Montre-moi ce que tu sais faire
- Suzaku : Relève-toi ! Ce n’est pas en te frottant la joue et en restant au sol, que tu vas reprendre ta revanche ! Lève-toi, je te dis !
La force de la nature souleva le Shosei sans effort, puis la paume de sa main vint s’éclater sur le visage du trentenaire. L’impact fut tel, que sa face fut totalement déformée par le choc, que son corps fut projeté une nouvelle fois par terre. Un crachat de sang plus tard, l’esprit confus par une telle vigueur, Ren se releva péniblement comme on le lui avait ordonné. Il arrivait à peine à se lever, son corps était si lourd, son esprit si embrumé…
- Suzaku : Bien ! Voilà ! Allez, mets-toi en garde, soit mobile sur tes appuis !
Un nouveau coup part, cette fois-ci c’est le pied de l’oiseau de feu qui s’enfonça dans le flan sans défense de l’érudit. La violence de l’assaut propulsa le poids plume au pied des spectateurs. Le dragon azuréen s’agenouilla et tapota le visage du dernier venu, il était encore en vie.
- Seiriu : Allez petit Qilin, tu dois encore progresser si tu veux faire partie de notre groupe. Allez courage, voilà un bisou magique et c’est reparti ! Lève-toi, dévoile-nous ton potentiel !
- Genbu : Vous perdez votre temps, il est incapable de grandir, il reste un pitoyable « surfacien », il n’appartiendra jamais à notre monde.
- Byakko : Voyons, vous êtes trop dur avec lui. Ce n’est qu’un ancien érudit, il n’a jamais eu à se battre pour survivre ! Non, laissons-lui une chance. Je sais, et si nous formions une ronde autour de lui, sans nous défendre, nos actions se limitant à l’esquive et aux conseils. Avec les poids qui parsèment son corps, cela devrait être un bon exercice.
- Suzaku : Tu es vraiment beaucoup trop gentil, tigre blanc, mais soit, faisons comme tu as dit. Cependant, je me réserve le droit de le frapper s’il ose se répéter ou ne pas apprendre de ses erreurs. Nous n’avons pas que ça à faire, notre foyer l’Hypogée à besoin d’être mise en ordre.
- Seiriu : Tu as entendu petit Qilin, tu as encore une chance de prouver ta détermination ! Montre-nous la force de ta volonté !
Et c’est ainsi, que débuta une autre séance d’humiliation. Bien que le savant innovait, apprenait de ses erreurs. Sa rapidité, sa précision, sa lucidité n’étaient pas à la hauteur. Ses mouvements trop saccadés, trop abruptes et trop dictés par la raison, n’atteignaient jamais leurs cibles. A chaque échec son ego était davantage détruit, mais c’était un mal pour un bien. Il devait trouver son rythme, son style. Sa danse était encore trop chaotique, trop raisonnée, trop scolaire. Ce qui devait arriver, arriva. Le plus virulent du quatuor prit d’un coup sec la tête de l’apprenti et l’écrasa au sol.
- Suzaku : Ecoute minable, tu nous fais le coup à chaque fois. Donc soit tu te presses de grandir, soit on t’abandonne aux lois de l’Hypogée.
L’arcade et la bouche en sang, le corps tremblant face à ce traitement douloureux, mais nécessaire, le manieur d’encre se releva de nouveau, tout son corps semblait être encore sous l’effet de la secousse. Cependant, ne voulant pas abandonner, il se ressaisit, ferma les yeux, essayant de se connecter aux vents et aux restes du Patriarche qui l’habitaient. Là, une nouvelle résolution pouvait se sentir, son aura reprit de l’ampleur, son corps se calibrait sur une danse inconnue. Son style aérien commença à naître, porté par les courants venteux, il laissa son corps se mouvoir en toute liberté, avec grâce et fluidité. C’était la première fois qu’il faisait amplement confiance en ses sensations, Ren était devenu un nouveau combattant durant cette intense minute. Même les plus aguerris de ses amis troglodytes avaient du mal à prévoir ses attaques, à les éviter, si bien qu’après plus essais infructueux le fauve attrapa la jambe du néophyte.
- Byakko : Il suffit. Tu as assez progressé pour aujourd’hui.
- Suzaku : Tu rigoles, il n’est même pas encore capable de faire reculer l’un d’entre nous, on est tous rester solide sur nos appuis sans rien craindre.
- Seiriu : Peut-être mais si tu avais été plus vigilant, tu verrais qu’inconsciemment il nous a tous porté un coup avec succès, regarde ton buste, ou la joue de Genbu, son contrôle du vent est redoutable, il n’en a juste pas encore conscience.
- Suzaku : Très bien, s’il veut jouer avec son chakra soit. Je t’attends ancien Kodama. Frappe-moi, avec toutes tes forces en réserves. Si tu arrives à me faire bouger, je t’aiderai à développer ton attaque et pas seulement ta défense. Sinon, je ferai de ton entraînement un enfer.
L’homme tatouait chancelait, il avait fait tant d’effort, mais il ne pouvait pas refuser pareille opportunité. C’est ainsi qu’il fit mouvoir ses tatouages, lentement, ils rejoignirent ses paumes. Puis, il les renforça de nouveau pour ensuite les entourer d’une bourrasque. Il atteignait ses limites, tout comme lorsqu’il avait essayé de sauver le monolithe, en vain, il se retrouvait aux portes de l’inconscience. Cet unique coup était décisif, il y intégra tout son honneur, ses ambitions et ses rêves. Les pieds ancrés dans le sol, les hanches désaxées pour permettre de donner plus d’entrain à son attaque, il prit une grande respiration et frappa de toutes ses capacités son mentor, tout le chakra se libéra d’un coup, créant un impact perceptible à des mètres à la ronde. Avant de rejoindre les bras de Morphée, il put voir que les chaussures de l’homme à la chevelure bleue avait subit un recul de quelques centimètres. Victoire.
[…]
Apparemment, son corps avait été laissé, dans la poussière et la crasse propre à ses tunnels. Quand ses yeux, seul parti de son corps encore capable de bouger, prirent la peine d’observer le groupe. Ils répétèrent tous une chorégraphie étrange, ils avaient l’air si fier de leur trouvaille, même si à y regardait de plus près, il manquait un protagoniste, le « Qilin » comme ils appelaient l’être masqué. Ainsi, lui aussi allait devoir participer à cette mascarade ?