

Riku avait posé la main sur l’épaule de l’Imai. D’un ton ferme ne laissant place à aucun doute quant à ce qu’il allait dire, il lâcha :

_ Ne me mets plus jamais dans le même sac que ce fouille-merde c’est clair ? Fumiaki était la dernière personne qu’il respecterait dans le village à cause uniquement de son comportement trop hautain. Si Takeshi voulait descendre plus bas que terre dans l’estime du Kobayashi, alors il pouvait continuer de le prendre de haut en jouant les moralisateurs publiquement.

Ayant écouté Jojiro, Riku réfléchit un instant. Cette fois, il ne devait pas répondre à côté de la plaque autrement, il risquait gros. N’avait-il pas été averti à demi-mots par Jojiro ? Voyant que l’Imai ne répondait rien, préférant peut-être attendre que son aîné « plonge » le premier, Riku donna son avis :

_ Un système de notation ? J’ai eu à réfléchir sur les capacités en posant des questions ci et là… D’après ce que j’en sais la plupart des gens utilisent l’art du combat au corps à corps, celui des armes, les sceaux, une forme d’hypersensibilité, des illusions et enfin le ninjutsu… Si on met en comparaison ces différentes écoles, vis-à-vis des postes d’attaquant, de défenseur et de gardien, je dirais qu’on pourrait noter sur trois chacune de ces écoles vis-à-vis de chacun des postes.

Il se mit à compter sur ses doigts :

_ Pour l’attaque ce serait à mon avis plus le corps à corps, l’art du maniement d’armes et le ninjutsu qui rentreraient en ligne de compte, ainsi que bien entendu la particularité du pouvoir de l’individu pour peu qu’il en manifeste un. Vis-à-vis de l’attaque pour le corps à corps ce serait 1,5 points de même que pour le maniement d’armes sachant que ces deux écoles servent également pour le gardien à mon sens. Pour le ninjutsu et le pouvoir ce serait 1 point respectivement si le pouvoir est considéré comme ayant un potentiel offensif.

Une légère pause, le Kobayashi poursuivit :

_ Pour la défense ce serait plutôt l’art des sceaux pour 3 points, encore le ninjutsu pour 1 point, mais aussi l’art des illusions et l’hypersensibilité qui entreraient en ligne de compte pour 3 points chacun. Le pouvoir également compterait s’il est jugé plus utile pour le rôle de défense. Il serait noté 1 point.

Il regarda ses deux interlocuteur et continua :

_ Pour le poste de gardien, comme spécifié tantôt, l’art du combat au corps à corps et l’art du maniement d’armes compteront respectivement pour 1,5 points tandis que le ninjutsu compterait pour 1 point et le pouvoir pour 1 point également s’il est jugé plus utile pour le poste de gardien.

Il regarda cette fois-ci Jojiro et continua :

_ Je pense que si l’on élabore un tableau sur ces critères, nous pouvons avoir un bon système de notation des candidats aux différents postes. Après faut-il laisser un nombre de point minimum à atteindre pour prétendre à un poste ? C’est une autre question…

Avait-il répondu juste ce coup-ci ? Il faut espérer que oui. De toutes façons, il n’avait plus d’excuses là. Ou il passait définitivement pour un con, ou on le prendrait un peu plus au sérieux.